Mardi prochain grande réunion des partis et des composantes de la société civile « C'est un rapprochement spontané. La situation objective dans le pays a permis de le réaliser », affirme Ridha Belhaj, Directeur exécutif de Nida Tounès « Il faut trouver les consensus permettant d'accélérer l'achèvement de la période transitoire », précise Jilani Hammami, porte parole du parti des Travailleurs Les évènements en Egypte inspirent et revigorent de plus en plus les différentes composantes de l'opposition en Tunisie. Deux réactions ont retenu l'attention des observateurs, celle de Nida Tounès et celle du Front populaire. Le Bureau exécutif de Nida Tounès avait rendu public un communiqué à l'issue d'une réunion présidée par Béji Caïd Essebsi, où il annonce qu'il se range aux côtés de la volonté du peuple tunisien et de sa jeunesse en estimant qu'il était temps de réviser le processus de transition démocratique dans sa globalité en procédant à la dissolution du Gouvernement actuel et la formation d'un Gouvernement de Salut national composé de compétences nationales, la préparation d'une feuille de route claire pour les prochaines élections , la formation d'une commission technique pour opérer les corrections nécessaires au projet de Constitution, l'annonce de la dissolution des Ligues de protection de la Révolution et la traduction de ceux qui y sont impliqués devant la justice. Le bureau exécutif de Nida Tounès justifie ces revendications par la situation que traverse le pays, marquée par l'absence de légitimité électorale et consensuelle, l'hégémonie d'Ennahdha et de ses alliés dans l'élaboration de la Constitution, le noyautage des institutions de l'Etat par les partisans sur le compte des compétences, notamment au sein de l'institution sécuritaire, l'intervention dans la magistrature et son instrumentalisation contres les adversaires et l'encouragement de la violence au point de menacer les composantes politiques, civiles et sociales. Le mouvement Nidaa Tounès, déplore, dans ce même communiqué, l'accentuation de la détérioration de la situation sociale aggravée par l'absence d'une politique claire capable de juguler la cherté de la vie tout en marginalisant les jeunes sans travail et en optant pour la complaisance en matière d'emploi. De son côté le Front populaire suite à une réunion tenue sous la présidence de Hamma Hammami, a publié un communiqué où il exprime sa fierté et sa considération pour le courage, la solidarité et la détermination dont le peuple égyptien a fait preuve en s'opposant au gouvernement islamiste, en évinçant le président Morsi, pour plus liberté et de démocratie. Par cette insurrection, le peuple égyptien a fondé par conséquent une nouvelle forme de démocratie qui peut retirer à tout moment la légitimité d'un gouvernement quand ce dernier viendrait à faillir à ses promesses en devenant totalitaire comme le cas des « Frères musulmans » en Egypte. Le Front populaire ne mâche pas ses mots. Il estime que la Troïka a failli dans sa mission à répondre aux exigences du peuple et n'a fait que prendre des décisions inappropriées depuis son avènement au pouvoir. Ce qui a beaucoup aggravé la situation de la Tunisie, que ce soit sur le plan économique, social, politique et sécuritaire. Situation qui n'est pas prête de s'arranger puisque la Troïka au pouvoir compte instituer un code électoral sur mesure lui permettant de rester au pouvoir. Le Front populaire a invité tous les partis, les associations et les composantes de la société civile soucieux des objectifs de la révolution à une rencontre consultative le 9 juillet 2013 pour discuter des points suivants : - La dissolution du gouvernement et la formation d'un cabinet de salut national composé de compétences nationales - La mise en place d'un gouvernement de sauvetage national avec un programme de sortie de crise et une feuille de route claire pour le déroulement des élections. Dans cette même optique, le front populaire exprime son engagement à soutenir toute initiative ou mouvement populaire, démocratique, pacifiste et soucieuse de contrer toute tentative de main mise d'Ennahdha et de ses milices sur la révolution. Beaucoup de similitudes de points de vue entre les deux communiqués. Jilani Hammami, porte-parole du Parti des Travailleurs et dirigeant au Front populaire, précise au Temps que les invitations à la réunion de mardi prochain ont été adressées aux partis politiques et les associations de la société civile qui partagent pratiquement la même analyse de la situation dans le pays. On y retrouve l'Alliance démocratique, Al-Joumhouri, Al-Massar, le Parti Socialiste, le Parti du Travail Patriotique et Démocratique, Nida Tounès, le courant Al-Mahabba (Al-Aridha), le Parti des Agriculteurs, le courant réformiste d'Attakatol, le parti Al-Majed, ainsi les organisations sociales comme l'UGTT, l'UTICA, la Syndicat National des Journalistes, le Conseil de l'Ordre des avocats, l'Association des Magistrats, à l'instar du regroupement qui s'était constitué après l'assassinat de Chokri Belaïd. Au cours de cette réunion, la situation politique sera analysée, surtout que le Gouvernement actuel et l'Assemblée Nationale Constituante ont montré qu'ils n'ont pas la capacité de diriger la période transitoire. Il faut trouver les consensus permettant d'accélérer l'achèvement de la période transitoire, tout en prenant des mesures audacieuses contre le chômage, la marginalisation, la violence et le terrorisme. Le paysage politique évolue-t-il vers un rapprochement durable entre les composantes des forces démocratiques ? Ridha Belhaj ne l'exclue pas. « Mieux, c'est un rapprochement spontané. La situation objective dans le pays a permis de le réaliser. Il est nécessaire de se consulter à cause des dangers qui menacent le pays », dit-il au Temps.