Dix ans après « Swimming pool » le cinéaste français François Ozon revient à la compétition de Cannes avec « Jeune et jolie », un film qui traite de l'adolescence. Un passage dans lequel les jeunes sont à la recherche de leur identité et de leur sexualité. C'est l'histoire d'une jeune fille qui se prostitue. "Dans tous les films français et autres, j'ai l'impression que l'adolescence est idéalisée, sublimée alors que moi je garde un souvenir douloureux de ma propre adolescence", a expliqué à la presse François Ozon, "L'idée était de faire un portrait d'une jeune fille d'aujourd'hui ancrée dans une certaine réalité mais ne pas donner toutes les réponses, partager le mystère (d'Isabelle) avec les spectateurs", a-t-il poursuivi. Le réalisateur filme les scènes de sexe avec distance, évitant les images sordides même si les actes sont là. "Le spectateur est intelligent. Je n'ai pas à donner toutes les clés, à surligner les choses", a-t-il souligné. Incarnant Isabelle, le personnage principal, Marine Vacth, ancien mannequin devenue récemment actrice raconte avoir "beaucoup discuté avec François Ozon en amont du rôle". "Cela s'est fait assez simplement. Isabelle ne s'explique pas, ne s'excuse pas. Elle vit ce qu'elle sent devoir vivre à ce moment-là", a déclaré la jeune. Elle explique qu'elle est "très différente" du personnage de Isabelle/Léa mais qu'elle a "de l'empathie pour elle, envie de l'accompagner, la comprendre". Pour Ozon, l'adolescence est une période de désillusion, l'amour n'est pas ce qu'on espérait, les choses se fissurent". Ce drame fait le portrait d'une jeune fille de 17 ans en 4 saisons et 4 chansons. Sa vie est plutôt particulière puisque la demoiselle se prostitue. Ozon passe de la comédie au drame mêlant les registres, mais il gagne encore en fluidité, en maîtrise du récit et des ellipses. « Jeune et jolie » s'affirme peu à peu comme une exploration de la solitude adolescente, affective et sexuelle. Une étude pleine d'empathie sur l'envie et l'impossibilité d'aimer – physiquement ou sentimentalement, selon les saisons. Quatre chansons de Françoise Hardy (dont deux signées Michel Berger) ponctuent cette histoire, et en révèlent soudain l'ampleur mélancolique. « Jeune et jolie » s'inscrit amplement dans la tendance du cinéma français intimiste et littéraire mais le réalisateur met le doigt là où ça blesse en créant la polémique à Cannes par ces propos : « la prostitution est un fantasme pour plusieurs femmes » ce qui risque de handicaper son film si le jury voit cela d'un mauvais œil.