En dépit du souci majeur de la propagation inquiétante et nocive des ordures, qui tracasse indéfiniment la population de l'île pour réduire leur quotidien à un calvaire insoutenable, la commémoration du 40è jour du lâche assassinat du martyr Chokri Belaïd n'est pas passé inaperçue et a été dignement fêtée. L'heureuse initiative du lâcher de ballons, lancée méritoirement par le collectif citoyen Nafass de journalistes et d'artistes en commémoration de l'événement, a eu vite un écho auprès de quelques composantes de la société civile, dont notamment l'Association Citoyenneté et Libertés dont les membres se sont mobilisés pour inclure Djerba dans la liste des villes honorant leur engagement vis-à-vis de la mémoire du martyr. Même s'ils n'étaient pas trop nombreux comparativement aux autres cités impliquées, les manifestants étaient de tous bords, de tous âges, hommes, femmes et enfants, agréablement bruyants, spontanés, enthousiasmés, mus par une volonté commune de rendre hommage, eux aussi, au martyr Chokri Belaïd, en guise de reconnaissance à celui qui symbolise la lutte pour la liberté d'expression et contre toutes formes de violence, à celui qui leur avait donné, de son vivant, à ne point baisser les bras, à espérer et à croire en un avenir meilleur, et de perpétuer sa mémoire à travers le message symboliquement véhiculé par le lâcher des dizaines de ballons aux couleurs du drapeau national et sur lesquelles ont été imprimés le portrait du martyr et le slogan « Non à la violence », conformément aux consignes communes réglementant l'opération. Réunis à l'Avenue Habib Bourguiba à Houmt-Souk depuis 11h30, comme prévu, ils ont attendu midi, se contentant entretemps de scander des slogans élogieux en l'honneur du martyr ou réquisitoires à l'encontre du parti dominant au pouvoir et de ses adeptes, pour ensuite lâcher tous ensemble les dizaines de ballons regroupés en bouquets.