En plus des formules habituelles souhaitant à leurs destinataires bonheur, santé, amour et réussite, les messages de vœux tunisiens que nous avons reçus ou lus sur les réseaux sociaux s'enrichissent, cette année, de diverses expressions à coloration politique. L'actualité très agitée et peu rassurante de 2012 y est sans aucun doute pour quelque chose. Pour beaucoup de nos compatriotes, c'est vivement 2013. Mais, en même temps, ces derniers accueillent la nouvelle année avec un optimisme très prudent, teinté même d'une angoisse certaine ! Les appréhensions que leurs messages traduisent explicitement ou laissent deviner concernent en particulier la Patrie, la Nation ou la Oumma, selon que l'on songe à l'avenir de la Tunisie, à celui des pays arabes ou à celui de la communauté musulmane. ! En tous cas, pour les psychologues, les sociologues, les politologues et les autres analystes de ce type de discours, les vœux de 2013 offrent une riche matière d'étude. Entre « pro » et « anti » Sur le plan des vœux « locaux », nombreux sont les messages qui appellent à la préservation de notre pays contre d'éventuels dangers visant son unité et son intégrité. Certains craignent pour la Tunisie de la malfaisance des « azlem » et des « terroristes », tandis que d'autres voudraient la voir débarrassée de son actuelle équipe dirigeante. Nous avons lu par exemple quelqu'un demander à 2012 de « dégager » et « d'emporter Ennahdha avec elle, sans espoir de retour ». Une amie particulière nous a posté la photo d'une belle plume bleue dont elle attend qu'elle nous protège de notre « gouvernement ultra révolutionnaire ». Une autre s'y prend plus ironiquement et remercie ce même gouvernement pour « la merveilleuse année 2012 qu'il nous a fait passer » ! Un collègue enfin prie Dieu pour qu'il nous sorte de « cette calamiteuse crise » politique, sociale et économique dans laquelle patauge le pays. Dans l'ensemble, la plupart de ces messages de vœux reproduisent plus ou moins fréquemment les notions de « paix », de « prospérité », de « démocratie », de « stabilité » et de « liberté ». Rappels et omissions ! Dans un registre différent, d'autres correspondants préfèrent s'accrocher à leur idéal universel qui transcende les barrières géopolitiques : nous avons lu sur facebook, par exemple, le courrier d'une jeune tunisienne qui souhaite « la paix aux pacifistes, la victoire des faibles sur les puissants, des gîtes pour les sans abris et du réconfort pour toutes les personnes endolories ». Cependant, force est de constater que les messages aussi humanistes et aussi cosmopolites sont extrêmement rares. En revanche, on lit davantage de vœux de paix et de prospérité à l'adresse des pays arabes et musulmans dont on cite plus particulièrement ceux du « Printemps arabe » : Tunisie, Libye, Egypte et Syrie. Curieusement, le Yémen n'est guère évoqué et presque personne ne souhaite rien à l'Algérie, au Maroc, à la Mauritanie, ni aux pays riches du Golfe. Quant à la cause palestinienne, elle est quasiment oubliée dans ce type de courrier. Les « nationalistes » arabes parmi les internautes et les facebookers ont, paraît-il, d'autres chats à fouetter depuis que la Syrie de Bachar est entrée en guerre contre les rebelles jihadistes. En tout cas, Israël a la paix en cette fin d'année !