Quel sort pour les 2000 réfugiés après la fermeture du camp de Choucha ? Nul ne le sait encore à cause de l'attitude du Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR) et des autorités tunisiennes. L'un envisage de fermer cet espace de vie aménagé au niveau de la frontière libyenne au début de 2011, l'autre ne bouge pas d'un cran pour régulariser la situation de ces réfugiés qui se trouveront sans statut légal une fois le camp fermé. Face à cette situation délicate, le Forum Tunisien pour les Droits Economiques et Sociaux, (FTDES), le Réseau Euro-méditerranéen des Droits de l'Homme et la Fédération Internationale des Droits de l'Homme ont organisé hier, une conférence de presse pour attirer l'attention sur ce qui se passe dans le camp et surtout sur l'avenir des réfugiés menacés par l'expulsion.
Livrés à eux-mêmes depuis longtemps, les 2000 « oubliés » du camp de Choucha risquent de se trouver en dehors des frontières tunisiennes à n'importe quel moment suite à la fermeture de cet espace prévue prochainement. En fait, le HCR serait en cours de mettre fin aux services offerts aux quelques réfugiés qui sont coincés encore dans notre pays. D'ailleurs, « pour l'ensemble de ces personnes, l'avenir est incertain...car ils se retrouveront livrés à eux-mêmes et sans statut juridique en Tunisie », déclarent les défenseurs des réfugiés présents à la conférence de presse. Le sort de cette communauté reste flou voire incertain car, « rien de précis n'a été annoncé par le HCR », déclarent les représentants des organisations.
Absence de services
Pis encore, les réfugiés non statutaires sont menacés de ne plus pouvoir bénéficier des services vitaux du camp, alors que d'autres sont victimes d'abus et de pratiques racistes. Salaires non versés, plaintes non reçues au postes de police, agressions...il s'agit en effet, de quelques exemples des problèmes quotidiens auxquels ils sont confrontés. Le lot de difficultés ne se limite pas à ce niveau. D'autres problèmes d'ordre règlementaire se posent pour ces personnes. « Les réfugiés statutaires attendent pour certains la réinstallation, d'autres malgré leur reconnaissance, ne seront pas réinstallés car, ils ont été enregistrés après la fin du programme », d'après les conférenciers.
Il est clair que la situation est très délicate pour les quelque 2000 réfugiés vivant à Choucha. En contrepartie, aucune solution positive n'est prévue que ce soit de la part du HCR ou du Gouvernement provisoire. A cet effet, le FTDES, le FIDH et le Réseau Euro-méditerranéen des Droits de l'Homme appellent le HCR, le gouvernement provisoire et les gouvernements européens à assumer leurs responsabilités. Ils présentent dès lors, un ensemble de revendications du HCR, à savoir : le réexamen de toutes les demandes de protection des refugiés rejetées, l'accès à la réinstallation pour toutes les personnes qui en font la demande et le maintien de tous les services du camp tant que des personnes y demeurent. Les organisations passent également, un message au gouvernement provisoire afin qu'il promulgue un statut juridique en Tunisie garantissant la protection des réfugiés à Choucha. « Toutes les mesures nécessaires pour la réinstallation des réfugiés et leur accueil en Europe doivent être prises d'autant plus qu'un bon nombre de ces pays sont impliqués dans le conflit libyen. Ils doivent donc prendre en charge ces quelques centaines de réfugiés qui ne coûtent rien à ces autorités européennes », appelle Nicanor Haon, chargé du programme migration au FTDES.