Depuis le 19 mai dernier, la galerie Chérif Fine Art à Sidi Bou Saïd expose les nouvelles œuvres picturales sous l'intitulé « Paroles de paraphes » signées par le peintre Zoubeir Lasram. A la fois ludique et didactique, l'exposition est un moment de pur plaisir. Zoubeir Lasram artiste rare n'a pas présenté d'exposition personnelle depuis 2002. Cette année, il revient donc avec force en livrant sans aucun détour et avec une simplicité déroutante une série d'acryliques sur bois qu'il a numérotés de 1 à 34 et leur a fait porter le nom de « greffe ». « Je travaille toujours à partir d'un thème précis », indique-t-il. En 2002, il a réalisé une exposition sur le thème de la nature et a intitulé ses œuvres : « Paroles de bouc, « Paroles de pommes » et « Paroles de cactus ». En 2013, avec cette exposition, il étend son jardin pictural en allant piocher du côté des écritures et particulièrement des paraphes de notaires. Tout a commencé pour lui lors de sa rencontre avec Cheikh Mokhtar Ennaifar et son « Recueil de paraphes notoriaux». «J'ai été inspiré par le graphisme des griffes en noir et blanc et j'ai décidé de les interpréter en leur donnant de la couleur. Pour ce faire, j'ai utilisé le feu qui leur donne ce caractère imprévisible» note-t-il en substance. Pour la circonstance, plusieurs techniques plastiques sont mises à l'œuvre : calligraphie, dessin etc. offrant des tableaux semi-abstrait « un jeu de graphisme qui se transforme en des personnages ludiques» aime-t-il à préciser. Un monde imaginaire où la part de rêve occupe une place importante. «Sortir de l'ordinaire» tel est le credo de Zoubeir Lasram pour retrouver la joie de l'enfance baignée de lumière et de couleurs vives. Ainsi, l'artiste nous fait part d'une partie de son jardin secret où apparaissent des variations sur un thème lié à notre patrimoine culturel ancestral. C'est de là que l'œuvre prend ses racines et évolue du « culturellement circonscrit vers l'universellement ressenti ». Zoubeir Lasram fait feu de tout bois. En effet, le feu, le bois des matières naturelles primaires auxquelles il recourt pour donner une dimension magique à ces compositions qui évoquent à la fois le passé, le présent et le futur. Un univers où s'articulent diverses expressions plastiques et esthétiques d'un artiste conscient de l'importance que représentent les documents du passé et de l'enjeu d'un art qui les transcende. Le chemin parcouru entre le paraphe initial transcrit par les notaires d'autrefois, source d'inspiration du peintre, et la création artistique constitue un moment précieux de gestation et de réflexion incarné par des œuvres qui font apparaitre des motifs dont la forme et le fond ont une histoire à la fois commune et personnelle. « La lettre (celle du notaire) perd son sens littéral pour devenir un constituant graphique » nous conduisant vers le paradis de la création et de la créativité seul salut pour l'homme. Un paradis qu'il faut absolument retrouver en compagnie de ceux qui vous sont chers notamment vos enfants.