Le Mouvement de l'Unité Populaire (MUP) refait surface pour reprendre sa présence sur la scène politique se proposant de tenir son rôle de laboratoire d'idées touchant les questions cruciales qui se rapportent à la vie du citoyen comme l'enseignement, l'économie... Des conférences-débats devront être organisées autour de thèmes différents en présence de militants du parti et d'autres. Le plus important est que de nouvelles idées émergent et puissent être d'un apport consistant de façon à éclairer la lanterne de la classe politique à cours d'arguments. A l'ouverture de la première séance hier, consacrée au développement du pays, Ahmed Ben Salah, secrétaire général du parti, devait mettre en garde contre « la cacophonie et le n'importe quoi qui caractérisent la vie politique, plutôt politicienne, dans le pays. Quelques partis, même petits de taille organiseront des séminaires. Des organisations comme l'UGTT et d'autres associations seront associées aux débats, loin des querelles politiques entre Ennahdha et Nida Tounès ». Des colloques politiques seront organisés. «La situation du pays est en chute libre. Il faut que le développement touche chaque coin du pays à partir d'une vision claire. Le Gouvernement n'a pas une ligne claire qui montre aux citoyens où va le pays », dit le secrétaire général.
Tijani Harcha, parlera des Unités Régionales de Développement (URD) une idée qui avait émergé pendant les années soixante et qui a été enterrée pendant les années soixante-dix. Il commence par poser la question que faisaient durant un quart de siècle ceux qui nous gouvernent. « Ils parlent de tout, du sacré, de la normalisation, des mosquées, sauf de la situation économique du pays, de la dignité ou du régime politique », dit-il. Concernant le développement régional, le conférencier parle de deux visions différentes, celle de Jamel Gharbi ministre du Développement régional et de la Planification et celle d'Imed Hammami, président de la commission des collectivités publiques régionales et locales au sein de l'Assemblée Nationale Constituante (ANC). Au niveau du Gouvernement on considère que le développement régional ne peut se faire qu'avec de nouvelles structures, une Agence Nationale de développement qui aura ses antennes dans le pays, des sociétés d'investissement. Au sein de l'ANC on estime que le développement ne pourrait atteindre ses objectifs qu'en rétablissant la confiance entre les municipalités, les conseils régionaux de développement et les citoyens. Tijani Harcha, pense que la plus grande défaillance réside dans les structures régionales qui n'ont aucune emprise sur le développement. « Les dépenses des structures régionales ne représentent que 5% des dépenses de l'Etat. Celui-ci accapare les 95% ». On ne peut parler de développement régional tout en entretenant des relations verticales entre l'Etat et les régions. Un nouveau modèle de développement peut être conçu sur le concept d'unités régionales de développement (URD). L'objectif de ce modèle est de moderniser la campagne. Il ne faut pas que les zones rurales soient identifiées à la misère, la pauvreté et le vide. Les ceintures qui entourent les grandes villes comme Tunis, Sousse et Sfax sont une catastrophe au vrai sens du terme. « Il faut moderniser les villages pour éviter la clochardisation des villes », dit-il. Les URD sont des structures élues qui doivent avoir des prérogatives réelles de développement. « La relation de pouvoir entre l'Etat et la société doit être révisée», conclut-il. L'universitaire et économiste Tahar Almi, rappellera que « le point de départ de tout développement passe par la région. Nous sommes le 1er parti d'opposition à avoir élaboré un programme économique chiffré, en juillet 2011. Ce programme a été initié sur la base d'un logiciel de développement économique de la Banque Mondiale. Au moment où les autres s'égosillaient à qui mieux-mieux et à tue-tête dans des querelles interminables sur la politique politicienne, au MUP nous avons tenté de répondre aux attentes des Tunisiens qui ont fait la Révolution du 14 janvier pour l'emploi et l'amélioration de leurs conditions de vie ». Le programme élaboré par le MUP se base sur la demande sociale, en visant une économie sociale et solidaire.
Cette économie se construit sur trois piliers. Primo, le secteur public aura la charge des activités dites stratégiques, comme l'enseignement, la santé, l'eau, l'électricité...Ce qui n'exclut pas que les opérateurs privés peuvent apporter leur part et investir dans ces créneaux. L'Etat n'a pas besoin de détenir les 100% des capitaux des entreprises publiques. 51% suffisent. Les 49% restantes peuvent être cédées au privé en Bourse. L'argent collecté servira pour financer les microcrédits du secteur mutualiste.
Secundo, le secteur privé. C'est le premier pourvoyeur de l'activité marchande. L'entreprise privée réalise des profits qui seront investis. Les profits d'aujourd'hui, sont les investissements de demain. « Il faut que l'entreprise privée soit socialement responsable, tient compte des intérêts des ouvriers, s'acquitte de ses impôts et agit en entreprise citoyenne », dit Tahar Almi. Il rappelle que jusque là les 2/3 des investissements sont réalisés dans le secteur de la construction et non dans l'achat des machines. Comme 40% des richesses du pays étaient entre les mains de la famille régnante des Ben Ali, les 5% de croissance n'avaient pas d'impact sur l'emploi. « En supposant que le secteur privé est totalement responsable, on ne dépassera jamais les 5 ou 6% de croissance. Le maximum de poste d'emplois créés serait de 110.000 emplois. Pour atteindre les 130.000 emplois, il faut développer le secteur des entreprises mutualiste », précise le conférencier. C'est le troisième pilier de l'économie sociale et solidaire. Ce secteur intéresse les jeunes promoteurs qui ne disposent pas de garanties bancaires. Les microcrédits seront financés, entre autres, par les 49% des entreprises publiques cédées au privé via la Bourse. C'est le Fonds d'Investissement Solidaire. Il alimentera les microcrédits. A titre d'exemple Tahar Almi, avance que la Tunisie a besoin de 2600 crèches et 1400 autres jardins d'enfants. Ils peuvent être financés par des microcrédits, avec un taux d'intérêt modéré. Hassine BOUAZRA