Tout dernièrement, nous avons eu l'occasion d'assister, à Sousse, à un concert musical de bonne facture concocté par l'actuel patron de la Rachidia, Mourad Sakli et intitulé "Alwan tounisyia"( "Couleurs de Tunisie"). Le cadre était le théâtre municipal, les intempéries n'ayant pas permis que cela ait lieu au musée archéologique. Bien que la majeure partie du spectacle soit instrumentale, l'impression laissée auprès du public présent était très positive. Mourad Sakli, au luth, était accompagné de son compagnon de route Lassaad Zouari au violon, Samir Becha à la contrebasse, Sofiène Ben Khelifa à l'alto et Mohamed Abdelkader Ben Hadj Kacem aux diverses percussions. Les trois premiers font équipe avec Mourad Sakli depuis 1999 à Carthage avec "Hkaya touila"(une longue histoire), le quatrième les a rejoints en 2003 dans "Ghmouk el ward"(" La roseraie crépusculaire). La talentueuse musicienne Rim El Fehri participa avec des interprétations vocales. D'ailleurs, nous gardons un bon souvenir du passage de Rim au festival international de Sousse version 2008 lors du concert-hommage à Saliha "Oum el h'san ghannet" du maestro Kamel El Ferjani, en compagnie de Dorra Fourti, Rihab Seghaier, Chahrazad Helal et Sarra Nouioui.
Le récital "Couleurs de Tunisie", qui dura quatre vingt minutes et comporta des airs urbains et autres bédouins, fut entamé avec le morceau" L'adieu du printemps" sur le maqam "mhayar sika" comme substratum principal. Nous eûmes par la suite droit à deux interprétations instrumentales intitulées "Contes du sahara" ("saadaoui"et "rasd abidi"puis "nwa") et "El Kairaouène"("asbain" et "raml"). Entre ces différentes partitions, Rim El Fahri intervint avec des "Andalousiat" et de beaux morceaux de Malouf. M.Sakli et consorts enchainèrent avec une succulente composition sur le mode "salhi" ("Passage de jahfa"). Retour ensuite au "mhayar sika", associé à du "nwa", avec deux pièces enchainées portant le titre "Ayam el farha". R. El Fahri clôtura sa participation à ce concert en nous gratifiant d' un air keffois nous rappelant "El mansiat" de Lassaad Ben Abdallah. Nous ne pouvons ne pas évoquer les solos de luth (Mourad Sakli) et de violon (Lassaad Zouari) ainsi que le très beau dialogue entre ces deux musiciens qui en dit long sur leur talent et la profondeur de leurs connaissances musicales.
En somme, nous avons eu droit, au cours de cette soirée musicale soussienne, à un beau voyage à travers quelques airs d'une musique tunisienne de qualité qui ne cesse de nous surprendre de par sa richesse et sa spécificité. Enfin, il y a lieu de déplorer la faible présence des étudiants de l'institut supérieur de musique de Sousse qui auraient pu tirer un grand profit en assistant à de tels événements culturels. Les absents avaient réellement tort.