Le vice-président du mouvement islamiste Ennahdha, Abdelaffath Mourou, a été agressé par des salafistes présumés, mecredi soir, à la veille de la fête du Mouled, à l'entrée de la mosquée El Mekki, à Jammel. “Alors que j'entrais à la mosquée pour accomplir la prière du Maghreb, une foule de jeunes salafistes s'est rassemblée autour de moi, me qualifiant de mécréant. J'ai aussi reçu un coup de poing à l'épaule", témoigne Me Mourou. Et d'ajouter: “je n'ai fait acune réaction malgré cette agression physique et verbale qui ne peut émaner que de personnes ingorantes". A noter que ce n'est pas la première fois que des extrémistes religieux s'en prennent à Me Abdelaffath Mourou. Le 5 août 2011, en pleil mois de Ramadan, un extrémiste l'a en effet frappé sur le front à l'aide d'un verre. L'avocat été, ce jour là, hospitalisé d'urgence, alors qu'il était censé donné une conférence sur la tolérance, à Kairouan, en compagnie du penseur Youssef Seddik. En mars dernier, Me Mourou a été expulsé sous la menace, de la mosquée de Kalaâ Kébira, près de Sousse par des salafistes qui l'avaient qualifié d'«apostat », une accusation passible de la peine de mort selon l'idéologie salafiste djihadiste. Me Mourou avait à l'époque indiqué que celui qui a exigé son expulsion a lancé à ses compères: «Soit vous le sortez, soit je le tue». Les animosités qui opposent les salafistes à Me Mourou seraient motivées par l'ouverture d'esprit et la tolérance dont fait preuve l'avocat islamiste, qui avait réintégré officiellement le mouvement Ennahdha à l'occasion de son 9ème congrès du parti. Les salafistes ne semblent pas avoir digéré le fait qu'un un cheikh et dirigeant d'un parti islamiste puisse chanter la neuvième symphonie de Beethoven sur une chaîne télé à grande audience. Selon eux, la musique et le champ constituent un péché et sont perçus comme étant “la flûte dans laquelle souffle Satan pour distraire les croyants de leurs obligations". La célébration du Mouled, qui commémore le jour de la naissance du Prophète de l'Islam est, quant à elle, considérée aux yeux des salafistes comme étant une “bidâa", une innovation condamnable.