Le 2 Mai courant la justice a tranché définitivement et a mis fin à une parodie qui n'a que trop duré en acquittant le Doyen de la Faculté des Lettres et des Humanités Habib Kazdoghli et en condamnant les deux étudiantes niqabées à deux mois et quatre mois de prison avec sursis. A cette occasion la Fédération générale de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique a relevé que la justice a donné raison aux universitaires. Il en est ainsi du Tribunal administratif qui s'était prononcé en rendant un jugement en faveur de la direction de la Faculté des Sciences de Tunis qui avait empêché une niqabée d'entrer à la salle d'examen. Un autre jugement avait été prononcé en faveur de la Faculté des Lettres de Sousse qui avait refusé d'inscrire une niqabée après que celle-ci ait intenté une action auprès du Tribunal administratif. Houssine Boujerra précise dans un communiqué publié au nom de la Fédération, que le ministère de l'Enseignement supérieur n'a pas tiré les leçons de ces jugements puisqu'il a entamé une action auprès du Tribunal administratif. Celui-ci a confirmé le même verdict. Le ministre reparle encore une fois de son intention de porter l'affaire pour la énième fois auprès du Tribunal administratif. Il irait jusqu'à la porter devant l'Assemblée Nationale Constituante. Les positions des tribunaux versent dans le même sens que les positions prises par les Conseils scientifiques et les Conseils des universités. Toutefois, le ministère de tutelle continue à s'en tenir à son propre point de vue et celui de parties étrangères à l'université. Ce sont des parties réputées pour l'utilisation de la violence dans leurs rapports avec les enseignants universitaires, les étudiants et les fonctionnaires…Avant que le tribunal ne prononce son verdict concernant l'affaire du Doyen de la Faculté des Lettres de la Manouba, l'attentisme du ministère à propos du sit-in des niqabées de la Faculté des Sciences de Tunis, a alimenté les craintes, quant au déroulement des examens puisque les promoteurs de ces actions de contestations voulaient défier les lois et les textes organisant les cours et le déroulement des examens en imposant leurs choix par la force. La tutelle voulait défier les décisions des instances pédagogiques élues. Elle n'a pu briser la volonté inébranlable des universitaires et de leurs instances représentatives pédagogiques ou syndicales. En agissant de la sorte, le ministère ne fait que se déconsidérer. Il a versé dans les manœuvres. Il a exercé une pression sur les Conseils des universités dans deux réunions. Le ministre voulait que le Conseil suspende les décisions qui exigent de découvrir le visage. A deux reprises successives, le Conseil des universités avait rejeté la proposition du ministre. Houssine Boujerra affirme que ces pressions sont illégales et sont une ingérence inacceptable dans les prérogatives des conseils de facultés. La Fédération générale de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique tout en félicitant les instances judiciaires, est persuadé que les recteurs continueront à défendre l'indépendance de l'université et des universitaires. Le secrétaire général de la Fédération considère que l'évocation du problème des niqabées devant les membres de l'Assemblée Nationale Constituante (ANC) était une manière de soutenir le sit-in des niqabées de la Faculté des Sciences. Le syndicat et les instances pédagogiques avaient été empêchés d'exprimer leurs points de vue au Palis du Bardo, comme si le ministre était le seul habilité à parler des problèmes de l'enseignement supérieur. Plusieurs membres de l'ANC avaient exprimé leurs refus de l'ingérence du ministre dans les médias. La Fédération déplore que le ministère ait fait machine arrière et renié l'accord signé le 22 avril dernier. Dans cet accord il est stipulé que les libertés académiques et l'indépendance des instances pédagogiques élues doivent être respectées. La Fédération demande toujours au ministère de publier une circulaire claire conforme aux décisions des instances pédagogiques et à respecter ses engagements signés. Par ailleurs, elle tient toujours à ce que le visage soit découvert à l'intérieur des salles de cours et d'examen pour des raisons pédagogiques et sécuritaires. La Fédération soutient le Conseil scientifique de la Faculté des Sciences de Tunis et le syndicat de base des enseignants universitaires de cette faculté dans leur revendication de vider l'espace consacré aux examens et les autres espaces de la faculté des sit-inneurs. Les décisions du Conseil scientifique à propos de l'organisation des examens doivent être respectées. La fédération fait porter la responsabilité de toute éventuelle perturbation des examens au ministère de tutelle. Avec ses positions molles le ministère aura donné le feu vert ceux qui appellent à l'escalade et non à la raison et au respect des lois et des règlements intérieurs.