Mercredi 24 octobre dernier, un génie du violon Pavel Sporcl a offert un concert exceptionnel, en tout point, sur la scène de la 19ème édition de l'Octobre musical. L'Acropolium de Carthage en collaboration avec l'Ambassade de la République Tchèque à Tunis ont invité le « violoniste du XXIème siècle » pour une soirée mémorable sous le signe de la perfection. Une perfection qui a happé toutes les attentions grâce à un doigté et une once de sensibilité dont l'issue était un concert des plus exquis sur la colline de Carthage...
Devant une salle comble, le violoniste a fait son entrée, décontracté dans sa tenue et tenant son violon bleu dont la peinture, par endroit, avait disparu, Pavel Sporcl a suscité d'emblée la curiosité. Il était un personnage quelque peu étrange pour un parterre habitué à la sobriété et au « style classique ». Son préambule était une pièce de Niccolo Paganini. Une pièce courte qui a, de prime abord, fait entrer les spectateurs dans la sphère de l'excellence. La bienvenue de Pavel Sporcl à l'égard de son public était des notes frénétiques et un jeu qui a donné le ton de la soirée, celui de la virtuosité et du génie. Nuls autres qualificatifs ne peuvent rendre justice au violoniste car sous ses doigts, ont défilé des compositions de Johann Sébastian Bach, Eugène Ysaye, Niccolo Paganini et Nathan Milstein exécutées avec une justesse et une sensibilité qui ont ému par leur magnificence.
Pavel Sporcl était exceptionnel dans son interprétation. De son violon, il a extirpé des notes à fleur de peau, des variations à la mélodie entraînante chargées d'une once de volupté. Les doigts se crispant sur les cordes et l'archet les frôlant ont fait virevolter dans l'air des rythmes vertigineux. Le jeu tantôt lent et doux, tantôt rapide et puissant a empli l'espace et pénétré la pénombre. Tout le monde n'avait d'yeux que pour l'artiste et son acolyte : le violon. L'envoûtement du violoniste avait imposé le silence dans la salle et seul le violon était le maître.
Dans son palmarès, le violoniste a joué avec les orchestres les plus prestigieux et s'est produit aux quatre coins du monde. Plusieurs enregistrements sont à son actif et l'élargissement de son approche musicale va au-delà du classique se tournant vers la musique tzigane. Pavel Sporcl est un artiste accompli dont le troisième passage sur la scène tunisienne était un moment privilégié de retrouvailles intenses sous le signe de la splendeur et de l'esthétisme parfait.
Entre chaque composition, Pavel Sporcl expliquait à l'assistance son choix du morceau qu'il allait jouer. Des explications faites avec un brin d'humour mettant en confiance et faisant entrer dans la confidence les convives. La musique n'avait plus de secret pour les spectateurs. Leur plaisir s'est traduit en applaudissements vifs à la fin du concert.
C'est sous le signe de la perfection que le rideau est tombé sur la 19ème édition de l'Octobre musical. Une édition qui a vu se produire des artistes de tout bord avec des hommages rendus à des compositeurs de génie. La soirée de mercredi dernier s'est faite en compagnie du « talent qui nait peut-être une fois tous les cent ans... » comme avait été qualifié Pavel Sporcl par les critiques mais le concert de cet artiste au talent incontestable est une promesse que d'autres artistes fouleront à leur tour la scène de l'Acropolium de Carthage en l'octobre de l'an prochain pour fêter la vingtième année d'un festival incontournable dans la sphère culturelle dont la magnificence de la grande musique est le credo...