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Le ministère accusé de ne point broncher face à la violence et aux stupéfiants qui rongent les établissements scolaires
Grève des enseignants du secondaire
Publié dans Le Temps le 16 - 11 - 2012

Avant-hier à 10h, au siège de l'UGTT, le syndicat général de l'enseignement secondaire tient une conférence de presse, une semaine avant la grève décrétée, le 2 novembre, par la commission administrative sectorielle pour le 22 du mois en cours qui intervient après deux ans de négociations et avec les rétractions des autorités de tutelle de l'éducation et de la jeunesse et des sports.
L'objet de cette conférence, précise Lassâad Yaâcoubi, le secrétaire général, est d'éclairer l'opinion publique sur les raisons de cette grève et répondre à quelques faussetés émanant surtout du ministère de l'éducation. La conférence commence par la projection d'une séquence de vidéo représentant le ministre, Abdellatif Abid, affichant une attitude inconvenante à l'adresse du syndicat des professeurs sur les ondes de Radio Mozaïque. Visiblement, il ignorait qu'on le filmait. Yaâcoubi a commenté la scène en disant : « voilà à qui on a affaire ». Il est à rappeler que le ministre a, déjà, traité les syndicalistes de non-patriotes.

Rétractations systématiques du ministre
La première fausseté évoquée par lui concerne le règlement professionnel où il est question de l'intégration de leurs collègues ayant conclu des contrats de remplacement d'une année conformément à la loi de 2008. Le ministre prétend ne pas en être au courant, ce qui est, catégoriquement, démenti par Yaâcoubi moyennant une correspondance envoyée à ce dernier, en date du 3 septembre, l'appelant à appliquer ladite mesure et accompagnée d'une proposition sur les modalités d'application consistant à privilégier ceux parmi les candidats ayant conclu des contrats de deux années ou plus et qui à ce titre sont assimilables aux MACA dont on a intégré 5000, en 2005, tout en projetant de discuter des modalités concernant les autres contractuels. La deuxième tromperie, selon Yaâcoubi, c'est la négation de la part des deux ministres d'avoir reçu le règlement professionnel, pourtant, déposé, comme il est de coutume, au bureau d'ordre, et ce le 6 novembre 2012. Le ministre de l'éducation réceptionne ce document le 9 et déclare, vendredi dernier, à l'opinion publique qu'il n'a reçu ni le règlement, ni les demandes. La troisième fausseté commise par ce dernier se rapporte aux promotions professionnelles. Tout en reconnaissant que cela est un droit, le ministre ne veut pas reconnaître qu'il s'agit là d'un accord bilatéral signé le 18 avril 2012 qui n'a pas encore pris la forme d'un décret. D'après l'usage, un accord est, systématiquement, appliqué. « On s'est, toujours, montré souples, et à preuve la grève qu'on a décidé en avril dernier et où on a annulé plusieurs accords en accordant au ministère un délai plus que raisonnable, déclare Yaâcoubi ».
Les parents, les boucs émissaires

L'autre contrevérité, toujours suivant le conférencier, a trait à la vague de violence. Leur vis-à-vis n'a présenté aucun projet pour s'y opposer en dépit des 3000 agressions physiques recensées l'année dernière et des 150 enregistrées l'année en cours. Le ministère de l'éducation n'a même pas daigné sortir un communiqué dénonçant ce fléau, alors, parler de mesures répressives de sa part pour faire face à ces graves écarts de conduite serait trop demandé. Tout ce qu'il a fait c'était d'appeler les membres du syndicat général du secondaire à une réunion de travail à partir d'une station de radio, et pourtant ils ont accepté d'organiser cela en proposant d'inviter le ministère de l'intérieur, le ministère de la jeunesse et le ministère des affaires sociales pour discuter de ce phénomène de violence et des mesures à prendre pour l'éradiquer, mais il a fait la sourde oreille et préféré se rendre à Qatar exactement comme il a fait à la rentrée scolaire, où l'ambiance était très tendue, en se rendant en Turquie où il a passé toute une semaine. En plus de la violence, les établissements scolaires souffrent de la consommation des stupéfiants en leur sein. 12 élèves sur 30 en sont consommateurs, d'après les affirmations du ministre de la santé publique qui tire la sirène d'alarme en déclarant que cette calamité ronge le tissu scolaire. Contrairement à ses inquiétudes, son homologue de l'éducation s'en est pris aux parents en demandant aux parents de réduire l'argent de poche de leurs enfants, c'était la solution miracle qu'il a trouvée comme si les deux ministres ne faisaient pas équipe, comme l'a soutenu le secrétaire général du syndicat du secondaire.

Nécessité d'une réforme consensuelle

Quant aux augmentations de salaires, Yaâcoubi prétend que le ministre veut persuader l'opinion publique du fait que l'accord avec l'UGTT résilie les accords bilatéraux en la matière conclus avant les négociations sociales, alors que le troisième point stipule que ceux-ci restent en vigueur même après la conclusion de celles-ci. La dernière tromperie de Abid est inhérente au haut conseil de l'éducation qui est, comme l'affirme Yaâcoubi, une proposition émanant du syndicat général de l'enseignement secondaire et que le ministre veut s'approprier. « On a voulu en faire un cadre consensuel regroupant toutes les forces présentes sur la scène nationale en vue de reconstruire le système éducatif sur la base de la préservation de l'école publique, son unité, la gratuité et la démocratisation de l'enseignement et l'impartialité de cette institution loin des tiraillements politiques et idéologiques, insiste-t-il ». Le ministre de l'éducation, affirme Yaâcoubi, veut en faire quasiment un conseil de ministres restreint, puisque, dans la prise des décisions, il ferait intervenir ces derniers en plus des gouverneurs. Le syndicaliste met en garde contre toute prédominance d'une partie déterminée au détriment des autres dans les réformes. Car cela risque fort de nous engager dans une spirale de réformes, autrement dit une instabilité.

L'affrontement des volontés

« Je voudrais vous rappeler qu'après le 14 Janvier, on a rationnalisé notre action revendicative en raison de la conjoncture très délicate par laquelle passait notre pays, et qu'on l'a reportée à l'année suivante. Je vous dis ça pour vous montrer à quel point nous sommes responsables, souligne le secrétaire général, pour dénoncer la position du ministre qui, d'après lui, ne croit pas à la continuité de l'Etat en refusant l'accord cadre. »

A la suite de cela, il évoque la pénibilité du métier : l'accord signé depuis une année octroie le droit aux enseignants de partir, s'ils le désirent, à 55 ans tout en bénéficiant d'une bonification de cinq ans, mais il est resté lettre morte. Reconnaître ce métier en tant que tel engage l'autorité de tutelle à parachever les procédures légales avec toutes les administrations responsables impliquées dans cette opération comme le ministère des affaires sociales, le ministère des finances et celui de la fonction publique. La prime des zones de roulement est, également, soulevée : le ministre de l'éducation s'en est moqué à l'Assemblée Nationale Constituante prétendant qu'il était illégal et ne l'engageait aucunement, et l'accord était annulé après le départ du gouvernement de Sebsi. Ce « ministère ne manifeste pas de bonne volonté à négocier les différentes questions suspendues, c'est ce qu'on pourrait comprendre quand on apprend que, dans le budget du ministère, il n'y a pas de fonds pour le recrutement de nouveaux enseignants après la réduction des heures de travail, souligne-t-il ». L'autre question parmi les nombreuses revendications refusées ou ignorées par l'autorité de tutelle se rapporte à la prime universitaire dont le syndicat réclame la généralisation sur les enfants des enseignants d'autant plus que le régime LMD- limité à trois ans au lieu de quatre dans l'ancien- fait gagner de l'argent à l'Etat.

Confiscation de salaires

L'autre volet concerne le ministère de la jeunesse et des sports où, pour Yaâcoubi, la situation est pire. Les instituteurs principaux voient leurs promotions professionnelles décalées d'une année, ce qui laisse prévoir qu'ils ne commenceraient à percevoir leurs augmentations de salaires qu'à partir du jour de leur nomination dans le nouveau grade, c'est-à-dire avec une année de retard. Une telle mesure serait qualifiée de vol des moyens d'existence, puisque l'effet financier commence à la déclaration des résultats, selon le syndicaliste. L'autre problème est relatif au passage de grade. « On s'est entendu de privilégier les anciens instituteurs principaux, privés de promotion pendant des années, en les nommant au grade de professeurs de premier cycle, et de faire bénéficier de cette mesure administrative les collègues recrutés après le 30 juin 2005 ayant travaillé deux ans, et on a convenu que les négociations concernant leur promotion, ses modalités et ses conditions seraient posées en 2015. En plus de toutes ces injustices qu'ils subissent, nos collègues n'ont pas encore perçu la prime de la rentrée scolaire, commente le conférencier ». Ils ne sont, d'ailleurs, pas les seuls à en être privés, leurs collègues chargés de fonctions administratives le sont aussi. Ces derniers se plaignent surtout de la non application de l'accord limitant le nombre d'heures de travail à 25 et continuent à subir le régime de 40 heures.

Démission de l'Etat

Il note, en outre, que l'Etat reçoit les consignes de l'OMC, c'est ce qui explique sa démission de l'enseignement au niveau des dépenses, il se désengage complètement et refuse de verser les fonds nécessaires pour améliorer l'infrastructure des établissements scolaires et satisfaire tous leurs besoins pédagogiques en vue d'ouvrir la porte grand-ouverte devant la privatisation. Hatem Fkih, le professeur soupçonné d'être l'auteur de la fraude de la session principale du baccalauréat de l'année dernière dans la matière d'Arabe, est, fermement, défendu par le secrétaire général. Il dénonce une injustice flagrante assignant leur collègue à une garde à vue sans procéder à une enquête, ni prononcer de jugement, et menace de procéder comme ils l'ont fait lors de la grève de la faim des trois enseignants de 2007 où ils ont observé deux jours de grève.

« On n'a plus confiance au ministère c'est pourquoi on s'adresse à vous, les médias, et on compte organiser ensemble un séminaire sous le titre : « quel avenir pour l'enseignement dans cette atmosphère malsaine où l'école devient un terrain ouvert à la consommation des stupéfiants, précise le premier responsable syndical du secteur». Il finit son discours par lancer une autre invitation à l'adresse des journalistes touchant, cette fois-ci, la réforme de l'enseignement : « dès que les résultats de la consultation nationale seront terminés, on organisera un séminaire auquel vous serez invités, termine Yaâcoubi».


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