Il s'agit d'un film documentaire de 2011 qui retrace, en plus de 80 minutes, la vie et l'œuvre de l'acteur marocain El Hédi Ben Salem, rendu célèbre grâce au chef-d'œuvre de Rainer Werner Fassbinder « Tout le monde s'appelle Ali », film allemand sur le racisme visant les immigrés maghrébins et africains au début des années 1970. La réalisatrice égypto allemande, Viola Chafik, donne la parole à de nombreux témoins pour non seulement brosser le portrait d'El Hédi Ben Salem, mais surtout pour nous introduire dans tous les arcanes de son univers intime, culturel, familial, professionnel, pour nous faire redécouvrir l'homme et l'artiste sous un maximum d'angles tous plus passionnants les uns que les autres. Dans ses « fouilles » multiples, Viola Chafik jette les lumières les plus indiscrètes, parfois les plus choquantes et quelquefois les plus attendrissantes sur la personnalité de Hédi Ben Salem. Sa caméra et son micro voyagent à travers « le paradis » de ce dernier, se rendant dans les villes allemandes, françaises, tunisiennes, algériennes par où il passa en 40 ans d'existence. Viola Chafik pénètre dans les appartements, les villas, les maisons, les cafés, les hôtels et pensions qui accueillirent l'artiste tuniso-marocain et des membres de son entourage. Le reportage nous apprend en effet que les racines d'El Hédi Ben Salem sont de loin plus tunisiennes et algériennes que marocaines. Aucune séquence ne nous emmène à Tanger dont il prétend être natif. En revanche, le film familiarise ses spectateurs avec la famille de l'acteur à Redeyef en Tunisie et à Bir el Atr en Algérie. Les enfants d'El Hédi Ben Salem, sa première épouse, ses neveux et ses cousines ont parlé et ont ému. Hafsia, la première femme épousée à 14 ans, évoqua son hyménée mais se souvint aussi des frasques d'El Hédi et des blessures qu'il lui causa en la quittant et en lui « enlevant » ses enfants. Elle en pleura devant la caméra de Viola Chafik. Trente ans après le décès de Hédi Ben Salem dans une prison de Nîmes, celle-ci tourne plus d'un film dans « Le Paradis d'Ali » : chaque témoignage suggère un monde, sinon plusieurs mondes différents dans lesquels El Hédi Ben Salem aima, travailla, s'emporta, s'enivra, pleura, vécut quoi ! Nous en remercions Viola Chafik dont le documentaire hommage est extrêmement fouillé, maîtrisé de bout en bout et surtout si vivant et si tendre.
Les à-côtés du spectacle *De nombreux spectateurs ont quitté trop tôt la salle du Palace : manifestement, ils s'attendaient à voir un film égyptien. On leur projeta un film allemand qui plus est sous-titré en anglais. Il faut dire que le début du film axé essentiellement sur le réalisateur Rainer Werner Fassbinder et les rapports louches de ce dernier avec El Hédi Ben Salem n'était pas non plus pour retenir longtemps ces spectateurs. * La filmographie d'El Hédi Ben Salem comporte une dizaine de longs-métrages dont principalement Le Marchand des quatre saisons, La Tendresse des loups, Le droit du plus fort, en plus bien entendu de Tout le monde s'appelle Ali . Quant à Viola Chafik, la réalisatrice, elle en est à son deuxième film. *Le documentaire « Jannet' Ali » (Le Paradis d'Ali) fait témoigner près de 20 personnes dont une dizaine de parents et de proches tunisiens de Hédi Ben Salem. *A notre sortie du Palace, nous nous rendîmes au Colisée qui programmait « Le Royaume des fourmis » pour la séance de 18 heures. A 16 h. 30, il n'y avait plus de places et les nombreux spectateurs restés sans billets ne pouvaient pas croire que les 1000 fauteuils de la salle fussent déjà réservés une heure et demie avant le spectacle. On leur répondit qu'il fallait tenir compte des sièges pour les abonnés et les porteurs de badges. De plus, seuls le parterre et la mezzanine du Colisée accueillent leurs clients. Le balcon est depuis un certain temps indisponible !