Dans l'interview qu'il a accordée à Nessma TV, lors de la soirée de dimanche 28 avril, Béji Caïd Essebsi nullement effarouché, lucide et déterminé, dit se porter candidat à la prochaine élection présidentielle. Concernant les deux obstacles à cette candidature, à savoir la loi sur l'immunisation de la révolution entrave qui semble le viser personnellement et la limite d'âge que conditionne le projet de constitution (75 ans, alors qu'il en a 86 ans), il esquive et feinte fidèle à son habitude pour expliquer que ces obstacles doivent être surmontés. Il renvoie la balle à ceux qui veulent les poser. L'homme choyé des sondages est résolu à aller jusqu'au bout de ses intentions. Yassine Brahim, secrétaire exécutif d'Al-Joumhouri, précise au Temps que « c'est quelque chose qu'on pouvait anticiper. Si Béji Caïd Essebsi a expliqué qu'il le fait pour le pays et pour le servir. II bénéficie d'une aura après avoir réussi la première étape de la transition. Dans le parti Al-Joumhouri, nous sommes contre la limite d'âge. Ahmed Néjib Chebbi, membre de la commission des pouvoirs exécutifs et législatifs et des relations entre eux, l'a exprimé. C'est à l'électeur de choisir qui peut être président. Par ailleurs, il est vrai que c'était quelque part une surprise. Politiquement, je pense que c'est quelque chose de bien joué. Beaucoup de gens voient que le succès de Nida Tounès revient à la personnalité de Si Béji. Nous verrons ce que feront ses adversaires avec l'article de limite d'âge et la loi d'immunisation. Nous aurons des discussions très intéressantes durant les semaines à venir ». Samir Taïeb, porte-parole d'Al-Massar affirme au Temps, que « Béji Caïd Essebsi a exprimé son droit le plus absolu d'être candidat. Il doit mener une bataille légitime. Le plafond de l'âge n'existe pas dans les démocraties. La question sera posée dans son propre parti et puis dans le cadre de l'Union pour la Tunisie. Il y aura d'autres candidats. On trouvera les mécanismes de prise de décision ». Abderrazak Hammami, secrétaire général du Parti du Travail Patriotique et Démocratique rappelle au Temps que « Si El Béji est le président d'un des plus grands et plus importants partis politiques en Tunisie. Les partis ont pour rôle d'assumer leurs responsabilités dans la gestion de la chose publique et dans les échéances électorales. Si El Béji a assumé ses responsabilités et a dit qu'il était prêt à être candidat à l'élection présidentielle. C'est une décision que nous respectons. C'est la décision de Nida Tounès. D'autres partis peuvent présenter des candidats. Nous avons une réunion jeudi prochain. Au sein de notre parti, nous n'avons pas encore étudié la question de la candidature à l'élection présidentielle ». Mohamed Kilani, secrétaire général du Parti Socialiste affirme au Temps que « la candidature de Si El Béji entre dans le cadre de la défense du droit élémentaire de se présenter à la présidence qui devrait être sans limite d'âge. Son droit doit être préservé. L'article du projet de Constitution limitant l'âge de la candidature à la présidentielle rappelle ce que faisait Ben Ali. A mon sens Béji Caïd Essebsi agit pour se défendre. Ça va être un bras de fer à engager. Il y a d'une part la volonté populaire et de l'autre la volonté de certains constituants. L'article limitant l'âge peut être révisé. Cette volonté d'éliminer les opposants ne doit pas passer. Si je vois la chose de façon pragmatique, cette attitude m'amène à accepter la candidature de Si El Béji. C'est le seul qui peut faire face à un candidat de la Troïka. Certaines personnalités peuvent d'être candidats comme Ahmed Néjib Chebbi, Taïeb Baccouche et Mustapha Kamel Nabli. Beaucoup de figures ont la possibilité d'être candidats. Comme la situation est exceptionnelle, pour garantir des chances de réussite, je pense pragmatiquement à Béji Caïd Essebsi ». De son côté Mohamed Bennour, porte-parole d'Ettakatol (une des composantes de la Troïka), affirme au Temps «qu'il est encore tôt de se prononcer. La question de limite d'âge est encore en projet. Il y a une discussion profonde à faire. Rien ne dit que l'article va être adopté tel qu'il est. En tant que Démocrate, j'estime que tous les Tunisiens qui répondent aux conditions ont le droit de présenter leur candidature à la magistrature suprême. Il faut longtemps réfléchir avant d'adopter la Constitution. Il faut un consensus qui réponde aux intérêts de la Tunisie et pas aux intérêts des partis ». De son côté Hédi Ben Abbas, un des dirigeants du Congrès pour la République (CPR) est assez sceptique vis-à-vis de la candidature de Béji Caïd Essebsi. Il a rappelé sur les ondes de Mosaïque FM, que selon la copie actuelle du projet de Constitution « Béji Caïd Essebsi ne répond pas à la condition d'âge ». Est-ce un problème d'âge, ou d'une volonté d'éviter une candidature qui dérange ?