Les médias tunisiens parlent des femmes mois d'une fois sur cinq Le journal le temps est en tête de liste en termes de présence féminine La femme tunisienne apparait-elle suffisamment dans les différents supports écrits et audiovisuels ? Quelle image la presse nationale donne-t-elle de la femme ? C'est à ces interrogations que le projet d'observation des questions de genre dans les médias tunisiens a essayé de répondre. Dès lors, les résultats préliminaires présentés hier lors d'une conférence de presse donnée à Tunis ont démontré que la visibilité globale des femmes est de l'ordre de 24,8 %. Il existe toutefois, une grande disparité entre les médias. L'audiovisuel l'emporte toujours sur la presse écrite. Les journalistes tunisiens sont-ils en train de traiter la question genre dans leurs articles ou émissions audiovisuelles ? A priori pas suffisamment. En fait, on parle plus des hommes et avec les hommes que des femmes ou avec les femmes. Cette règle s'applique aussi bien à la presse écrite qu'à l'audiovisuel. Le monitoring réalisé par le projet d'observation des questions de genre dans les médias a démontré que le degré de visibilité des femmes dans l'audiovisuel est très faible en comparaison de celui des hommes. Les interventions des hommes étaient de l'ordre de 81,4 % contre 18,6 % seulement pour les femmes, d'après les résultats préliminaires du monitoring réalisé entre le 1er et le 20 janvier 2013. « La presse écrite ne fait pas mieux, puisque sur 19 311 apparitions de sujets, il y a 84,7 % qui ont été axées sur les hommes contre 15, 3 % sur les femmes ». Dès lors, les médias tunisiens interpellent ou parlent des femmes moins d'une fois sur cinq. Echantillon Faisant une lecture dans les productions centrées sur les femmes, le projet a démontré que le journal Le Temps occupe la première position par rapport aux autres supports étudiés et qui sont de l'ordre de 15. A remarquer dans ce cadre que l'échantillonnage examiné se compose de 15 supports médiatiques, dont six quotidiens de la presse écrite parmi les plus importants, cinq radios et cinq chaînes télévisées. Au total 1192 émissions ont été analysées en plus de 9837 articles. Dès lors, le journal Le Temps occupe la tête de la liste avec 9, 80 % des productions qui ont été centrées sur les femmes. Par ailleurs, le monitoring s'est intéressé à la visibilité des femmes selon plusieurs domaines ou axes dont la position par rapport à l'information, le domaine d'intérêt, la profession et l'âge. Le constat n'est pas très satisfaisant. L'inégalité entre les genres est frappante. Les femmes expertes, porte-parole sont peu présentes dans les médias. « La part des femmes interpellées par les médias est encore plus réduite que leur visibilité globale. Elles ne dépassent leur moyenne que dans les positions « de Madame tout le monde » et dans celles que donnent les émissions audiovisuelles de divertissement », selon les résultats préliminaires du monitoring. Image négative Malgré les efforts déployés par les organisations à vocation féministe et féminine, les médias présentent toujours une image négative de la femme. Celle-ci est également sous représentée en comparaison avec l'homme qui accapare le paysage médiatique surtout après la Révolution. Que faut-il faire alors pour renforcer la présence de la femme dans les supports écrits et audiovisuels ? Le plaidoyer reste parmi les meilleures solutions à adopter. Il s'agit d'ailleurs de la deuxième phase sur laquelle sera axé le projet d'observation des questions de genre dans les médias. A rappeler, dans ce contexte, que le projet a été réalisé par le groupe arabe d'observation des médias en partenariat avec deux associations tunisiennes à savoir : le Conseil des Libertés en Tunisie et la Coalition pour les Femmes de Tunisie. Finalité commune : faire un état des lieux de l'évolution des performances des médias en Tunisie dans le traitement de la question du genre. Le projet s'intéresse essentiellement, à l'image des femmes qu'ils diffusent à travers les thèmes traités, l'abondance et le choix des personnages féminins ou la transmission de stéréotypes sociaux. Il comprend ainsi deux étapes. La première phase est celle d'observation, c'est-à-dire le monitoring des médias écrits et audiovisuels. Pour ce qui est de la deuxième phase du projet, elle sera axée sur le plaidoyer lequel sera adressé aux médias, à la société civile et aux autorités.