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Terrifiante percée du Wahabisme?
Grande indignation après le saccage et l'incendie du mausolée de Sidi Bou Saïd
Publié dans Le Temps le 15 - 01 - 2013

Moncef Marzouki et Rafik Abdessalem non admis à Sidi Bou Saïd
L'action corrosive menée par les fondamentalistes islamistes n'épargne rien, ni personne ; elle vise à modifier le mode de vie des Tunisiens dans ses deux volets civil et religieux.
Ces extrémistes s'inscrivent en marge de l'action sociale et ne cessent de s'immiscer dans la vie privée des gens en exigeant d'eux qu'ils révisent, profondément, leur manière de vivre en renonçant au modernisme et en se départissant de toutes ses manifestations scientifiques, économiques, sociales, culturelles et politiques comme la constitution qui est, sévèrement, dénoncée, samedi dernier, devant l'ANC, par « Hezb Ettahrir » qui la considère comme une profanation.
Une valeur culturelle
Ils veulent imposer à la société des traditions archaïques et un genre de piété particulier trop austère et l'obliger à rompre avec un Islam modéré avec lequel elle a, toujours, composé et dont les marabouts font partie intégrante. Le Tunisien ordinaire, a, de tout temps, vu dans ces derniers un élément culturel meublant son histoire. D'ailleurs, ces marabouts ont servi, au temps de la colonisation française, de refuges pour les militants poursuivis par le colon ainsi que pour les femmes émancipées bannies par le système social trop machiste qui voulaient échapper à l'autorité maritale abusive et au « Mezouar » et à « Dar Joued », les instances répressives qui en étaient l'incarnation. C'est cette dimension culturelle et cette fonction historique qui nous intéressent au premier chef, et c'est cette symbolique qui est touchée par cette horde sauvage qui tend à nous défigurer, à nous amener à renoncer à la vie et à emprunter leur méthodes monstrueuses d'une époque révolue.
L'indignation des « Zeitouniens »
Nous nous sommes rendus sur les lieux pour recueillir les témoignages de quelques citoyens. Ils étaient tous estomaqués et, très fortement, indignés. Pour Ilyès, un jeune imam, ces actes « sont des pratiques propres au « Wahabisme », cette hérésie qui professe la suppression des tombes, des catafalques des marabouts et même la coupole verte du sanctuaire du prophète. Cette foi est, actuellement, enseignée dans les mosquées en Tunisie par et les prédicateurs du « Wahabisme » et les imams dits « salafistes ». Ces gens-là, qui se réclament tous du « Salafisme », n'ont, en réalité, rien à voir avec ce référentiel noble dont ils en ont une lecture erronée et saugrenue. J'ai, tout récemment, assisté à l'une de ces leçons, dans une mosquée à Msaken, donnée par cheik Béchir Ben Hassen. Il enseignait à la présence ce qu'il croyait, faussement, être la foi de la « communauté des Sunnites », il leur inculquait de fausses idées selon lesquelles les saints sont divinisés, ce qui est du sophisme, parce que les fidèles visitent ces lieux saints pour prier Dieu et non pas ces derniers. Les prédications de ce cheik incitent à la violence contre les marabouts. On va sortir un communiqué où on dénoncera cet acte criminel et qui sera signé par tous les cheiks de la Zitouna », souligne-t-il.
Action méthodique
Zohra de la Marsa s'exprime dans les mêmes termes que Ilyès et affiche un grand bouleversement. « Il s'agit, à mon sens, d'actes prémédités et d'action méthodique de déstabilisation de l'Etat et de la société, puisque les saccages des marabouts se multiplient, on en est à la quinzième. Ces boétiens, qui ignorent que Sidi Bou Saïd était, à la fois, pieux et juriste, sont étrangers à notre culture et à notre conception de la vie. Ils ne peuvent pas être des Tunisiens, il est clair qu'ils sont manipulés par des forces internes et externes, les ennemis de ce pays qui sont en train d'exécuter un agenda criminel. Je suis sûre que même si vous demandiez à des ivrognes de commettre cet acte barbare, ils n'accepteraient pas, car tout simplement ces pratiques ne font pas partie de notre culture, elles nous sont, complètement, étrangères », fait-elle remarquer. Pour le Dr Annabi, un psychiatre, « ce qui a été commis est un acte déplorable et inconcevable à tous points de vue, car le mausolée de Sidi Bou Saïd est considéré comme un patrimoine international qui appartient à l'humanité toute entière. Cet acte de barbarie et de traitrise est une insulte aux habitants de cette ville historique ainsi qu'à notre religion et à nos traditions que les énergumènes qui ont brûlé le catafalque ignorent, totalement. Ils n'ont pas de respect pour les morts. Même le colon n'a pas commis ce genre de crime », commente-t-il exaspéré.
Un monde absurde
La grogne monte à la visite du président de la République au mausolée. Sa consolation des habitants de la ville est très mal accueillie pour ne pas dire rejetée. Le même traitement est réservé au ministre des Affaires étrangères qui est renvoyé du restaurant « Dar Zarrouk ». L'un et l'autre sont congédiés par le mot magique « Dégage ! ». Par cette attitude hostile à leur égard, les citoyens veulent exprimer leur exaspération vis-à-vis de ce laisser-aller du gouvernement. Avant de faire ce déplacement, le Président reçoit une délégation des « ligues de protection de la Révolution », baptisées l'esprit et la conscience de cette dernière !!! Il le fait la veille du 14 Janvier ! C'est sa manière de leur rendre hommage et de leur attribuer plus de légitimité. On comprend, aisément, qu'un président soit le président de tous le citoyens, par contre ce qu'on ne comprend pas et ce qu'on ne comprendra jamais c'est qu'il place sur le même pied d'égalité les pacifistes et les bellicistes, c'est-à-dire les hors-la-loi... L'absurdité bat son plein dans ce monde à l'envers.

Faouzi KSIBI

« Sidi Bou Saïd » vivra et vaincra !
A l'aube de l'an III de la Révolution, il est vraiment heureux d'oublier cette année 2012, avec toutes ses contradictions, ses atermoiements, ses amalgames et ses dérapages incontrôlés.
Une année que Stéphan Hawking, président de la Chaire de Newton à l'université de Cambridge et grand cosmologue auteur de la « brève histoire du temps » livrerait volontiers, à ses « trous noirs » cosmiques et à ses cimetières d'étoiles galactiques.
Vous me direz, ce n'est pas dans vos habitudes d'être si pessimistes, je vous dirai que le coup de grâce à la ferveur de mes espoirs a été porté par cet acte inqualifiable et combien ignoble de saccager et brûler le mausolée de « Sidi Bousaïd El Béji », symbole d'une culture d'amour, de tolérance, de poésie, de musique populaire et de piété tolérante et fraternelle.
Car, ce crime contre la Tunisie éternelle, au ciel bleu d'Azur, baignée par une mer de lumière argentée sans nulle autre pareille, est aussi un crime contre l'humanité, contre la paix et la sérénité des peuples. Sidi Bousaïd n'appartient pas qu'à la Tunisie. C'est une valeur universelle, et chaque année ce mausolée ainsi que sa ville bleue et blanche, sont visités par des millions de personnes venues des quatre coins du monde pour apaiser leurs angoisses matérielles et morales et vivre un moment privilégié de leurs vies !
La lâcheté de tous ceux qui par leur silence complice, laissent faire ces hordes d'assassins (« Hachachines », selon la traduction de Amine Maâlouf dans « Les croisades vues par les Arabes », de la culture religieuse de la tolérance et du raffinement, doit être dénoncée vigoureusement. La Tunisie millénaire est en péril. Aujourd'hui, c'est Sidi Bousaïd, hier, c'était la Saïda « Manoubia » et demain, ce sera l'Amphithéâtre d'El Jem, qui sait, les temples romains et byzantins, de Dougga, de Sbeïtla (Suphétula) ou les thermes d'Antonin à Carthage. Les actes sont prémédités et signés par ce courant obscurantiste qui veut ramener la Tunisie à l'époque anté-islamique et l'âge sombre du Moyen âge. Non ! les Tunisiennes et les Tunisiens ne se laisseront pas faire. Ce pays appartient à tous ses enfants avec toutes ses cultures et tous ses héritages spirituels. Nous sommes majoritairement musulmans, mais nous sommes aussi chrétiens, juifs et libres dans le choix de notre spiritualité et de notre manière d'être et de vivre. Aucune force au monde ne peut défigurer la Tunisie carthaginoise, romaine, arabe musulmane, espagnole, turque, française et républicaine indépendante et heureuse d'être tout cela en même temps !
Beaucoup de pays, beaucoup de gens nous envient cette diversité homogène, cette synthèse alchimique et ce tempérament « tunisien » musulman et arabe identitairement, mais universel et citoyen du monde génétiquement et historiquement.
Par ce jour de gloire qui aurait pu être un jour de fête sans précédent, parce que ce peuple, petit par la taille et la géographie, a exprimé sa grandeur, son courage et sa fierté en balayant ce jour du 14 janvier 2011, une des plus grandes dictatures du monde moderne et son régime totalitaire et corrompu, nous ressentons une profonde tristesse et une grande blessure à travers cette « Razzia » permanente sur notre patrimoine spirituel et culturel qui constitue le socle véritable de notre identité. Les Béni Hilal, envahisseurs, venus du « Saïd » égyptien et d'Orient, ont bien brûlé « El Jem » au Moyen âge, leurs héritiers veulent en faire de même, aujourd'hui, pour désertifier notre espace et le livrer à l'obscurantisme et aux ténèbres de l'ignorance.
A nous tous, d'être unis et solidaires pour défendre notre pays et sa culture millénaire en criant de toutes nos forces : « Sidi Bousaïd » vivra éternellement et vaincra !

Par Khaled Guezmir

Au nom d'un wahabisme rédempteur
Abdelaziz Al Mahdoui (Sidi Abdelaziz),
l'homme dont on a tenté d'incendier le tombeau
Après que des mains criminelles aient cru servir la foi en détruisant tant de sites érigés en hommage à de saints hommes, les voilà qui s'attaquent, toujours au nom de la religion, à un haut lieu de la mémoire de notre pays. Ce n'est plus à des hommes pieux que la ferveur populaire a fait perdurer le renom et dont les édifices ont servi, à travers les âges, d'asiles pour le démuni ou lieu de secours pour le désespéré qu'on s'attaque sous prétexte d'éradiquer une forme d'hérésie. Plus de deux siècles sont passés sur la magistrale leçon donnée par nos savants à Mohamed Ben Abdelwaheb quand celui-ci a exigé de Hamouda Pacha d'imiter la rigueur de sa ligne qu'il venait d'instituer. Plus de deux siècles après, voilà que quelques ignares veulent nous faire douter de la saine compréhension de nos cultures de nos traditions sans jamais remettre en cause nos croyances bien enracinées. Et même si en des temps obscurs, l'intérêt de la colonisation a été d'encourager certains rites que l'ignorance populaire a eu tendance à assimiler aux pratiques de la religion, nos savants, à l'instar de ceux qui ont répondu au wahabisme, ont su séparer à temps le bon grain de l'ivraie.
Le maraboutisme que des orientalistes de mauvaise foi ont essayé de substituer à nos habitudes, n'a pas réussi à prendre racine sous la forme qu'ils désiraient. Notre croyance en un Dieu unique est restée telle que nous l'ont enseignée ceux qui la Zitouna a forgé génération après génération.
Une croyance qui a baigné dans la tolérance et la modération de notre état d'esprit qui ont fait se développer sur cette terre bénie une culture et un savoir-vivre que tout le monde nous reconnaît. C'est cette culture que des ignares, jeudi dernier, ont tenté d'attenter en se prenant au tombeau de Sidi Abdelaziz Al Mahdoui à la Marsa. Un acte criminel qui a fait pleurer ceux qui, jaloux de leur patrimoine se sont remémorés la vie de cet homme que bien des contrées peuvent nous envier. Un homme qui au VIème siècle de l'hégire (XIIème grégorien) a fait preuve d'une exceptionnelle hauteur dans tous les domaines de la vie, exotérique qu'ésotérique.
Musulman sincère et patriote parfait il fit montre d'une persévérance dans ses convictions quand devant le danger que représentaient les normands de Sicile, menaçait les côtes tunisiennes après avoir été chassés de Mahdia par l'almohade Abdelmonmen, Abdelaziz n'hésite pas à tenir garnison dans le ribat de Monastir et empêcher les incursions ennemies. Reconnu illettré, il a cependant reçu Mohieddine Ibn Arabi à deux reprises pour discuter avec lui de questions de science ésotérique inaccessible à plus érudits.
Sidi Abdelaziz Al Mahdoui restera dans l'histoire des idées pour cette preuve de reconnaissance que lui témoigne El Cheikh Al Akbar qui lui dédia sa volumineuse œuvre de dix mille pages que furent les célèbres Futuhat.
C'est Sidi Abdelaziz qui entreprit en 595/1198 le voyage à dos de mulet jusqu'à Béjaïa pour rencontrer le Pôle de son temps Abou Médiene Ibn Chouaïb qui allait mourir la même année.
A cette occasion Sidi Abdelaziz était accompagné par six autres tunisiens parmi lesquels notre histoire reconnaît Abou Ali En Nafti, Ed Dahmani, Salem Ettebassi et Tahar EL Mzoughi de Ksour Essef.
Les incendiaires ignares ne pouvaient certes savoir le surnom qu'a attribué Abou Médien à Abdelaziz et que seuls les initiés peuvent interpréter. Je pense à la réaction à cette tentation d'incendie à ceux honnêtes mais dont les concepts sont déviés par d'anciennes certitudes qui risquent de sous mésestimer cet acte de barbarie.
Ceux qui depuis maintenant un demi-siècle, ne manquent jamais à leur passage par notre pays de rendre visite à Sidi Abdelaziz et se recueillir devant cette humble tombe sur laquelle une main innocente a déposé jadis un poème en hommage au Sahib du Hatimi.

Mustapha ZOUBEIDI


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