Et si le rapprochement entre l'AKP et Ennahdha au pouvoir est parti avec nos illusions révolutionnaires perdues, cela ne nous empêchera pas de repenser les manières d'établir des liens avec le pays du Bosphore. Histoire de renouer avec un passé commun du temps d'une civilisation qui s'est étiolée et qui nous unit pourtant. Cela reste l'initiative individuelle de ceux qui y croient. Mohamed Al Adel, le président de l'Association turco-arabe des sciences et de la culture est de ceux-là. Un personnage fort influent en Turquie, Mohamed Al Adel est par-dessus tout un Tunisien dans le sang qui tente, tout comme ses compagnons de route de l'association, de drainer des investissements turcs en Tunisie. Rappelant que l'association qu'il préside a multiplié les rencontres entre Tunisiens et Turcs depuis maintenant deux ans. La dernière en date sera cette rencontre à inclination culturelle que l'association organisera du 21 au 26 février prochain. « Une initiative à composante culturelle pour promouvoir les relations turco- arabes. Elle touche notamment les pays du Maghreb arabe. » commente Mohamed Al Adel dans la note d'intention déclinant le programme de cette prochaine rencontre. Laquelle ne verra pas le jour sans le concours d'autres organisations de la société civile turque telle que l'Organisation internationale du partenariat économique, culturel et social ainsi que le Comité turco-maghrébin de la culture et des sciences. On apprend dans la foulée qu'ils seront 300 personnalités maghrébines et turques entre universitaires, artistes, journalistes, des hommes d'affaires et activistes de la société civile qui prendront part à cet évènement. Au programme de la manifestation, notamment, un séminaire sur les moyens de consolider les relations turco-maghrébines, des spectacles de musique turque et maghrébine, etc. Sans oublier des ateliers « des affaires, du développement humain, de la culture et des belles lettres ». L'échappée belle se fera par la suite en pleine nature puisque nos convives auront à se donner au plaisir d'une randonnée dans plusieurs régions du pays. Des idées pour l'avenir ? Mohamed Al Adel en a certainement. On ne trouvera pas mieux que les bribes d'un entretien que notre interlocuteur nous a accordé il y a quasiment un an à Istanbul. « La Turquie comme vous le savez s'oriente aujourd'hui vers un nouveau partenaire stratégique, qui n'est autre que le monde arabe après avoir échoué à intégrer l'Europe et après s'être rendu compte que La ‘'Turquie européenne'' était un faux tropisme. Elle veut se réconcilier avec sa part arabo-musulmane. Cela dit la Tunisie doit préparer le terrain à des investisseurs turcs et cela suppose en premier la stabilité et l'octroi d'avantages aux partenaires économiques potentiels. » dit-il en continuant dans un autre passage concernant le marché touristique tunisien « Pour le volet touristique la Tunisie à mon sens a besoin de nouveaux produits cultuels et bien d'autres atouts qui draineront des touristes autres que les Occidentaux. Elle doit concevoir des stratégies qui s'adaptent à chaque pays, car le touriste russe n'est pas le touriste turc ou chinois ou encore malaisien. Il y a des marchés mondiaux de tourisme que nous ignorons en Tunisie. Ils sont quasiment 7 millions touristes turcs qui visitent des destinations du monde entier. En Tunisie on n'en reçoit que 18 mille. En un premier temps on doit cibler 150 à 200 mille touristes surtout que la durée du vol Tunis-Istanbul est relativement courte. Par la suite on doit sortir des standards nationaux au niveau des services hôteliers et des circuits touristiques. Pour drainer un touriste turc il faut jouer sur nos liens historiques du temps de l'Empire ottoman. La capitale Tunis grouille d'écoles ottomanes et de ‘'mederssas'' islamiques. » dit-il. Des idées restées, jusque-là lettre morte.