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«Ennahdha achemine les Jihadistes européens et américains vers la Tunisie dont elle fait une passoire en direction du nord du Mali»
Eclairages Mohamed Kilani, secrétaire général du Parti Socialiste
Publié dans Le Temps le 13 - 11 - 2012

L'ex compagnon de route de Hamma Hammami prend une nouvelle orientation, depuis quelques années. Toutefois, sa séparation de ce dernier n'est pas synonyme de divorce avec le socialisme, elle marque, tout simplement, une relecture du marxisme-léninisme. Il rompt avec cette deuxième composante tout en restant fidèle au fondateur et père spirituel du communisme.
Ce changement de position le pousse à se positionner d'une manière différente que les autres adeptes de cette idéologie, sa nouvelle lecture du Marxisme le rend plus souple dans ses prise de positions et ses jugements. C'est pourquoi on le trouve agir sur le même terrain que les libéraux avec lesquels il collabore étroitement sur le plan politique et ses appels réitérés pour la constitution d'un large front démocratique en est la parfaite illustration. Parallèlement à ce rapprochement de la droite, il manifeste une grande hostilité envers les Islamistes qu'il considère comme la créature des forces impérialistes et les ennemis de la Révolution. C'est l'originalité de ses positions que ce soit à l'endroit de la gauche marxiste ou bien à l'égard de la droite libérale et religieuse que nous invitons, pour vous, le secrétaire général du Parti Socialiste.
Conscientiser le citoyen pour qu'il ne réédite pas la copie noire des dernières élections
-Le Temps : Où en êtes-vous avec la campagne « Que devons-nous faire ? » ?
-Mr Kilani : Nous sommes encore au début, nous comptons la généraliser au niveau des régions et la découper en plusieurs, chacune avec un projet et un contenu bien déterminés; nous garderons la même cadence jusqu'à la fin du mois de janvier 2013. Notre action vise l'ancrage de choses qui font défaut, dans notre pays, parmi lesquelles, principalement, la place qu'occupe le citoyen dans le contexte général, sa participation aux affaires le concernant à titre privé comme aux questions publiques. Le constat est navrant et indéniable : il est marginalisé. On sera là, à ses côtés pour essayer de lui dessiller les yeux, lui imputer la responsabilisé des conditions qu'il vit et l'inciter à œuvrer à les changer. Hier, il a choisi « Ennahdha », aujourd'hui, il le regrette et se lamente de l'aboutissement de la situation, c'est-à-dire des conséquences désastreuses de ce choix, qu'il l'assume et se comporte comme responsable en essayant de corriger les choses, de rectifier le tir ! Notre message pour lui est le suivant : c'est toi qui lui a donné ta voix, donc il faut que tu penses à demain ; je ne te demande pas de te mettre de mon côté, mais tout simplement de méditer à propos du choix politique. Tu te trouves dans une situation matérielle misérable en raison de la situation économique et sociale alarmante, pourquoi, alors, attends-tu une charité provenant de l'Etat ou du ciel ? N'existe-t-il pas de possibilités pour changer tes conditions en mettant la main dans la main ton voisin et toi ? Notre action est, au fond, politique, mais aussi pédagogique visant la sensibilisation des gens pour qu'ils sortent de leur léthargie et deviennent actifs. C'est de cette façon-là qu'on pourrait instaurer et garantir un avenir politique pour la Tunisie. C'est notre nouvelle méthode de travail et nous misons sur cette campagne pour réaliser ce premier pas en direction du citoyen dont on voudrait faire le premier protagoniste de la scène politique. A défaut de cela, il resterait un simple jouet ente les mains des politiques qui disposeraient de lui comme bon leur semble.
Les partis politiques sont appelés à modifier leur méthode de travail avec le citoyen
-Vous reprochez au citoyen tunisien son manque de conscience, qu'ont-ils fait les partis politiques pour y remédier?
Je réponds par la négative, les élites politiques et même celles de la société civile ne s'adressent au citoyen que lorsqu'elles le jugent opportun pour la publicité en vue de faire briller leurs images et gagner sa sympathie, elles ne se sont jamais comportées avec lui comme étant quelqu'un de responsable. Dans notre parti, nous avons procédé non seulement à des révisions de l'évaluation de l'expérience socialiste d'une façon générale, mais également de notre expérience politique personnelle, le constat à ce propos est décevant : le citoyen occupe une place insignifiante dans notre pensée et méthode politiques, alors qu'il se trouve au centre des événements, il est le garant et la locomotive de tout changement, en d'autres termes, son absence dans ces conjonctures capitales modifie, à coup sûr, tout projet et lui donne une orientation contraire à ses intérêts.
Nos appels réitérés pour la constitution d'un front démocratique élargi n'ont pas eu d'écho
-Un travail pareil de grande envergure n'impose-t-il pas l'intervention de plus d'un parti ?
Nous avons contacté toutes les partis démocratiques et progressistes, bien entendu, sans exception aucune en vue de constituer un front élargi et ce depuis décembre 2011. Notre appel à l'unité s'expliquait par le fait que la montée de « Ennahdha » au pouvoir ne serait pas un événement passager, mais aurait des répercussions aussi bien sur l'autorité politique et l'Etat que sur la vie politique et sociale, et il nous engagerait dans une étape d'anarchie et d'instabilité contre laquelle on devrait faire face, s'y préparer et en supporter toute la responsabilité. Malheureusement, la réponse de la plupart des partis politiques était négative, en ce sens qu'ils nous ont fait savoir qu'ils réfléchissaient encore à propos de la question, cette déception n'a pas diminué notre ardeur et nous avons poursuivi nos discussions périodiques que nous offraient les circonstances pour essayer de les persuader du danger réel et montant qui nous guettait tous. Ils ont fini par réagir mais à leur manière en se regroupant dans des fronts comme c'est le cas du « Front Populaire » ou en constituant des rencontres comme on a vu avec « Al Massar », « Al Jomhouri » et « Nida Tounes » ; donc, ils ont tous refusé la construction d'un pôle regroupant toutes ces forces. Nous avons continué notre travail de sensibilisation et réussi à franchir des paliers avec ces derniers et le « Parti du Travail Patriotique Démocratique », seulement ce terrain gagné au niveau des discussions n'a pas pris forme sur le terrain, elle tarde à voir le jour cette coalition de centristes, de libéraux et de forces de gauche.
Nous appelons à une coalition politique pour sauver la république et l'Etat civil
-Ne pourrait-on pas imputer l'échec de vos tentatives, surtout avec les forces de la gauche, au manque d'insistance de votre part et d'arguments convaincants?
Personnellement, je me suis adressé, à maintes reprises et surtout lors du dernier congrès du parti, au « Front Populaire » et en particulier au « Parti des Travailleurs » et au « Parti Unifié des Patriotes Démocrates » et les ai appelés à assumer, pleinement, leur responsabilité dans ce qui se passe et invités à se diriger en direction du front uni, je leur ai expliqué que rester là où ils étaient et se présenter comme une alternative au niveau du pouvoir comprenait une mystification et divisait le mouvement démocratique, ce qui profite très largement et sans aucun doute à « Ennahdha ». J'ai essayé de les persuader que la seule voie du salut c'était l'union avec « Al Massar », « Al Jomhouri » et « Nida Tounes », car la contradiction avec eux en ce moment ne concerne pas le modèle du développement, il s'agit de sauver la République, l'Etat civil, les libertés, les acquis de la femme et de la Tunisie, c'est le minimum qui doit nous unir en tant que forces démocratiques. Plus tard, quand an aura résolu cette difficulté ensemble, là, chacun défendra comme il voudra les contenus économiques et sociaux de son choix et essayera d'en convaincre le peuple de la manière qu'il jugera être la bonne. Donc, tout retard de cette coalition est néfaste pour le projet sociétal de la Tunisie et de la République en dépit de ses imperfections.
L'Islam politique est l'armée de réserve des Américains et le meilleur garant pour leurs intérêts
-Le jour de la réélection de Obama, l'ambassadeur américain en Tunisie a réitéré leur soutien à notre Révolution et à ce qu'on appelle le « Printemps Arabe », d'une façon générale. Est-ce que vous croyez à ce qu'ils disent ?
-Toutes les révolutions qu'ils ont soutenues nous ont donné les mouvements salafistes. En vérité, leur projet s'insère dans ce qu'ils appellent la réforme du Moyen Orient et l'Afrique du Nord paru en 2000. Ce projet consiste dans la manière d'insérer l'Islam politique modéré dans la vie et l'autorité politique, car son rôle c'est de récupérer les extrémistes musulmans, ils veulent les faire sortir de l'Occident et les renvoyer chez eux, dans leurs pays d'origine. Ce mouvement migratoire inversé qu'ils envisagent de créer s'explique par le fait que les Américains préparent une stratégie d'un nouveau partage du monde se rapportant aux deux zones que je viens de citer, car elles contiennent des réserves assez importantes en pétrole et en gaz, et l'énergie est l'élément essentiel pour maîtriser les économies mondiales pour les cinquante années à venir, ce sera le cas tant qu'on n'a pas trouvé d'énergies alternatives qui soient populaires, c'est-à-dire faciles à s'approprier et à commercialiser. Les Etats Unis ne pourraient pas gouverner le monde sans la maîtrise de ces sources d'énergies classiques, et les garants d'un tel projet sont, bien sûr, les régimes théocratiques qu'ils ont expérimentés dans les pays du Golfe où ces Etats minuscules et émirats gouvernent au nom de la religion et de la «Chariâ ». Rached Ghannouchi a toujours essayé de persuader les Américains que la montée de l'extrémisme islamique était due à l'exclusion du pouvoir politique, dans les mondes arabe et musulman, de l'Islam modéré, un concept qu'il a forgé et inculqué dans les esprits de se partenaires. Depuis, le « Mouvement d'Ennahdha » est devenu une pièce maîtresse dans les desseins des patrons de la Maison Blanche, il est une armée de réserve pour en tant que force politique préservant et défendant, inconditionnellement, leurs intérêts.
La Tunisie est l'un des principaux pays d'accueil du mouvement migratoire inverse
-Vous avez dit que l'islam modéré est chargé de récupérer les Islamistes extrémistes, est-ce qu'il a réussi à accomplir cette mission en Tunisie ?
-Oui, « Ennahdha » maîtrise bien les « Salafistes » dont elle tire les ficelles et qu'elle fait mouvoir dans le sens qu'elle veut et quand elle veut. Ils représentent, à côté des « ligues de défense de la Révolution », une vraie armée qu'elle emploie pour déstabiliser le pouvoir. En plus de cela, « Ennahdha » a acheminé, vers notre pays, les « Jihadistes » qui s'entraînent dans deux camps, l'un est situé à Tabarka, l'autre au sud, ce qui veut dire que la Tunisie sera un vrai passoir pour le Jihad islamique en direction du nord du Mali. On pourrait dire, donc, que le projet de la migration inverse a réussi, puisque on n'entend plus parler d'attentats terroristes en Europe ou en Amérique. Ce qui se passe en Libye est très édifiant à ce propos, les Américains ont laissé les groupes intégristes s'entretuer et se sont occupés à sécuriser les champs de pétrole. Ils ne bronchent et n'interviennent que lorsqu'ils sont touchés comme c'était le cas lorsqu'on a tué leur ambassadeur à Benghazi ou lors de l'attaque contre leur ambassade en Tunisie.
La Révolution bolchévique a réprimé les libertés et n'a pas réussi à constituer une alternative pour l'humanité
-Le 7 novembre, c'est la date de la Révolution bolchévique de 1917. Qu'est-ce qu'il représente pour vous ce grand événement ?
-C'était une réaction contre la guerre et l'humiliation essuyée qui s'en est suivie et aussi l'aboutissement de la révolte des paysans et la conséquence logique de l'épuisement du pouvoir tsariste, elle incarnait l'aspiration du peuple russe à la liberté. Mais, je pense que la Révolution bolchévique n'a pas réussi à édifier un monde nouveau et un homme nouveau et ouvrir des horizons à l'humanité sur la voie de la libération et lui offrir une vraie alternative. C'était la première expérience en son genre pour la conquête du pouvoir au nom du peuple dans un pays où la science faisait défaut et où plus de 98/00 étaient des paysans, c'es-à-dire qu'il y avait, seulement, deux millions d'ouvriers et si on leur ajoutait les ouvriers paysans travaillant dans les coopératives, leur nombre serait quatre millions au grand maximum. Donc, ces données ne permettaient pas de réaliser ce qu'on appelait la dictature du prolétariat, c'était de la pure utopie, et tous les slogans révolutionnaires tels que l'abolition de l'Etat ont commencé à s'écrouler comme les feuilles d'automne dès que les Bolchéviques ont pris le pouvoir. Pour reconstruire l'Etat, ils ont du recourir à l'ancienne administration, l'ancienne armée, toutes les forces qui ont fait souffrir le peuple russe. La révolution bolchévique a commis des atrocités en matière de droits de l'homme, puisqu'elle a réprimé les libertés personnelles et collectives, plusieurs intellectuels étaient exposés aux arrestations, à la torture et aux exterminations, elle a organisé des procès aux idées.
La réalisation du socialisme est tributaire de l'action de l'homme
-Cet échec est à mettre sur le compte du Léninisme ou bien du Marxisme ?
-De toute évidence, il est celui du Léninisme, car le Marxisme est une philosophie, une conception du monde, Marx n'a pas construit un modèle, alors que Lénine a essayé de typifier le Marxisme. L'Etat qu'il a édifié a donné espoir aux peuples opprimés et permis l'émergence de mouvements révolutionnaires dans les quatre coins du monde et plusieurs pays ont connu des tentatives de prise du pouvoir par les marxistes-léninistes comme l'Allemagne en 1919, mais ces mouvements étaient voués à l'échec, parce que les gens n'étaient pas très enthousiasmés. Cet engouement général a aidé les Soviétiques à durer et conquérir l'action communiste dans le monde.
-Le Marxisme peut-il être typifié ?
-Donner forme au Marxisme, dans la réalité, reste tributaire de l'action humaine. Après qu'ils aient élaboré le socialisme scientifique, Marx et Engels ont répondu à une question se rapportant à la forme de l'Etat socialiste et le communisme qu'ils n'étaient pas voyants pour prédire l'avenir qui serait élaboré par les hommes par leur invention de choses qu'eux ignoraient à leur époque. Donc, ce sont ces derniers, dans le cadre de la transformation de leur vécu, qui pourraient décider de typifier le Marxisme ou de refuser de le faire, ils sont les seuls capables de présenter des modèles de socialisme et de construire l'Etat démocratique social. La concrétisation du Marxisme est le fait de l'action de l'homme et non pas des discours politiques.
Le socialisme vient corriger le déséquilibre entre la propriété et la production
-Le projet de votre parti est-il de construire une société socialiste en Tunisie ?
-Il est tout à fait normal que nous militions pour un idéal, notre modèle est conçu à partir de notre connaissance et lecture de la réalité. Le socialisme auquel nous croyons n'est pas celui de l'Union Soviétique, mais celui que nous ont enseigné ses concepteurs ; il consiste à unifier le travail collectif des forces produisant les richesses, c'est-à-dire les paysans, les ouvriers et les intellectuels. En face de ces forces productives, il y a une minorité qui s'approprie, par le biais de l'appareil de l'Etat, des banques et ses moyens propres, la grande part des richesses produites. Donc, nous réclamons la régulation de cette appropriation, il est vrai que le capital participe à la production de cette richesse, mais cela ne lui donne pas le droit de tout prendre et de ne laisser que des miettes à la majorité écrasante du peuple et garder les masses laborieuses à sa merci. Le socialisme scientifique vient réguler cette relation inégale entre la production et la propriété de sorte que celle-ci devienne publique, et là, j'entends la propriété des grands moyens de production et non pas les biens personnels tels que la voiture, la maison, la vache et la charrue, par exemple. L'édification du socialisme ne serait possible que lorsque le peuple serait disposé à l'accepter, mais s'il ne l'acceptait pas, elle ne pourrait se bâtir ni par la violence, ni avec des moyens pacifiques. Le recours au premier moyen donnerait un résultat similaire à celui du Stalinisme, c'est-à-dire un échec sur toute la ligne quelque soit sa durée de vie, l'application de la seconde méthode dépend de la conviction des citoyens de la nécessité de passer à une phase supérieure qui est tributaire du progrès réalisé par la société au niveau de l'évolution des moyens de production, de la prise de conscience et de la compréhension que la production commune et le travail collectif sont meilleurs que le travail individuel et nous permettent de se procurer des méthodes de production plus évoluées et d'améliorer nettement notre existence à tous les niveaux. Le pari devrait, donc, porter sur la disposition de la société à accepter ou à refuser ce modèle. Ce n'est pas un pari politique, mais un pari sur la disposition des gens sur le plan psychologique, c'est-à-dire leur niveau de conscience et aussi leur état spirituel, et matériel, en ce sens que les conditions, à ce niveau, devraient avoir atteint un stade avancé, les moyens offerts devraient être les meilleurs qui soient réalisés par le capitalisme, c'est sur quoi il faudrait se baser pour rendre possible l'édification du socialisme qui ne pourrait jamais être bâtie sur l'indigence et la régression.
La tâche du capitalisme national et des ouvriers est de défendre l'intérêt général du pays
-Quelle est votre position vis-à-vis du rôle du capitalisme national dans la construction de l'économie dans la conjoncture actuelle?
- le capitalisme nationale est celui qui assume une responsabilité sociale à côté de l'Etat, c'est-à-dire une responsabilité envers les démunis, les chômeurs et les difficultés de tout ordre que vit le pays, il ne s'agit pas du capitalisme qui existait au temps de la libération nationale qui avait la vocation de lutter la colonisation. Il est appelé à jouer pleinement son rôle, à supporter le fardeau à toutes les étapes de la reconstruction et sur tous les plans, économique, social, politique. Il ne serait pas possible de construire une économie nationale solide et la protéger contre d'éventuelles effondrements sans lui ; et, en ce qui nous concerne, de réaliser le socialisme, sans l'apport des capitalistes nationalistes sans lesquels notre projet ne serait pas réalisable, leur contribution, à ce niveau, est déterminante. Le capitalisme nationale restera, toujours, à l'œil du cyclone, on comte, énormément, sur lui dans les choix, l'épargne, etc. En fait, c'est son intérêt personnel qui lui assigne ce rôle et celui du pays nécessite et lui impose cela. Notre rôle est de convaincre les capitalistes et les ouvriers que, dans cette conjoncture très délicate, nos intérêts sont communs, et comme on demande aux premiers d'assumer leur responsabilité sociale, on appelle ces derniers à faire de même, ils ont le droit de réclamer leurs droits, mais qu'ils le fassent dans les normes ! Que leurs demandes soient raisonnables et qu'ils ne perdent pas de vue l'intérêt général du pays !

Entretien conduit par Faouzi KSIBI


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