Une nouvelle fusion ne serait pas profitable, ni sur le plan démocratique, ni sur le plan politique. La diversité politique qui règne aujourd'hui est propice à garantir cette démocratie naissante. Créer de nouvelles fusions ce serait l'étouffer.
Les fusions ne risquent-elles pas d'étouffer le processus démocratique ?
La Tunisie qui a déjà traversé tous les affres d'une “Révolution" et continue de combattre tous les obstacles qui jalonne son accès difficile à la démocratie, ne doit pas connaître un nouveau changement politique majeur.
Autrement dit, l'idée d'une alliance entre Al Joumhouri et El Massar voire Nidaa Tounes n'est pas bénéfique pour cette Tunisie en transition. Le mot fusion est bien à prendre en considération ici, car s'il est vrai qu'une fusion serait regrettable, une alliance quant à elle est dûment souhaitée.
L'élection dans une démocratie suppose une concurrence entre diverses candidatures, programmes, visions. L'existence de plusieurs partis est un préalable afin d'avoir un régime démocratique. Cette condition est nécessaire car sans l'existence de plusieurs partis politiques, il n'y a pas de place pour les échanges constructifs d'idées et le contrôle effectif de la gestion de l'Etat par la population. Ainsi l'existence en tant que tel de ces trois partis est necessaire, voire vitale dans une Tunisie démocratiquement naissante.
Dans le même ordre d'idées, si la Tunisie est un pays ouvert au changement, elle n'en reste pas moins frileuse surtout en cette période de transition si difficile. Ce changement majeur du paysage politique tunisien, s'il venait à être réalisé, incarnerait un changement de trop. Car il ferait perdre à la Tunisie le socle politique auquel elle commence tout juste à se familiariser.
La priorité aux valeurs
Toute victoire a un prix et celui de l'éclatement est trop fort. Cette potentielle victoire des partis démocrates progressistes ne doit pas se faire au prix de leurs valeurs.
Même si ces trois partis, à savoir Nida Tounes, Al Joumhouri et Al Massar partagent des points communs, leurs différences sont inconciliables. Lors de la re-lecture de leurs différents programmes de 2011, la conclusion est sans appel, une fusion endommagerait leurs visions, leurs valeurs et la confiance de leurs militants.
En effet, s'il a été possible pour le PDP de faire coïncider son programme avec celui d'Afek Tounes et du parti Républicain c'est parce que ces partis avaient des différences, somme toute, surmontables. Le propos n'est pas si évident lorsque l'on étudie Al Massar ou Nida Tounes dont les réputations, l'histoire et les programmes divergent spectaculairement.
En poussant le raisonnement à l'extrême, on se rend compte de la logique suivante : ces partis “idéologiquement" si différents, s'ils sont amenés à fusionner créeront des courants si forts, qu'ils ne pourront survivre et verront ce que j'appelle : un éclatement interne des courants en présence.
Une alliance inéluctable
Compte tenu de la situation actuelle du pays, les violences politiques, la perte de confiance du peuple et de crédibilité des politiques, ainsi que le gouffre économique face auquel on se tient, la Tunisie n'est pas en mesure de pouvoir assouvir les caprices des partis politiques dits démocrates.
Ils vont devoir s'allier afin de former une Force politique majeure qui serait capable de “challenger" le trio de choc : Ettakatol/ Ennahda / CPR. Une bataille tripartite qui s'annonce, et qui certes divisera le pays mais donnera à chacun les moyens de réussir. Ce sera un enjeu équitable ou chacun partira avec les mêmes cartes. Ceci étant dit, le pouvoir fédérateur de Ettakatol et du CPR sont pour le moins que l'on puisse dire amoindri, ce qui devra être compensé par Ennahda.
Un mal nécessaire
Certains verront d'un mauvais œil toute alliance entre les “forces démocrates" en place, se sentant trahis.
Une fusion ne ferait qu'accentuer leurs ressentiments, alors qu'une simple alliance sera la “clef" d'une potentielle victoire, face auxquelles les militants et les sympathisants se réjouiront.
La capacité de ces trois partis à fédérer n'est plus une question hypothétique mais une réalité qu'il s'agira d'exploiter le jour des élections. La Tunisie ne pourra pas se permettre de nouveau, un éparpillement des voix, qui conduirait à la réelection certaine du pouvoir acutellement en place. En 2011, près d'1 million 300 000 voix ont été tout bonnement gaspillées.