Parler d'abus sexuels contre les mineurs et les enfants dans les supports de médias, a toujours été un sujet tabou en Tunisie. Il était en fait, rare d'évoquer cette question dans des reportages télévisés ou sur les colonnes des journaux à l'exception des faits divers. Mais le dernier incident dramatique survenu dans un jardin d'enfants de la banlieue nord de la capitale a changé la donne. Une frénésie de couverture de ces sujets a été constatée dans les différents médias : radios, presse écrite et chaînes télévisées. Certes, l'initiative est à saluer car, les journalistes ont réussi, grâce à la Révolution, à briser le silence. Ils ont pu présenter à l'opinion publique des sujets longtemps occultés dont, le viol des mineurs, l'inceste, l'abus sexuel sur les enfants. Mais là où le bât blesse, c'est la manière par laquelle les enfants victimes de ces actes ont été traités. Les principes directeurs supposés être appliqués dans la couverture de ce genre de sujet n'ont pas été respectés. Est-ce par ignorance ? Fort probablement. Mais ce n'est pas tout. Nombreux sont les supports qui ont couvert ces sujets sans accorder beaucoup d'attention aux enfants victimes d'abus. Leur seul souci était d'augmenter les ventes et l'audimat. Ce souci est légitime, toutefois il ne doit pas être réalisé au détriment de la déontologie du métier et de l'éthique journalistique. Il importe en effet de respecter les principes directeurs dans ce genre de reportage. Ils sont d'ailleurs, arrêtés par le Fonds des Nations Unies pour l'Enfance. l'UNICEF, qui considère que « la dignité et les droits de tout enfant doivent être respectés en toute circonstance ». « L'intérêt supérieur de tout enfant est plus important que toute autre considération y compris le plaidoyer pour les questions relatives à l'enfant et la promotion des droits de l'enfant », selon l'UNICEF. Dès lors, les interviews faites avec des enfants ne doivent pas indispensablement nuire à ces petites créatures. Il importe d'éviter les interrogations et les commentaires qui reflètent des jugements de valeur, ou qui raniment la douleur ou le chagrin provoqués par des événements traumatisants. Ces règles n'ont pas été respectées malheureusement, dans plusieurs cas où, les journalistes se sont permis de faire témoigner des petites filles qui ont fait l'objet de viol par « un papa » ou par un adulte. Les exemples sont devenus nombreux avec les émissions diffusées sur les chaînes Tounsia TV et Hannibal TV. Convention des droits de l'enfant La convention relative aux droits de l'enfant réglementant les droits de cette tranche d'âge à la vie privée et à la protection dans tous les médias n'a pas été respectée. Ladite convention stipule d'ailleurs, que lors de la création d'image, il est obligatoire de prendre en considération ce facteur. Par conséquent, « les groupes d'enfants à risque » énumérés par l'UNICEF ne devraient jamais être identifiés visuellement, recommande le Fonds des Nations Unies pour l'Enfance. Il est indispensable de protéger la vie privée des enfants victimes d'abus sexuels, les enfants vivant avec le VIH-SIDA ainsi que ceux qui sont accusés ou reconnus coupables d'un crime. Il faut par ailleurs « changer le nom et masquer l'identité visuelle de tout enfant victime d'abus sexuel ou d'exploitation sexuelle, d'enfant auteur d'abus sexuel ou d'actes de violence physique... », toujours d'après l'UNICEF. Ces principes n'ont pas été respectés, alors qu'il fallait accorder beaucoup d'attention à cette question pour mieux traiter ces sujets considérés auparavant tabous tout en préservant la vie privée du tiers de la population tunisienne.