“Nos approches économiques et sociales diffèrent de celles de l'Union pour la Tunisie", affirme Ahmed Seddik, dirigeant du Front Populaire “Le programme du front populaire manque de réalisme par ces temps de mondialisation", estime Lazhar Akremi, dirigeant de Nidaâ Tounes La question de l'alliance entre l'Union pour la Tunisie ( coalition regroupant Nidaâ Tounes, le Parti Républicain, Al Massar, le Parti du travail patriotique et démocratique et le Parti socialiste ) et le Front Populaire , une coalition regroupant une douzaine de formations de gauche, semble plus que jamais à l'ordre du jour. Et pour cause: les derniers sondages font ressortir qu'Ennahdha et Nidaâ Tounes restent aux côtés à coude, avec des écarts qui se réduisent de plus en plus entre les deux partis. Selon un sondage publié le 1er mars par le cabinet Emrhod Consulting, Ennahdha récolte 19,5% des intentions de vote pour les élections législatives . Il est talonné par le parti Nidaâ Tounes de Béji Caïd Essebsi, avec 18,7%, le Front Populaire ( 7,5%), l'Alliance Démocratique, le Congrès pour la République et l'Initiative ex aequo avec 4,7% , le Parti Républicain (2,4%), Wafa (2,2%) la Pétition populaire pour la liberté, la justice et le développement (1,9%) et Ettakatol (1%). Autant dire que le Front Populaire est capable de faire pencher de façon claire la balance d'un côté ou d'un autre d'autant plus qu'il est la troisième force politique du pays. Et c'est pour cette raison d'ailleurs que la coalition constituée par Hamma Hammami et ses “camarades" est de plus en plus courtisée par l'Union pour la Tunisie. En attestent les appels de pieds incessants adressés par les partis membres de l'Union pour la Tunisie en direction de la coalition de gauche. Le dernier en date a été lancé, dimanche dernier, par Maher Hanine, membre du Bureau politique du Parti Républicain. En finir avec l'effritement de l'opposition S'exprimant en marge d'un meeting tenu à Sfax, M. Hanine a indiqué que Front Populaire “pourrait se rapprocher de l'Union pour la Tunisie dans les prochaines semaines". Et d'ajouter: “ Les idées et les projets de société prônés par L'Union pour la Tunisie et le Front Populaire sont très proches même si quelques divergences existent. L'intérêt national doit être pris en considération d'autant plus que l'effritement de l'opposition et l'éparpillement des voix auront des retombées néfastes sur les acquis modernistes et l'avenir du pays en général". Le dirigeant du parti Républicain a également fait savoir lors de ce meeting marqué par la présence de représentants du Front populaire que les discussions avancent entre les deux coalitions en ce qui concerne le congrès national contre la violence et le congrès du dialogue national. De son côté, le secrétaire général du Parti Socialiste Mohamed Kilani, a affirmé au cours d'un meeting tenu dimanche à Monsatir que l'Union pour la Tunisie n'émet aucune réserve pour établir des relations avec le Front populaire , tout en indiquant que la constitution d'un front politique est la seule solution à même de préserver et protéger la République et l' Etat civil. « Notre avenir c'est d'aller de l'avant et d'être uni quelles que soient nos différences », a-t-il dit. Programmes économiques incompatibles Au sein du Front Populaire, on estime qu'une alliance avec l'Union pour la Tunisie" n'est pas raisonnable" d'autant plus les programmes des deux coalitions sont incompatibles. “Nos approches économiques et sociales diffèrent de celles de l'Union pour la Tunisie. Nous prônons un modèle économique axé sur le partage équitable des richesses et la préservation du pouvoir d'achat des couches sociales démunies alors que l'Union pour la Tunisie défend le modèle libéral. Nous ne pourrons, de ce fait, pas présenter aux électeurs un programme commun", précise Ahmed Seddik. Même son de cloche chez Lazher Akremi, dirigeant de l'Union pour la Tunisie et porte-parole de Nidaâ Tounes: “ Le programme du front populaire manque de réalisme par ces temps de mondialisation. On ne peut plus parler de socialisme et de dirigisme étatique en ces temps où le monde entier ne jure que par l'initiative privée", souligne-t-il. M. Akremi a , toutefois, des visions presque identiques en ce qui concerne la lutte contre la violence politique, la détermination d'un calendrier électoral ou encore la mise en place des instances de régulation.