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En dépit du ralentissement économique, les prix mondiaux restent à des niveaux historiquement élevés
Lu pour vous: Foire d'empoigne à venir sur les matières premières agricoles et industrielles
Publié dans Le Temps le 08 - 06 - 2013

Chères matières premières ! En dépit du ralentissement économique, les prix mondiaux restent à des niveaux historiquement élevés, constate le bilan annuel Cyclope. Pour l'expliquer, c'est moins du côté de la demande qui reste tirée par les pays émergents que du côté de l'offre qui peine à suivre qu'il faut regarder. C'est que le temps de l'investissement est si long dans les mines, les terres agricoles ou les champs pétroliers – jusqu'à vingt ans – qu'il dissuade les investisseurs. Il faudrait des signaux encore plus forts en provenance des marchés – et sans doute de la spéculation ! – pour encourager ces derniers.
En attendant, une lutte inévitable pour la sécurité des approvisionnements va s'engager. Les premières escarmouches de ce combat sont déjà visibles, annonciatrices de la foire d'empoigne à venir.
C'est la bonne ou la mauvaise surprise de la conjoncture, selon le point du vue adopté : celui du producteur ou du consommateur. En dépit du ralentissement de l'économie mondiale, les prix internationaux des matières premières demeurent à des prix élevés, guère éloignés de leur sommet atteint au moment de la flambée de 2007. C'est surtout vrai pour les matières premières agricoles dont les cours – celui du blé, du maïs et du soja – ont même battu des records durant la campagne 2012, les matières premières industrielles accusant pour leur part plus nettement le coup avec des baisses autour de 15 %.
Des évolutions que les spécialistes relativisent : “Exception faite de l'aluminium, du gaz naturel et du coton, pour la plupart des autres produits, les replis enregistrés sont en fait des réajustements de faible ampleur sur des marchés qui restent à des niveaux historiquement élevés. Le choc des années 2000 se prolonge donc”, diagnostique Philippe Chalmin, coordinateur du Rapport Cyclope 2013 (*). Comment justifier la permanence de prix aussi élevés ? Les pays de l'OCDE n'ont-ils pas plongé depuis 2008 dans la pire crise économique de leur histoire ? Et la course des pays émergents n'est-elle pas elle-même sujette à des doutes et interrogations ?
Il est inutile cette fois de mettre en accusation la spéculation puisque les derniers mois n'ont été marqués par aucun mouvement notable, les liquidités surabondantes jetant leur dévolu sur d'autres actifs jugés plus sûrs, au premier chef les obligations publiques. En réalité, pour expliquer ce point haut de l'équilibre des marchés, c'est moins du côté de la demande qu'il faut regarder – celle-ci reste tirée par la consommation en hausse des pays émergents – que du côté de l'offre qui peine à suivre. Un paradoxe qui tient à la spécificité des investissements dans les secteurs miniers ou agricoles. Ces derniers sont tellement longs qu'ils découragent depuis des années les opérateurs en quête de rentabilité à court terme à s'y engager.
D'où, par effet cumulatif, le retard pris par les capacités de production. Or pour combler ce retard il faudrait sans doute des signaux encore plus forts en provenance de marchés. De ceux que seule la “spéculation”, par ses outrances mêmes, est en mesure d'envoyer ? La réhabilitation du rôle de la spéculation fait nécessairement débat mais quoi qu'on en pense, il y a urgence à trouver l'aiguillon nécessaire. La nouvelle architecture de l'organisation mondiale des marchés ne viendra pas de la gouvernance mondiale, chaque jour prise en défaut de volonté et d'imagination. Pour l'heure, le péril du “chacun pour soi” prend de plus en plus corps. Un scénario où l'on voit, face aux risques de pénurie, les producteurs et les consommateurs reprendre leurs billes en bafouant les règles de jeu pour sécuriser leurs approvisionnements.
Attention donc à la foire d'empoigne à venir sur les marchés internationaux de matières premières agricoles et industrielles, et à cette version d'un protectionnisme dangereux.
Des marchés sur le fil du rasoir
En 2012, selon l'indicateur CyclOpe-Coe-Rexecode, les prix mondiaux sont restés très élevés. L'indice général des matières premières n'affiche qu'un recul de 2 % en moyenne annuelle (et de 9 % hors pétrole). Certes, les moyennes masquent des évolutions disparates : flambée du prix des grains, stabilité du pétrole, repli plus ou moins accentué des produits tropicaux et des matières premières industrielles. Mais la photographie d'ensemble est celle de marchés sur le fil du rasoir avec, pour de nombreux produits, des bilans mondiaux déficitaires.
Le blé a connu une brutale hausse en juillet 2012 et les experts de Cyclope ne voient pas comment se fera “la jointure” avec la prochaine récolte. “Les marchés agricoles ont connu leur troisième crise en cinq ans. La planète céréalière reste sur le fil du rasoir, à la merci du moindre aléa climatique”, observe Philippe Chalmin.
Le retard de l'offre
Sous l'effet de la poussée de la demande en provenance des émergents, bon nombre de marchés se retrouvent donc en déficit d'offre. Des déséquilibres imputables en grande partie au retard d'adaptation de l'offre. “Les investissements nouveaux tardent à se concrétiser et la situation politique, de l'Afrique au Moyen-Orient ou à l'Asie centrale, ne s'y prête guère”, diagnostique l'équipe de Cyclope. Des contretemps qui s'inscrivent sur une contrainte de fond : le temps de l'investissement est un temps long, qu'il s'agisse de mines, de terres agricoles ou de champs pétroliers.
Philippe Chalmin dresse l'inventaire de projets décidés dans les années 90 qui commencent à produire ou qui sont sur le point de le faire aujourd'hui, comme Oyu Tolgoi (cuivre en Mongolie), Goro (nickel en Nouvelle-Calédonie), Kashagan (pétrole au Kazakhstan). Avec des délais si longs, il est facile de comprendre qu'il n'y a pas de raison pour que le timing des capacités de production nouvelles soit en phase avec les besoins au moment de leur mise en service. D'où les réticences de plus en plus grandes des investisseurs à se lancer dans des opérations présentant de tels aléas et si peu de garanties. Une équation forcément dommageable dans un secteur à forte intensité capitalistique requérant une mobilisation importante de fonds amortis sur la durée.
L'extension des terres agricoles nécessite ainsi d'investir dans le foncier et dans la préparation des sols avec souvent des travaux d'irrigation : une addition qui peut être lourde avant de connaître la rentabilité. Idem dans le secteur minier, raison pour laquelle les professionnels préfèrent tirer le maximum des mines en exploitation avant d'envisager d'autres sites. Le frein financier n'est pas le seul à jouer. Dans le domaine agricole, l'amélioration des rendements est contrariée par les objections écologistes à l'utilisation des dernières générations de semence et des OGM. Et lorsque des interrogations de même nature sont soulevées en Europe et singulièrement en France, à l'encontre par exemple des gaz de schiste dans le domaine de l'énergie, c'est tout le futur du modèle “productiviste” qui se trouve remis en question.
La lutte pour la sécurité des approvisionnements
Seules solutions – en théorie – pour faire face à des déficits de production : réduire les stocks et/ou diminuer la consommation. Des voies en réalité peu opérationnelles. “En situation de rareté d'offre, les incantations sont de peu d'utilité”, analyse lucidement un expert de Cyclope. C'est même l'inverse que l'on observe face aux pénuries ou aux risques de pénurie.
Ces derniers mois, la Chine, qui consomme près de la moitié du cuivre mondial (42 %), a constitué des montages de 3 millions de stocks, réserves stratégiques comprises, soit l'équivalent de près de 15 % du total de la production mondiale ! Dans le domaine céréalier, on a même vu des producteurs décréter des interdictions d'exportation ou imposer des taxes aux ventes à l'étranger pour se réserver la production. Et dans le monde des métaux non ferreux, le London Metal Exchange (LME) est passé dans les mains de la Bourse de Hong Kong alors que celle-ci n'a aucune expérience des matières premières. “L'épicentre du monde a basculé en Asie”, constate Philippe Chalmin.
Et nul doute que l'Asie tentera de s'octroyer la part du lion. Une dangereuse pente vers le “chacun pour soi” qui donne un avant-goût de la foire d'empoigne à venir sur les marchés de matières premières industrielles et agricoles. Face à cette perspective, la gouvernance mondiale, incapable de mettre en place des mécanismes de régulation, est régulièrement mise en échec. Certes, durant la crise agricole, des intervenants ont tonné en faveur de l'intervention du “Forum de réaction rapide” institué lors du G20 agricole de juin 2011 pour gérer les risques de crise alimentaire. “La baudruche se dégonfla vite et sans tapage”, note l'expert de Cyclope.
L'aiguillon spéculatif
La faillite de la gouvernance mondiale a trouvé son point d'orgue avec la tenue en catimini de la réunion de la Cnuced (Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement) dont rien de concret n'est sorti. Une carence qui renvoie les perspectives d'évolution à la seule autorégulation des marchés. Les signaux envoyés par le niveau des prix envoient clairement un message de pénurie.
Pour l'heure, seule la Chine, forte de ses 2 000 milliards de réserves de change, semble en mesure de mobiliser les capitaux nécessaires, les autres acteurs dépendant des marchés financiers. Mais le robinet des capitaux n'est pas ouvert : comment des investisseurs incapables de financer des projets à cinq ans sans risques pourraient-ils faire le saut des projets à vingt ans avec risque ? “Le temps n'est plus où des marchands banquiers – les Furger, Bonsivi, Rothschild – risquaient leur fortune pour dominer le marché du cuivre ou du zinc”, constate Philippe Chalmin. Sauf à imaginer une nouvelle flambée spéculative – dont on a vu hélas la contrepartie sociale lors des dernières émeutes de la faim – qui viendrait servir d'aiguillon.
(Source : Le nouvel Economiste)


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