Le 18 janvier 2012, le chalutier « Moufida », coule au large de Zarzis. Bilan définitif : huit morts et cinq rescapés sur les treize membres de l'équipage. Le 28 février 2013, les treize marins-pêcheurs du chalutier « La Victoire », disparu au large des côtes de Kerkennah, périssent tous dans le naufrage de leur bateau. Hier les treize membres de l'équipage d'un autre chalutier auraient péri au large de Mahdia, sans le secours de la garde maritime. Autant de drames de la mer qui attestent des hauts risques du métier de marin-pêcheur. Mais, s'il n'est pas possible d'éviter les drames de la mer, il est par contre possible d'en atténuer un tant soit peu l'effet sur les familles sinistrées, en remédiant aux insuffisances juridiques et procédurales qui empêchent l'accès des ayants-droit à des prestations et à des indemnités raisonnables. Carences et dysfonctionnements Or, la médiatisation des accidents de la mer a justement permis de mettre à nu les carences et les dysfonctionnements en matière de couverture sociale au profit des équipages des bateaux de pêche en Tunisie. La situation en est doublement calamiteuse pour les familles des morts lors des naufrages ou autre sinistre. Elle l'est triplement, encore, lorsque le décès n'est pas légalement ni officiellement établi comme c'est le cas pour les marins-pêcheurs portés disparus, mais pas encore retrouvés. Dans ce cas, les ayants-droit n'auront pas fini de pâtir des interminables formalités administratives, tout aussi harassantes que coûteuses, surtout pour des familles sinistrées, endeuillées et qui plus est démunies, en proie au dénuement et à la déprime. Rien que des miettes Plus dramatiques sont encore, les résultants des démarches semées d'embûches : une misérable indemnité de décès et une non moins dérisoire pension seront servies en fin de parcours. A ce propos, le directeur de l'Union Régionale de l'Agriculture et de la Pêche à Sfax, Ali Cheour, fait état de montants insignifiants si situant autour de deux mille dinars pour l'indemnité de décès et de cent-vingt dinars pour ce qui est de la pension mensuelle. Ce qu'il nous a raconté ,par exemple , à propos du calvaire des familles de trois marins-pêcheurs, retrouvés, six ou sept mois après leur disparition, dans les morgues de Zouara et de Tripoli au cours des démarches administratives pour récupérer les corps des leurs, relève plutôt du genre épique. Quelle couverture pour les fortunes de mer ? La fortune de mer est une expression qui englobe tous les événements dommageables, liés à l'état de la mer et au vent et qui surviennent pendant une expédition en mer, à l'exemple des pertes et des dommages subis par les embarcations comme les naufrages et les échouages. Selon Ali Cheour, avant 2004, les armateurs étaient tenus de souscrire une assurance pour leurs bateaux et leurs équipages pour avoir la couverture nécessaire contre les éventuelles fortune de mer. Par conséquent, en cas de sinistre comme les naufrages, les équipages victimes d'accidents corporels avaient droit à une indemnisation conséquente qui pouvait s'élever en cas de décès à vingt-cinq mille dinars par personne. Depuis 2004, on n'exige plus des marins qu'une affiliation à la CNSS, ce qui explique la modicité des dédommagements. La solution idéale selon le directeur de l'Union Régionale de l'Agriculture et de la Pêche à Sfax, serait d‘apporter les modifications nécessaires au statut du fonds de repos biologique pour lui permettre d'assurer la couverture des risques et des dommages corporels subis par les membres des équipages durant leur travail. faute de quoi ,il y aura toujours de veuves et des orphelins livrés à leur sort, sans soutien de famille ni ressources pour vivre dignement.