Il fallait faire quelque chose: la pédophilie est, en effet, en train de briser l'enfance; de briser des familles et, dans ce village planétaire qu'on nous décrivait féérique, elle est en train de s'institutionnaliser. Procès à retentissements en Europe et ailleurs. Et presque toujours les pédophiles s'avèrent des récidivistes. Et en tant que tels, ils sont récupérés par la psychiatrie, voire la psychanalyse , réussissent à culpabiliser cette société "qui les a marginalisés et n'a pas su les protéger contre eux-mêmes" et, au bout de procès harassants, longs, éprouvants pour les familles des enfants violés (et très souvent tués par la suite) mesdames et messieurs les jurés risquent de confondre le bourreau avec la victime. Si le débat s'installe en France c'est qu'il y a urgence à endiguer la recrudescence d'un phénomène dont les politiques n'ont jamais voulu se saisir réellement. Du côté de la gauche bien-pensante, surtout, où les controverses sur les mariages entre homosexuels tinrent le haut du pavé, drapées d'un humanisme de bon aloi et le tout au nom du respect de la différence, fut elle contre-nature. Et puis, les 35 heures, et puis le service minimum et puis le maïs transgénique. On pouvait débattre librement de toutes formes d'atteintes à la pudeur et d'outrages à la nature, espèce de dormeuse pour les écolos qui finissent ainsi par se rallier à la gauche. Mais la pédophilie et les banlieues sont restés deux sujets tabous. Fermés comme le sont les prisons où l'on enferme les pédophiles, et les HLM où personne n'entre et dont personne ne ressort. Maintenant on ne comprend pas que des voix s'élèvent pour stigmatiser la proposition Sarkozy au nom de la psychiatrie dont on dit qu'elle "est encore capable d'apporter des réponses, des solutions, des thérapies de choc". Sarkozy juge que le problème doit être résolu de manière radicale: un hôpital fermé pour les pédophiles après qu'ils eussent purgé leur peine. Car il est bien entendu que l'univers carcéral n'est pas un centre de thérapie et, assez souvent, les détenus de ce type en ressortent encore plus détraqués qu'ils n'y sont entrés. Si le président français avance l'idée d'un hôpital fermé, c'est parce qu'il est conscient des limites thérapeutiques des prisons. Et, aussi, parce que les récidives atteignent les chiffres alarmants, justement parce qu'après l'incarcération, les pédophiles, à 79% (chiffre de la semaine dernière), basculent dans la névrose mais sont aussi diaboliquement habiles à spéculer sur le sentiment de culpabilité de la société à leur égard. Et alors, que doit-on faire? Les sociologues et les psychiatres baissent les bras: on ne guérit que par miracle, concluent-ils, de la pédophilie et de la toxicomanie. Avec l'internet et la mondialisation, le phénomène jette des tentacules, partout, à la manière d'une Piovra. Parce qu'il ne s'agit plus uniquement de pédophiles solitaires. Mais de réseaux. De commerces… Et de tourisme sexuel touchant les pays pauvres.