Le palais Kheireddine accueille depuis le 13 septembre une exposition réunissant une centaine d'œuvres réalisées par 90 artistes de 46 pays du monde venus en résidence dans le cadre du festival international des arts plastiques de Monastir dont la 9e édition s'est tenue du 12 au 22 septembre 2011, à l'initiative de l'Association des Beaux-Arts de Monastir (Abam). L'exposition occupe les espaces inférieurs et supérieurs de la galerie. Espaces d'ailleurs partagés avec le peintre Brahim Azzabi dont les tableaux sont disposés dans deux salles. D'emblée, cela donne un caractère amateur à l'exposition et une impression de mauvais goût. On se demande quel rapport entre les deux expositions ? Cette exposition, placée sous le thème de «Tunisie, source d'inspiration», unique en son genre à être présentée en dehors de la ville de Monastir, est une première pour le festival. Elle réunit des peintres sélectionnés par un comité selon leurs CV et leurs œuvres. Ces peintres ont réalisé leurs nouvelles créations durant dix jours dans des ateliers de peinture en s'inspirant des paysages tunisiens. Les compositions proposées, qu'elles soient figuratives ou abstraites, évoquent en grande partie, la médina sous ses aspects extérieurs : les ruelles claires-obscures, les échoppes d'artisans, les demeures anciennes et leurs portes cloutées, les terrasses des cafés bondées etc. Une image stéréotypée, redondante et un sujet rabâché qui revient comme un leitmotiv dans la plupart des créations picturales. Ces peintres étrangers, partis en villégiature dans les rues de la médina, ont reproduit ses dédales de la même manière que le font les artistes tunisiens dont certains participent à cette exposition. Fascinés par la beauté des paysages urbains et les arcanes des médinas anciennes, les auteurs de ces œuvres ont essayé, chacun son style, de les mettre en valeur, en effectuant de la sorte, un travail de mémoire sur ce patrimoine culturel et architectural. Voici donc la médina se déployant sous toutes ses formes et ses couleurs. Elle offre sa beauté insolente au regard des visiteurs de toutes les nationalités qui tentent de la sublimer par des formes et des couleurs qu'elle a perdu dans la réalité. Une médina fantasmée et ressuscitée par la magie de ces artistes. Ils nous invitent à une randonnée dans des sites ayant perdu leur faste d'antan. Certains regards sont nostalgiques alors que d'autres ajoutent une touche post-révolutionnaire à leur toile. Apparaît alors dans certaines compositions, farouchement exhibé, le drapeau tunisien. Si nous insistons sur cet aspect de l'exposition, c'est que la plupart des œuvres s'intéressent à la médina en raison de la spécificité de son architecture. Mais, il n'empêche que d'autres créations représentent des portraits ou d'autres motifs abstraits. Le regard de ces artistes étrangers sur notre environnement n'est pas différent de celui des plasticiens tunisiens. On retrouve une grande similitude dans leur démarche. Cependant, les artistes méditerranéens sont plus portés sur les couleurs chaudes tandis que les occidentaux, ceux du Nord, sont en majorité dans les tons froids. D'autre part, un jury a récompensé l'artiste plasticienne russe Svetlana Zhuravleva qui a remporté, en ex aequo avec le sculpteur allemand Sascha Unger, le premier prix lors de la neuvième session du Festival international des arts plastiques de Monastir. Ce genre de manifestation contribue au renforcement des liens d'amitié qui unissent les artistes du monde entier et leur attachement à mettre en valeur le patrimoine culturel tunisien. Leur regard est teinté, certes, de nostalgie, mais reste ouvert sur la Tunisie nouvelle d'aujourd'hui.