Le parti libre du Destour (parti libre constitutionnel tunisien) qui prit le relais au mouvement jeunes Tunisiens de Bach Hamba et ses compagnons, avait rassemblé en son sein tous ceux qui réclamaient que le régime fût doté d'une constitution qui limiterait les pouvoirs absolus du souverain, en l'occurrence le Bey agissant sous la couverture du protectorat français mais aussi sous la tutelle de celui-ci. C'était en fait la revendication essentielle primordiale et capitale, et la condition sine qua non, afin que le pays pût recouvrer sa souveraineté. Ce fut sur cette base que le parti du Destour (mot arabe équivalent à constitution, mais qui serait étymologiquement d'origine turque) fut constitué par tous les adeptes de cette idée exprimée par le militant et l'un des principaux fondateurs de ce parti, Abdelaziz Thaâlbi dans son livre paru à Paris en 1919. La Tunisie martyre. Institué en 1920, ce parti réunissait des notables tunisois (dont un seul monastirien Ahmed Sakka) tels que Tahar Ben Ammar ou Ali Kahia des Zeïtouniens tels que Thaâlbi, Ali Kahia, Mohieddine Klibi, ou avocats comme Tarek Jmaïel, Hassen Guellati, Mohamed Noomane ou encore des intellectuels et hommes de lettres tels que Hassine Jaziri, Sadok Zmerli et bien d'autres. En décembre 1920, une délégation dépêchée par le Destour à Paris et qui était présidée par Tahar Ben Ammar avait pour but de rencontrer des personnalités politiques françaises en vue de faire entendre la cause tunisienne. Cependant qu'à Tunis des dissensions commençaient à surgir entre les membres du Destour. Tahar Ben Ammar qui invita Hassen Guellati à se joindre à la délégation tunisienne à Paris, fut opposé à un refus par celui-ci qui n'était pas d'accord sur certains points parmi les revendications. En réalité il ne voulait pas s'affronter avec les autorités colonialistes et il était de ce fait sévèrement critiqué par ses camarades du parti qui le traitaient de traitre de rénégat. Toutefois certains autres membres du parti le soutenant s'étaient joints à lui pour fonder un nouveau groupement en Avril 1921 : le parti réformiste. Il y avait des avocats tels Mohamed Noomane, Hassouna Ayachi ou des officiers de l'armée Beylicale dont Rachid Haydar, Sadok Zmerli et le journaliste Chedli Kastalli (celui-ci sera abattu ultérieurement, lors des événements de la lutte nationale en 1952, après avoir été candidat aux élections municipales de la ville de Tunis ayant été cautionné par les autorités coloniales). Ce parti réformiste était contre le fait d'élire une assemblée représentative auprès du Bey ou grand conseil au moyen du suffrage universel. Le 10 septembre 1921 Mohamed Noomane fit paraître un article dans le "courrier de Tunisie" dans lequel il adressait des critiques acerbes contre Thaalbi et ses camarades. Le journal "El Borhane" porte-parole de ce parti, et dont le premier numéro paraissait en septembre 1921, ne dura que quelque mois, pour être rebaptisé sous le nom de "Ennahdha". Ce fut la première scission au sein du Destour qui fit le bonheur des autorités coloniales, mais qui fut loin d'affecter ce parti ou de décourager ses membres ou les ébranler, loin s'en faut. Cet incident les avait encore plus résolus à resserrer davantage les liens afin de combattre le colonialisme et dénoncer ouvertement et courageusement les injustices et les exactions perpétrées par l'occupant étranger. Lucien Saint, le Résident Général considérait cette scission comme une victoire personnelle. Cependant, il sera vite détrompé par les membres du Destour qui mettront en échec les membres de ce nouveau parti qui n'ayant eu que peu d'échos auprès des militants finit par sombrer dans l'oubli. Ce qui donna encore plus de force au Destour et de résolution à ses membres.