L'islamiste tunisien Tarek Maâroufi, condamné plusieurs fois en Belgique pour faits de terrorisme et déchu de la nationalité belge, semble avoir opéré un revirement spectaculaire. L'ex « guerrier d'Allah» incarcéré pour son implication dans l'affaire du meurtre du commandant des forces anti-Talibans en Afghanistan, Ahmed Shah Messaoud, vient, en effet, d'annoncer une «rupture» totale avec son passé de radicalisme pour militer désormais pour la réconciliation nationale et le bien être dans son pays d'origine. «J'ai tourné la page de mon passé. Jadis, j'ai œuvré pour le renversement du régime de Ben Ali. Après la révolution, le veux œuvrer pour l'instauration d'un Etat civil», a-t-il confié le 12 juin au journal belge Le Soir. Mieux, l'ex militant islamiste radical affirme avoir pris un chemin autre que celui de la mouvance Ansar Al-Chariaâ de laquelle il était très proche. «Je connais les dirigeants d'Ansar Al-Chariaâ par ce que nous avons œuvré ensemble dans le passé, mais maintenant je prends un autre chemin. Un chemin de la paix de la réconciliation et du bien être du peuple tunisien », a-t-il déclaré. Apparu amaigri , rasé de près et portant des lunettes fines dans la vidéo postée sur le site du journal belge Tarek Maâroufi précise également qu'il compte créer un nouveau parti qu'il présente comme centriste. « Je compte créer avec des amis un parti politique centriste et ouvert à tout le monde, dans le but de fédérer le peuple tunisien », note-t-il. L'homme âgé d'une cinquantaine d'années souligne que son parti sera «plus ouvert» que le mouvement islamiste Ennahdha, actuellement au pouvoir. « Ennahdha est un parti modéré que je respecte. Je respecte aussi son leader Rached Ghannouchi, mais nous avons l'intention de créer un parti plus ouvert et plus large afin de fédérer les Tunisiens », a-t-il indiqué. Dans ce même cadre, M. Maâroufi révèle qu'il envisage de se présenter aux prochaines élections législatives dans la circonscription de Jendouba. Condamné à 56 années de prison ferme sous le règne de Ben Ali, Tarek Maâroufi a été amnistié en 2011 et circule depuis librement. Un cancer guéri et un nouvel amour L'ex islamiste radical est rentré pour la première fois en Tunisie, en mars 2012, après des années de prison en Belgique et après avoir perdu sa nationalité belge en janvier 2009. L'homme qui a été, à cette occasion, accueilli par un petit groupe d'admirateurs à l'aéroport de TunisCarthage aux cris d' «Allah Akbar» (Dieu est Grand) a refusé à cette époque de se confier à la presse tunisienne. Selon des sources médiatiques, un cancer traité en Belgique et un nouvel amour seraient derrière le revirement de Tarek Maâroufi qui semble avoir pris ses distances avec la mouvance djihadiste depuis 2007. En 2000, dans la ville afghane de Jalalabad, alors aux mains des talibans et d'Oussama Ben Laden, Tarek Maâroufi a mis sur pied avec Seifallah Ben Hassine, alias Abou Yadh, le Groupe combattant tunisien (GCT) qui allait assassiner un an plus tard, pour le compte d'al Qaeda, le chef afghan Ahmad Shah Massoud. Lors de cette opération, M. Maâroufi a été accusé d'avoir donné un soutien logistique aux deux Tunisiens qui avaient, pour le compte d'Al Qaïda, assassiné Shah Massoud. Dans une déclaration faite en 2001, Tarek Maâroufi indique avoir séjourné à Kaboul (Afghanistan) mais prétend n'avoir pas pu s'approcher du chef d'Al Qaïda, Oussama Ben Laden à la différence d'autres personnalités locales comme le chef de guerre et ancien Premier ministre afghan Gueldubbin Hekmatyar. Walid KHEFIFI