Selon un sondage « Al Maghreb – Sigma », Beji Caïd Essebsi est la personnalité politique la plus populaire, suivi de Hamadi Jebali auquel les dissensions patentes avec son maître spirituel Ghannouchi procure de l'affection ; de Moncef Marzouki qui a toujours le courage de dire la vérité et de Hamma Hammami que les féministes prennent en sympathie pour s'être déclaré fier de s'appeler Hamma Nasraoui « épousant » ainsi le nom (Nasraoui) de son épouse Radhia. Il y a, dans l'esprit des Tunisiens, toute une redistribution des cartes avec la montée en flèche de Nidaâ Tounès entraînée par le charisme de son fondateur Beji Caïd Essebsi. Plutôt que de jauger le taux de popularité des personnalités politiques (comme l'a d'ailleurs bien fait Sigma) il y aurait eu lieu de quantifier, de mesurer et d'établir l'effet de charisme de ces personnalités. Sur ce plan encore, pas vraiment besoin de sondage : Caïd Essebsi est le plus charismatique de tous, du haut de ses 86 ans, dont les deux tiers consacrés à l'Etat au sens solennel du terme, à vénérer et à haïr Bourguiba, à chercher à faire émerger les courants libéraux et à tisser des liens oniriques avec les démocraties occidentales. Aujourd'hui qu'il lance un contre-pôle à Ennahdha, le plus vieux jeune homme de la scène politique tunisienne dérange doublement. Il y a son passé tumultueux, il y a ce chemin de la vie et de la liberté qu'il s'est tracé à 84 ans, lorsque Mbazaâ le rappelait aux commandes de l'Etat, et, surtout, surtout il a un avenir. Son « discours (politique) de la méthode, analysé sur quatre succulents volets, sur nos pages, sous la plume fière, lyrique et distante de Hélé Beji, en dresse le portrait : celui d'un homme imbu de valeurs, qui ne prétend pas accéder à la sainteté sans Dieu, qui ne se dit pas l'homme de la providence, mais qui pose des règles un peu à la Descartes au jeu politique. Dans leur logique absurde, les ultra-religieux, manipulés par les politiques-religieux ont décidé de saboter ses meetings. Cela ne l'effraye pas outre-mesure. Mais ces gardiens de la révolution épaulés par des nahdhaouis purs et durs, ne se rendaient pas compte, qu'en l'occurrence, ils fournissaient le prétexte providentiel à Beji Caïd Essebsi. Quand il parle de défection de l'Etat et de la sécurité, il attaque justement l'axe maléfique de l'Etat / parti (nahdhaoui), là, précisément, où ses ennemis croient pouvoir l'attaquer en exhumant son appartenance au PSD et son anti-youssefisme « épidermique ». Etait-il inspiré de tenir son meeting à Djerba, le fief du Youssefisme ? Il a bien dû prendre en considération cela aussi. Il n'en tire pas néanmoins d'alibi alors que ceux qui ont attaqué son meeting se morfondent maintenant en mobiles ridicules et obscènes.