Du 11 novembre au 09 décembre, se tient à la galerie Cherif Fine Art à Sidi Bou Saïd, l'exposition de Beya Guezmir Belarbi. Cette exposition réunit plusieurs œuvres qui pourraient être réunies sous le titre générique de « nostalgie ». Cette dernière allie l'hier à l'hommage à travers une palette chaude... Si l'envie vous prend de renouer avec la mémoire, une seule adresse : la galerie Cherif Fine Art en ce moment. Au rez-de-chaussée, des couleurs chaudes gorgées de lumière vous accueillent dans une ambiance feutrée faite de teintes vives et sombres que vient illuminer le trait lumineux. Ce trait est celui de la mémoire qui couche sur la toile le plus profond de l'histoire personnelle. Les bribes de la mémoire dessinent sur la toile les contours de la maison de la grand-mère, celle de l'enfance. La fenêtre entrouverte laisse filtrer un filon lumineux, un rayon de soleil qui vient d'ailleurs. Puis ce sont des personnages incertains, autant de silhouettes qui semblent se dérober sous la masse chromatique. Enfin, claires et précises, des faïences aux décorations ataviques ouvrent les portes du rêve andalou. C'est l'Andalousie qui constitue le fil d'Ariane liant les œuvres entre elles. Par la couleur et par le sujet, Beya Guezmir Belarbi étale ses origines, les matérialise dans un jeu de pinceau où les couleurs se livrent à une danse vacillante entre le vrai et le vraisemblable. L'Andalousie se laisse deviner à travers les fragments de faïences souvent craquelées, pris dans leur inachèvement. Sur la toile, ils transcendent l'esprit pour en extraire le plus enfoui de l'histoire familiale.
La nostalgie se fait aussi hommage. Un hommage rendu au maître Mahmoud Sehili dont Beya Guezmir Belarbi fut l'une des premières élèves. En vous attardant devant les toiles, l'empreinte de Sehili est omniprésente. Les couleurs et les formes rappellent le grand peintre. Le jeu du clair-obscur s'inscrit dans la continuité de l'artiste. Beya Guezmir Belarbi fait écho à Mahmoud Sehili, l'interaction laisse percevoir l'osmose et la complicité intellectuelles entre les deux peintres. La nostalgie est alors plurielle. Le mouvement mémoriel se fait un retour aux origines : l'Andalousie, terre des ancêtres et l'hommage au maître Sehili, instigateur du développement de l'esprit artistique. Ainsi, dans le sillage du passé et du vécu, conscient soit-il ou inconscient, Beya Guezmir Belarbi laisse le visiteur entrer dans son jardin secret : celui de la réinvention d'un monde évanoui. Dans ses couleurs, se réalise son être, dans les mouvements des traits se laisse deviner l'histoire d'un amour : celui du passé certes mais d'abord et surtout, celui de la peinture...