Une exposition tout à fait inédite a eu lieu à Tunis, mettant sous les feux de la rampe le tapis de Gafsa. Une exposition qui marie le savoir-faire artisanal des femmes de la région et de designers tunisiens et hollandais. En somme, des œuvres collectives comme ode au patrimoine artisanal et un regard sur le désir contemporain et la demande des marchés internationaux. L'aventure a commencé en 2008, avant même que le renversement de l'ancien régime n'ait lieu. Qui dit 2008 en Tunisie, dit l'Affaire Redaief, l'émeute du bassin minier et les premiers ouvriers martyrs post-indépendance. Des évènements qui ont marqué les premiers signes avant-coureurs de la colère irrévocable des régions démunies. Le tissage traditionnel à l'honneur Gafsa, 15 mille années d'Histoire, était l'une des villes où la pauvreté était humiliante, où le développement socioéconomique était à néant. Malgré une richesse historique, culturelle, artisanale et intellectuelle notoire, les habitants vivaient dans la précarité la plus opprimante. Pour y remédier, le bureau de l'ONUDI Tunisie (Organisation des Nations Unies pour le Développement Industriel) a lancé un projet pilote depuis 2008. Appelé CAPSA CARPET, ledit projet a pour objectif de développer et renforcer les capacités de la région dans le but de créer des emplois dignes et durables pour la jeunesse longtemps martyrisée par le chômage. Voulant faire bénéficier au maximum les habitants et les jeunes de la région, l'ONUDI a tenu à ce que les protagonistes du projet CAPSA CARPET qui ne sont autre que les artisanes du tapis de Gafsa et les jeunes diplômés en design de l'Institut des Beaux Arts de la ville. Des rencontres et des formations cycliques ont été organisées par l'ONUDI qui, a été soutenu financièrement par un financement espagnol issu du grand projet F-OMD (les Objectifs du Millénaire pour le Développement). Les échanges à la fois artistiques et techniques entre artisanes du tapis, jeunes designers tunisiens et hollandais autour du concept «Design équitable» que l'un des partenaires du projet, SeeMe a introduit, ont permis d'élargir les perspectives. Ce groupe hétéroclite est composé par d'anciennes artisanes,de jeunes filles nouvellement diplômées dans ce secteur, des commerçants, des étudiants, des représentants de la société civile, des étudiants et organismes étatiques et internationaux. Un programme solide pour une meilleure qualité Après avoir évolué et analysé les diverses potentialités du développement du secteur du tissage ras dans la ville de Gafsa et son apport en termes de promotion socio-économique, trois ateliers, ainsi que des sessions thématiques ont eu organisés. L'objectif est d'étudier ensemble l'état actuel du secteur, de sensibiliser les participants aux besoins de la demande contemporaine du marché international en matière de tissage ras. Ensuite, il s'agissait de voir ensemble les possibilités d'entreprenariats et d'initier les participants aux techniques de création d'entreprises tout en leur apprenant la procédure d'établir des business plan. Les ateliers avaient aussi pour desseins d'apprendre aux participants les nouvelles techniques de communication pour une meilleure commercialisation par le biais des nouveaux moyens technologiques (réseautage, sites web, réseaux sociaux). Bien évidemment, des sessions portant sur la qualité et l'innovation ont été données aux participants au projet CAPSA CARPET. Ledit projet est soutenu par plusieurs institutions, organismes et experts tunisiens, à l'instar de la Banque Tunisienne de Solidarité, l'Office national de l'Artisanat, Enda Inter_ Arabe, Mme Douja Gharbi (experte en Entreprenariat) ou encore M. Mohamed Njeh (expert en Design), etc. Cette pléiade d'experts a animé 4 workshops d'assistance en hard skills : la technique de production, de tissage et la qualité du produit ; le design, l'adaptation du tapis à la demande actuelle et la création d'un Label produit ; la stratégie commerciale et le marketing produit : l'accompagnement continu. Au terme de cette aventure qui a duré 4 ans, le bilan a donné plus d'une cinquantaine de participants qui ont joui d'une assistance technique. Ces derniers ont créé 20 nouveaux chefs-d'œuvre en matière de tissage ras dont la moitié a été exposée au public, et sera aussi présente au prochain salon de l'Artisanat et à la galerie Droog Design à Amsterdam.