La pièce de théâtre « KamiKaze », écrite et mise en scène par Nébil Daghsen, une coproduction de l'espace El Teatro à Tunis, du Centre Culturel le Forum Boissy-Saint- Léger (France) et de l'Institut Français, a été présentée au public le soir du jeudi 17 janvier à l'espace El Teatro , en exclusivité internationale pour se poursuivre les deux jours suivants, vendredi et samedi. Nébil Daghsen est auteur-interprète franco-tunisien à la fois, poète, metteur en scène, slameur et rappeur. Il est déjà connu par sa création musicale réalisée avec le groupe Këlem, l'été dernier qui a fait une tournée internationale, notamment en Tunisie, au Liban, en Egypte et au Maroc. Agé de 31 ans, Nebil Daghsen, se forme en tant qu'acteur au Magasin (Malakoff) aux côtés de François Lamotte, Marc Adjadj ou encore Arnaud Decarsin. Pionnier du mouvement slam en France auprès de Gérard Mendy, il participe au spectacle «Les Gens et moi» aux Rencontres urbaines de La Villette en 2000. Son parcours varié, l'amène au théâtre, à jouer notamment dans «Le Conte d'hiver» de Shakespeare (Théâtre du Nord Ouest, 2007), «L'âme orale de l'histoire» (Centre Culturel le Forum, Boissy-Saint-Léger 2011) dont il est l'auteur et le metteur en scène. On le retrouve plus récemment dans «Splendid's» de Jean Genet mis en scène par Christèle Alves Mera à l'Athénée Louis Jouvet. Il apparaît également dans quelques longs métrages, «Enfermé dehors» d'Albert Dupontel et «Le dernier jour du reste de ta vie» de Rémi Besançon. Il est par ailleurs l'auteur et chanteur du groupe Këlem. La pièce, jouée dans la langue de Molière, à part quelques extraits en arabe dialectal, relate l'histoire d'un jeune homme, matricule 3005, condamné à mort à la suite d'un attentat ayant fait des centaines de victimes. Le décor présente une cellule d'un condamné à mort enchainé, un espace exigu et à un second plan, on voit une série de postes téléviseurs où les médias se plaisent à relayer les informations à un public que l'image détourne souvent de la réalité. On assiste à des scènes où cohabitent l'écran et l'acteur, l'image et le réel. Ce condamné à mort sera donc bientôt exécuté. Les événements se passent dans les dernières heures du matricule 3005 qui voit se succéder dans sa cellule différents protagonistes pour une ultime visite et chacun relate ses propres secrets, ses convictions, ses rapports avec le condamné, la vie et la mort. Personne parmi ses visiteurs ne saura déterminer si ce que 3005 a fait était un acte héroïque ou l'acte atroce d'un martyre. Et dire que 3005 ne s'est pas rendu la veille à la cour d'appel, son ultime porte de salut pour expliquer son geste. L'attentat serait-il un acte prémédité ou un pur hasard ? De toute manière, cet homme continue à croire jusqu'aux dernières heures de sa vie que rien n'arrive par hasard. Façon de reconnaître son acte terroriste en assumant sa responsabilité et donc mérite la guillotine ? Il va jusqu'à refuser l'aide de son avocat qui cherche pourtant à le défendre, en tant qu'être humain. Quant à l'opinion publique qui suit à travers les médias, la télévision en l'occurrence, elle est mitigée : faut-il l'exécuter, faut-il s'attendre à ce qu'il soit gracié par le gouvernement ou que la peine capitale soit commuée en travaux forcés à perpétuité ? Les rôles sont joués par Pascal Tagnati, Nejma Ben Amor, Lassâad Salaani, Vincent Paillier, Laura Couturier (également assistante mise en scène) et Nebil Daghsen. La musique et la création sonore sont assurées par Mazyar Zarandar. La scénographie et les costumes sont conçus par Tomoyo Funabashi et Nebil Daghsen. La vidéo est de Pierre Goupillon et Lucile Latour.