Tous les artistes qui participent à cette exposition sont connus, ce sont les peintres dont la signature rassure ceux qui auraient peur de se tromper en acquérant une œuvre. Il s'agit de Jalel Ben Abdallah, Ali Bellagha, Abdellaziz Gorgi, Ammar Farhat, Ali Ben Salem, Mahmoud Sehili, Rafik El Kamel, Zoubeir Turki, Ahmed Hajeri, Khalifa Chaltout, Sassi, Dhahak, Othmane Khadrawi, Victor Sarfati, Gorgi…. La signature n'est pratiquement plus nécessaire puisque ces peintres se sont pour la plupart installés dans une facture qui leur est propre et qu'ils ont gardée tout au long de leur activité artistique. Si l'exposition n'a pas de thème particulier, elle regroupe des peintres attachés à la Tunisie, celle qui les a vus naître et grandir, parfois mourir. Malraux a dit quelque chose d'élémentaire à ce sujet : « L'art est la seule chose qui résiste à la mort » Ils sont alors réunis l'instant d'une exposition, morts ou vivants, et l'on se surprend à redécouvrir ces toiles d'artistes empreintes de Tunisie. Avec Ali Ben Salem, de la « Mariée » au « Paradis », il n'y a qu'un pas. Ses gouaches colorées sur papier son pleines de fleurs et de vie. L'émail sur verre date, lui, de 1975 « Les oiseaux du paradis ». On reconnaît Hajeri avec ses peintures hors normes, pleines de fantaisies, il s'amuse dans des compositions originales et inhabituelles qui donnent à l'ensemble un aspect à la fois énigmatique et enchanteur. Othmane Khadrawi grave, peint, assemble, sculpte et ouvre un horizon aussi ample et mystérieux que notre âme à l'imagination. Sassi s'égare dans les yeux des femmes par le biais de la « rêveuse » mais aussi, avec ce qu'il appelle l'arbre de vie et ses contours suffisamment flous pour nous laisser deviner plutôt que de tout dévoiler. Sarfati s'exprime à travers « La ruelle » et ses célèbres « chevaux », à l'aquarelle, technique qu'il maîtrise parfaitement. Les peintures d'Abdelaziz Gorgi sont des gouaches sur papier, l'une est très ancienne, encore figurative, elle a été réalisée avant qu'il ne s'amuse à désarticuler ses personnages. Les dessins sur papier de Zoubeir Turki nous rappellent à son bon souvenir, ce dernier nous ayant quittés, il n'y a pas si longtemps. Brahim Dhahak en peignant à l'huile sur panneau, dénude avec pudeur son « Couple à la mer », à la « Chaleur d'été ». Ali Bellagha grave ou sculpte dans le bois pour donner des formes colorées à ses portraits. À partir de sa technique et de ses couleurs, il a créé son propre langage pictural. Les peintures « Femme à la colombe » ou « la mer », de Jalel Ben Abdallah, véritables hymnes à la féminité, sont toujours d'une finesse qui leur valent d'être souvent encore enviées et copiées. Ainsi les artistes exposent sans vraiment être au fait de ce que leurs œuvres suscitent en nous et sans que l'on soit certain que ce qui apparaît à nos yeux et dans notre cœur, fût tout à fait ce qu'ils souhaitaient exprimer mais rien ne sert de chercher à vraiment comprendre quand on sait que la peinture doit rester avant tout, une question de cœur. Mais on a beau parler d'exposition, rien n'est plus intéressant que de se rendre sur place…à voir ou à redécouvrir…