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Argent et politique, un mariage en vogue dans la Tunisie de l'après-Révolution... L'homme d'affaires Ayachi Ajroudi entre, à son tour, dans l'arène politique
Un nouveau parti baptisé «le Mouvement tunisien pour la Liberté et la Dignité» vient de s'ajouter à la pléthore de formations politiques créées après le 14 janvier 2011. La naissance de ce parti dont la dénomination reprend les deux principaux slogans de la Révolution a été annoncée le 8 juillet lors d'une conférence de presse. Le fondateur du nouveau né du paysage politique n'est autre que l'homme d'affaires Ayachi Ajroudi qui s'est entouré de plusieurs membres de l'Assemblée nationale constituante appartenant au groupe « Liberté et Dignité », créé par des dissidents de la Pétition populaire pour la liberté, la justice et la développement (Al-Ardidha Chaâbia) de Hachemi El Hamdi. Outre ces élus parmi lesquels figurent Mohamed Taher Ilahi, Abderrazzak Al Khallouli, Mohamed Salah Chaïrat, Ibrahim Hamdi et Saad Bouich, le nouveau parti compte des anciens ministres, des économistes, des ingénieurs et des universitaires. Selon l'homme d'affaires originaires de Gabès, qui a notamment vécu entre l'Arabie saoudite et la France pendant plus d'un quart de siècle, le Mouvement tunisien pour la Liberté et la Dignité se veut centriste, modéré et rassembleur. « La création de ce parti est dictée par l'amour de la Tunisie, et la volonté de servir le citoyen et d'alléger ses souffrances quotidiennes. Des hommes et des femmes, de toutes tendances idéologiques, ont décidé d'unir leurs rangs et de former ce mouvement », a-t-il indiqué. Et d'ajouter : «Je n'avais aucune intention d'entrer en politique mais l'appel du devoir envers les martyrs et blessés de la Révolution de la liberté et de la dignité m'ont convaincu de la nécessité de répondre à l'appel et de me mettre au service de la Patrie». Islam tunisien modéré L'homme d'affaires qui a fait parler de lui en prenant en charge les frais de soins prodigués à certains blessés de la Révolution dans des cliniques européennes, note que son parti va s'inscrire dans l'action loin des objectifs des photographes et des caméras. «Le parti veut réaliser sur le terrain ce que d'autres déclaraient sans pouvoir le faire. Nous voulons désenclaver les régions en mettant sur pied un réseau ferroviaire qui relie le Nord au Sud. Nous voulons que tout Tunisien possède un lap top et que le pays se reprenne en main et remette à l'ordre du jour les valeurs de la science et du travail. Ce sont d'ailleurs les valeurs qui animeront notre démarche en tant que parti. La Tunisie n'a pas à rediscuter de son appartenance civilisationnelle ou des acquis des femmes, qui ne sont pas à remettre en question. La Tunisie est aujourd'hui un grand chantier à ciel ouvert et nous devons tous participer à son édification en investissant, travaillant et en créant des richesses», a-t-il fait savoir. Accusé par certains de rouler pour l'Arabie Saoudite, pays dans lequel il a vécu et où il gère de nombreux projets, Ayachi Ajroudi se défend de toute volonté de transposer le modèle wahhabite en Tunisie. «Nous ne recevrons d'ordre d'aucun pays au monde. Nous croyons dans les capacités des Tunisiens, dans leur intelligence et dans le potentiel de notre jeunesse. Notre but est de susciter une dynamique de progrès et d'encourager le développement des sciences et technologies pour assurer au pays un saut en avant dans le monde de la modernité», a-t-il déclaré, indiquant que son parti « prône un islam tunisien modéré et tolérant». Liaisons intimes PDG de plusieurs sociétés implantées en Arabie Saoudite en Europe, dont Razin Contracting, de SNCFIME, et Aquatraitements Energies Services, l'homme d'affaires était presque inconnu avant la Révolution. En 2010, il avait été, toutefois, reçu par le président déchu à Tunis, où il a signé un accord de partenariat avec l'Office national de l'assainissement (ONAS). Ayachi Ajroudi n'est pas le premier richissime homme d'affaires à se lancer dans le bain bouillonnant de la politique. Le très médiatisé président du Club Africain était le premier millionnaire à ouvrir le bal en 2011, en créant l'Union patriotique libre (UPL) dont le slogan est «Tawwa» (tout de suite). Ce jeune homme d'affaires qui dit avoir fait fortune dans le bâtiment et le négoce du pétrole en Libye, où il aurait entretenu des liens d'amitié avec les fils du dirigeant libyen tué Mouammar Kadhafi, n'a récolté qu'un seul siège à l'Assemblée constituante malgré les milliards dépensés dans la publicité politique. Le très controversé Bahri Jelassi, fondateur du parti Al-Wifaa wal-Infitah, (Parti Ouverture et Fidélité) est aussi un homme d'affaires. Ancien membre du Rassemblement Constitutionnels Démocratique et député sous Ben Ali, l'homme d'affaires Faouzi Elloumi est également l'une des figures influentes de Nida Tounes (L'Appel de la Tunisie). Autant dire que argent et politique semblent désormais intimement liés dans un pays en pleine transition démocratique. L'argent semble, en effet, devenir un ingrédient indispensable pour le fonctionnement des partis et la communication politique. Dans la cité d'Athènes, ancêtre des démocraties modernes, argent et politique ne faisaient pas par contre bon ménage : la politique y était l'affaire des citoyens, alors que les affaires étaient du domaine des métèques (étranger ou personne qui habite dans une cité dont il n'est pas originaire, NDLR)…