Combien nous coûtent ces messieurs qui nous représentent, et qui sont chargés e défendre nos droits et préserver l'intérêt général ? Bonne question, notamment en pareille conjoncture dénotant d'un marasme économique croissant, avec une flambée de prix jamais connue auparavant et un taux de chômage augmentant de jour en jour. C'est que nos élus sont là justement pour nous éclairer sur une telle situation, agir auprès des responsables qui nous gouvernent, et voir avec eux les mécanismes à mettre au point, pour redresser la barre et éviter le pire. C'est à eux de transmettre dans l'hémicycle, les doléances des contribuables qui tirent la langue et se plaignent de ne pas arriver à joindre les deux bouts, à quelque secteur économique qu'ils puissent appartenir Le couffin du consommateur rétrécit de jour en jour comme la peau de chagrin de Balzac, à cause des prix galopant et une politique économique du laisser-aller, fondée du reste sur une absence totale de transparence et une concurrence tout ce qu'il y a de plus déloyale. Pour en être convaincu, il suffit de voir la prolifération des marchés parallèles à travers toutes les régions du pays, ainsi que celle de la contrebande, surtout les produits importés soumis au contrôle de la douane. Passe encore que nos élus soient empêchés de se pencher sur ces problèmes, étant occupés à discuter l'avant-projet de la prochaine Constitution, ou la loi sur l'instance supérieure de la Justice. Mais qu'ils fassent du vote d'une loi concernant l'augmentation de leurs indemnités, une priorité, cela ne peut que susciter l'irritation de la plupart des membres de la composante civile, dont certains partis d'opposition, ainsi que des associations de juristes et de défense des droits de l'Homme.
Un pavé dans la mare La réaction de Mongi Rahoui, député du Mouvement des patriotes démocrates ( Watad ) a déclenché la polémique sur cette loi, en déclarant aux médias qu'étant rétroactive cette loi permettra aux élus de toucher sur cette des rappels pouvant atteindre la somme de 39 mille dinars, à l'instar de Meherzia Laâbidi, vice présidente de la Constituante. Ce qui est scandaleux, affirma-t-il, surtout en pareille conjoncture, et c'est pourquoi il s'oppose à ce qu'une telle loi soit votée. La polémique alla crescendo avec la réplique du député Ennhadha Sahbi Atig, qui déplora qu'un élu à l'assemblée « puisse accuser ses collègues de voleurs qui veulent faire main basse sur l'argent des pauvres, ce qui porte atteinte à l'image de marque des élus du peuple » a-t-il fait remarquer. Il faut dire que cette intervention de Mongi Rahoui, le vendredi dernier, a semé pendant quelque temps le trouble au sein de l'assemblée. En effet, le deuxième vice-président de l'assemblée, Larbi Ben Salah Abid, l'a interrompu pour faire part de son indignation, avant de décider la suspension de la séance, sous les applaudissements de certains membres de l'assemblée en signe d'approbation, alors que d'autres acclamaient Rahoui.
Une loi anticonstitutionnelle Selon le rapport de l'observatoire tunisien pour l'indépendance de la magistrature cette loi est à abroger, étant anticonstitutionnelle. En effet, les élus du peuple doivent tenir compte de l'intérêt général et de la qui prime sur tout autre intérêt. Il importe selon le même rapport de continuer à appliquer le décret-loi d'application de la loi de finances de 1989 relatif aux indemnités des membres de la chambre des députés,en attendant un projet de révision des indemnités qui sera soumis à l'approbation de chef du gouvernement, seul compétent en l'occurrence. En tout état de cause, le problème des salaires membres de l'assemblée ne doit pas soulever un tel tollé, de la part des élus eux-mêmes de surcroît. Leur souci, en pareille conjoncture, concerne des domaines plus sérieux et plus urgents. L'augmentation des indemnités de la Constituante n'est pas plus urgent que le problème de ceux qui sont encore sans emploi, et sans ressources. La reprise de la discussion du projet sera reprise aujourdhui, dans un climat qui sera espérons-le plus serein et surtout plus favorable à la décision la plus pondérée et la plus conforme à l'intérêt du citoyen.