A chaque fois débattue, la question de la diplomatie économique, ne cesse de susciter des réactions. Experts et économistes recommandent la révision de la carte de présence diplomatique de la Tunisie en fonction des intérêts économiques du pays. En annonçant l'ouverture officielle du « Tunisia Investment Forum : TIF 2013 », Ali Lâareydh, le Chef du gouvernement a annoncé que la Tunisie envisage de mobiliser une enveloppe de 3 milliards de dinars sous forme d'Investissements Directs étrangers (IDE). Une enveloppe qui nécessite tout d'abord, une amélioration du climat social ainsi que l'assainissement du climat d'affaires, mais surtout, un effort de communication et promotion du pays. Et si on tient compte que la Tunisie commence à acquérir une image négative, surtout, suite à l'attaque de l'ambassade américaine à Tunis et les troubles survenus au Mont Châambi, plusieurs autres efforts s'avèrent primordiaux. Les efforts diplomatiques deviennent très utiles. La diplomatie économique, n'est plus une option. Elle devient un choix stratégique. Révision ! Aujourd'hui, nul ne peut ignorer que la diplomatie tunisienne doit s'activer davantage our défendre les intérêts du pays et par delà améliorer l'image de marque d'une Tunisie postrévolutionnaire. C'est dans ce sens que l'Association des diplomates tunisiens recommande. On affirme ainsi la révision de la carte de présence diplomatique de la Tunisie en fonction des intérêts économiques du pays. Histoire de dire, que l'économie doit être le cœur du travail du notre corps diplomatique. Il faut au juste rompre avec l'approche classique qui ne répond pas aux besoins du pays. Il faut ainsi rompre avec cette « diplomatie-shopping » et s'orienter vers une « diplomatie de lobbying » au sein des organisations internationales et régionales. La diplomatie économique suppose ainsi le renforcement des compétences humaines. Les représentations diplomatiques tunisiennes devraient être pourvues de hauts cadres maîtrisant la dimension économique de la diplomatie. Il faut aussi, renforcer la collaboration entre le ministère des Affaires étrangères (MAE) avec les institutions économiques du pays, les chefs d'entreprises, les ONG, les conseillers à l'export et même les universités pour finalement créer un réseau favorable à l'attraction des investissements étrangers et au développement des exportations tunisiennes. Le Maroc un cas d'école ! On les trouve infatigables-plein d'entrain dans les coulisses du Parlement Européen. Ils s'activent pour renforcer la présence de leur pays dans les différentes institutions législatives européennes (l'Assemblée parlementaire du conseil de l'Europe, APCE, et le Parlement européen PE). Ils sont sélectionnés par le Parlement Marocains, afin de défendre les positions de leur pays dans plusieurs sujets sensibles. Ils sont presque une douzaine de parlementaires marocains, également membres partenaires pour la démocratie à l'assemblée parlementaire de l'Europe. Ils siègent à la commission parlementaire mixte Maroc-UE. Ils prennent part aux travaux de l'assemblée parlementaire du conseil de l'OTAN. Ces parlementaires ont réussi à créer au Maroc des amis qui les défendent. De la diplomatie de lobbying, qui a finalement permis au Royaume Chérifien d'être le premier pays de la rive sud de la méditerranée à accéder au statut de partenaire privilégié de l'Europe. Récemment, ce lobby marocain a pu convaincre les Européens d'exercer de la pression sur l'Organisation des Nations Unies, pour reconduire la Mission des Nations unies au Sahara occidental, « MINURSO », ce qui va encore tarder le référendum exigé par les Sahraouis qui cherche encore leurs indépendance. Zied DABBAR - Deux questions à Othmane Jerandi, ministre des Affaires étrangères Le Temps : la diplomatie économique aurait-elle une place dans les efforts diplomatiques de la Tunisie ? Othmane Jerandi : ce n'est pas nouveau. La notion de la diplomatie économique existe dans notre effort diplomatique. Au ministère des Affaires étrangères nous sommes en train de renforcer le rôle de la diplomatie économique. Nous pensons au renforcement de cette diplomatie. Nous avons des propositions encore en étude. On cite principalement le concept des missions itinérantes que nous sommes en train de développer en Afrique. Des missions mobiles (hommes politiques, hommes d'affaires..) qui seraient en mission en Afrique. Ce concept sera fortement développé prochainement. On reproche aux ambassades tunisiennes à l'étranger, le manque des informations économiques. Qu'en pensez-vous ? Il faut ravoir que tout investisseur tunisien en déplacement à l'étranger sera bien accueilli et servi de la part de nos ambassades. Il faut ainsi avoir à l'esprit que les missions des hommes d'affaires concernent, outre notre ministère, des organisations patronales telles que l'UTICA, ainsi que des institutions nationales dont on cite le Cepex. -Diplomatie qui s'active ! Bien que tardivement, la diplomatie tunisienne commence à bouger, à côté des institutions, après presque une année et demie de « paresse » avec l'ancien ministre des Affaires étrangères (Rakifh Abdessalem). Récemment, la Tunisie a connu la visite d'Ahmed Mohamed Ali Al-Madani, président du groupe de Banque Islamique de Développement (BID) dans le cadre du Tunisia Investment Forum 2013. Une visite qui a vu un nouvel accord entre la BID et le gouvernement tunisien pour une valeur de 1,2 milliard de dollars dans le cadre d'un partenariat stratégique qui s'étalera sur la période 2013-2015. Plus encore, et dans le même cadre, le premier vice-président de la Banque européenne pour la reconstruction et le Développement (BERD) a annoncé que la Tunisie devrait bénéficier d'une part d'une enveloppe de 2,5 milliards d'euros par an à partir de 2015, pour les interventions de ladite banque en Tunisie, en Egypte, en Jordanie et au Maroc.