Il ne reste plus que quelques jours aux amateurs d'arts plastiques et autres passionnés d'histoire pour admirer l'exposition de peinture visible depuis un mois à l'Hôtel de Ville de Sfax. Initiative de l'Institut National du Patrimoine, l'exposition intitulée : « Mémoire de la Tunisie à partir des tableaux de peinture, de Kheireddine à Bourguiba », comprend une vingtaine de tableaux où les experts peuvent reconnaître la griffe de leurs géniteurs, même en l'absence de signatures. Ces œuvres picturales, jalousement conservées par l'INP, appartiennent en effet, selon le texte de présentation : « Aux plus grands maîtres de la peinture européenne tels que Louis Simil, de Nimes, Auguste Moynier, Alexandre de Belle…ainsi que par les premiers artistes tunisiens, comme Ahmed Osman, El Hédi Khayachi etc… ». L'originalité de l'exposition provient de son inédite mise en vue publique, les œuvres étant sorties pour la première fois du Musée d'Histoire Moderne et Contemporaine ( Bardo, Ksar Saïd) où elles sont conservées. Quant à son intérêt , elle le doit, en plus de la qualité artistique des tableaux, à sa valeur historique, dans la mesure où les toiles évoquent un pan de l'histoire du pays, que ce soit en immortalisant des personnalités politiques à travers les portraits ou en témoignant d'événements saillants ayant marqué le destin du pays. L'exposition présente des portraits de dignitaires de la dynastie husseinite qui avait gouverné le pays de « 1837, début du règne d'Ahmed Bey, jusqu'en 1957, fin de la monarchie, avec le dernier Bey Husseinite, Lamine Bey ». Ces portraits côtoient ceux de deux figures nationales célèbres, en hommage à leur action glorieuse, à leur dévouement à la patrie, à leur esprit moderniste et à leur pensée réformiste, et dont le souvenir restera à jamais gravé dans la mémoire des Tunisiens, du moins ceux qui sont « disposés » à reconnaître leur valeur et leur mérite. Il s'agit de Kheireddine Pacha « Personnage illustre et réformateur qui a essayé de moderniser l'Etat et d'assurer la souveraineté du pays au XIX siècle » et du « Leader Habib Bourguiba, premier Président de la République Tunisienne », figure de proue de la lutte pour l'indépendance, bâtisseur de l'Etat moderne et émancipateur de la femme. Le deuxième lot de toiles est présenté par le dépliant de l'Institut National du Patrimoine en ces termes : « Il vise à montrer des œuvres artistiques glorifiant certains événements historiques marquants de la Tunisie :la toile qui représente Mohamed Sadiq Bey proclamant la constitution de 1861, première constitution dans le monde arabe, la scène de l'entrevue entre Mohamed Sadiq Bey et Napoléon III, à Alger en 1860, et celle du retour des troupes tunisiennes de la guerre de Crimée en 1856, enfin, le chef-d'œuvre de Charles Van Meldheghem qui rappelle la scène d'audience accordée à Bruxelles par le roi des belges, Léopold 1er, en 1861, à certains ministres du Bey, qui reflète à la fois l'importance des relations diplomatiques avec les pays d'Europe et la place de la Tunisie dans la politique méditerranéenne. » A noter que si Sfax a eu l'honneur d'être la première ville à abriter cette splendide exposition, les autres villes qui en exprimeraient le désir pourront l'accueillir à leur tour, comme l'a précisé l'historien Ammar Othmane, inspecteur régional du patrimoine du Sahel Sud.