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Ramadan : les craintes des professionnels !
Publié dans Le Temps le 10 - 07 - 2013

Ramadan est un mois sacré. Durant les quatre prochains étés, le monde du tourisme va devoir composer avec un mois sacré survenant au cœur des vacances estivales. De quoi inquiéter les tour-opérateurs et les hôteliers comme l'atteste la baisse du taux de fréquentation en cette période estivale.
Les réservations timides ne laissent pas croire en un excellent juillet. Quel est l'impact du ramadan sur notre tourisme?
L'avènement de Ramadan pendant la saison estivale cause des soucis au secteur touristique. L'on s'attendait bel et bien à une baisse des arrivées et des nuitées pendant le mois de juillet. A Hammamet, Les hôteliers que nous avons rencontrés l'avouent: en ce moment, le carnet de commandes pour juillet est vide, ou presque. «La baisse de fréquentation des touristes venus du Maghreb est phénoménale et catastrophique!» estime un directeur d'hôtel qui ajoute « Ramadan est une période destinée à une certaine abstinence, une quête de spiritualité. C'est un mois qu'on ne peut passer que chez soi. On jeûne en famille, la rupture du jeûne est un moment très important alors on préfère rester chez soi. C'est le cas des Algériens qui étaient nombreux avant une semaine et tout d'un coup ils ont préféré rentrer chez eux. Le décor est le même dans un hôtel à Nabeul. Quelques rares touristes, installés à l'entrée préparent les voiles pour aller en mer. À l'intérieur, c'est presque le désert. Seule la réceptionniste, scotchée devant son bureau, veille sur les lieux. Apostrophée, la directrice commerciale souligne que «notre chiffre d'affaires a chuté fortement car la clientèle se fait rare. Même les touristes qui venaient très souvent, on les voit de moins en moins actuellement. Je ne sais pas si c'est le Ramadan qui les décourage ou pas». Pas plus loin, , les clients se font tout aussi rares dans un hôtel club. «Avec le mois de Ramadan, la clientèle ne vient plus comme avant. Elle se fait de plus en plus rare. Ce qui fait que nous avons une baisse au niveau de notre chiffre d'affaires», confesse la réceptionniste.

S'adapter ….
Ramadan coïncidera forcément avec cette période estivale. Il faut s'adapter... Le ministère du tourisme et l'ONTT, à la lumière de la chute enregistrée en août, ont engagé une réflexion sur la manière d'attirer les visiteurs et de maintenir la fréquentation touristique au cours du mois sacré.. L'idée est d'arriver à concocter des formules de voyage spécial Ramadan. Mais les professionnels ne font rien pour monter des programmes et des forfaits en cette période ramadanesque comme nous l'explique un hôtelier d'Hammamet « Je pense que la profession n'est pas trop enthousiaste pour se différencier en ce mois de ramadan. On continue à offrir le même produit au client : Mer et soleil. On constate un manque d'imagination et de créativité chez les hôteliers qui proposent un produit ordinaire au client. Les problèmes d'animation sont toujours les mêmes durant ce mois sacré. Pour les hôteliers, l'animation signifie la plage, les parties de beach volley, le parachute ascensionnel, le jet ski et les parties de disco le soir si bien que le touriste s'ennuie et préfère rester dans sa chambre. Il est vrai que certains hôteliers ne font rien pour animer leurs unités. Ils n'ont pas une culture d'animation.

Soigner la qualité du produit
Il est vrai que Ramadan a un impact sur le personnel. Mais chacun s'adapte malgré la faim et la soif. « Ramadan ne me gêne pas avoue Mariem, une brunette toujours souriante, je suis habituée à cela depuis belle lurette. Certes, le mouvement se ralentit surtout que nous sommes habitués à servir un grand nombre de clients et notamment les Tunisiens. Nos relations sont bonnes avec les touristes. La journée est certes longue. On ressent beaucoup de fatigue et on a envie de se déshydrater. La soif nous tue. Certains sont sur leurs nerfs. Ils n'admettent aucune réclamation. Servir des boissons alcoolisées gêne certains Tunisiens qui jeûnent. Mais on doit s'adapter car nous devrons satisfaire ces touristes qui nous visitent durant ce mois sacré ». Walid animateur ajoute que « tout se passe bien. Pas de changement. C'est kif kif ramadan ou non. On n'a pas de problèmes. Au contraire on fait de notre mieux pour offrir une animation de qualité à nos clients. On ne quitte pas l'hôtel. On est obligés de déjeuner sur place. On vit en famille avec le reste du personnel. » Lotfi, directeur ne voit pas de différence durant ce mois sacré « Pas de soucis. Le touriste est en vacances. Tout se passe bien. Mais le service devient lent et peu rapide. C'est normal, le rendement baisse. On le ressent dans tous les départements. Ce n'est pas propre à l'hôtellerie. Il est vrai que l'ambiance est moins agitée que d'habitude du fait que les Tunisiens ne viennent pas nombreux » Quant à Am Ali, il a préféré prendre des vacances durant ce mois sacré « je ne supporte pas le tabac et l'alcool et surtout ces monokinis. »
Développer le tourisme familial arabe
De nombreux pays d'Asie et du Moyen-Orient développent depuis quelques années des offres touristiques dédiées aux familles. Des hôtels de famille apparaissent à Dubaï, au Caire, mais aussi à Rabat et un peu partout dans le monde musulman. . En Turquie, ces «hôtels alternatifs» sont au nombre d'une trentaine aujourd'hui. Les musulmans sont devenus la conquête préférée de l'industrie du tourisme dans le monde, en particulier ceux des pays du Golfe : Bahreïn, Koweït, Oman, Qatar, Arabie Saoudite et Emirats arabes unis. A eux seuls, ils représentaient 37 % des dépenses effectuées par les touristes musulmans en 2011, bien qu'ils ne forment que 3 % de la population musulmane mondiale. Ceux qui résident en France, en Belgique, en Allemagne ou au Royaume-Uni représentent actuellement 13 % des dépenses touristiques des musulmans. La ruée des Libyens et des Algériens, réputés très dépensiers, constitue depuis quelques années un matelas providentiel de nature à atténuer l'impact de la désertion des Européens, suite à la crise internationale. Selon l'ONTT, une famille algérienne composée de quatre personnes en moyenne dépense environ entre 2000 et 3000 euros par semaine durant son séjour en Tunisie, soit deux fois plus qu'un touriste originaire de l'Europe de l'Est. L'objectif est de séduire cette clientèle arabe qui est devenue une locomotive pour le développement du tourisme tunisien. Le mois de Ramadan qui surviendra, pendant sept ans encore, durant la saison estivale, requiert une adaptation de l'offre touristique à ces spécificités. Hôteliers et agences de voyage devront, donc, adopter une stratégie plus attractive aux yeux de la clientèle arabe, maghrébine et tunisienne en accordant des réductions.
Kamel BOUAOUINA
- Adel Ben Mabrouk, hôtelier à Hammamet « On doit promouvoir la destination et non l'hôtel durant Ramadan »
Ramadan pénalise-t-il l'activité touristique ?
L'industrie touristique connaît d'habitude une baisse de régime durant le mois de Ramadan. Les touristes désertent massivement nos plages faute d'offres qui répondent à leurs besoins durant ce mois sacré. Les tour-opérateurs, quant à eux, conseillent aux Européens d'éviter les séjours durant ce mois saint. Il faut reconnaitre que le booking n'est pas encourageant pour ramadan. Les réservations n'avancent pas. Plusieurs hôtels vont tourner avec des taux d'occupation ne dépassant pas les 30%.
Mais pourquoi notre pays n'attire pas les touristes en ce mois sacré ?
Il faut reconnaître qu'il n'y a rien pour les attirer d'ailleurs. Durant la journée, et même après la rupture du jeûne, nos stations touristiques semblent tristes et s'installent dans une léthargie sans fin. Les rues sont quasiment vides. Derrière les remparts, à l'exception des mosquées qui accueillent un grand nombre de prieurs chaque soir on manque d'attractivité. On continue à vendre l'hôtel et non la destination. Le touriste a plus que jamais besoin de se distraire et de vivre des moments de joie et d'éclatement lorsqu'il vient en Tunisie durant ce mois sacré. Chose qu'il ne trouve pas dans nos unités qui s'évertuent souvent à remplir les moments libres des touristes par des soirées cabarets identiques dans tous nos hôtels. Or nous avons la possibilité de lui offrir plusieurs facettes de notre vie quotidienne et de notre culture. Il pourra par exemple partager avec le Tunisien la même table d'iftar, découvrir nos repas et nos saveurs. Le soir, on peut lui proposer des soirées musicales tunisiennes, lui faire visiter le centre ville, découvrir nos monuments islamiques, nos souks, nos cafés. Il pourra ainsi déguster nos sucreries et nos pâtisseries, se mélanger avec les Tunisiens, familiariser avec eux et découvrir un autre univers de la Tunisie durant ramadan.
A qui incombe la faute ?
L'animation est devenue un produit incontournable, au même titre que le restaurant où la chambre. Les touristes sont les premiers à exiger ce produit lors de leurs déplacements. Les TO ont pris conscience de l'importance de cette niche marketing et ils proposent tout un programme d'animation dans leurs brochures. Ce n'est pas un effet de mode. L'animation correspond à une évolution profonde de notre société où les clients même en période ramadanesque veulent s'amuser et sortir de l'hôtel pour voir un autre monde et découvrir le pays avec sa culture, ses traditions et son folklore. L'animation correspond à un art de vivre où l'on cherche davantage à être en harmonie avec son environnement avec soi même. Chose qui manque chez nous. Généralement, l'hôtelier retient le client chez lui et ne fait rien pour rendre son séjour agréable
Que faut-il faire pour bien agrémenter le séjour du touriste ?
Je pense que nous devrons bouger. Ramadan est un mois touristique. Les fédérations d'hôtellerie et d'agences de voyages doivent entrer en jeu et chacun doit assumer le rôle qui lui revient. En ces temps de crise, nous devrons penser à élaborer ensemble une stratégie propre à ce mois de ramadan. L'ambiance festive du mois ramadan est exceptionnelle. Les Tunisiens pourraient communiquer cette ferveur et transmettre cette joie de vivre à leurs visiteurs qui pourront s'intégrer dans cette ambiance unique. Le touriste doit être bien entouré et là nous devrons concocter un produit propre à ce mois si nous ne voulons pas perdre cette clientèle. C'est très important car Ramadan va s'étendre sur cinq ans c'est-à-dire durant toute la haute saison. Si nous restons les bras croisés, nos recettes vont baisser. Les années à venir sont cruciales pour l'avenir du tourisme tunisien. Tous les professionnels en sont certainement conscients et savent ce qu'ils ont à faire. Rien ne manque pour faire bouger le touriste durant ramadan.Certaines agences de voyages pourront projeter, par ailleurs, d'organiser des excursions dans la ville de Kairouan, avec à la clef l'accomplissement de la prière des « Tarawih » dans la Grande Mosquée Okba Ibnou Nafaâ. L'administration du tourisme doit promouvoir un tel concept et de tels produits. Il est opportun de penser de faire de ramadan un produit nouveau, un moment fort et une haute saison du tourisme tunisien. Bref, ramadan constitue un excellent forum de dialogue entre les civilisations et nous sommes appelés à revoir nos produits durant ce mois sacré, positiver, préparer le prochain ramadan, imaginer d'autres concepts. Ramadan a son charme particulier. Les gens vont continuer à voyager. Alors pensons à les bien accueillir !
- Wahid Ibrahim, expert en tourisme « Ramadhan : une animation spontanée touristiquement inexploitée »
Le mois de ramadhan est le mois où le rythme de la vie diurne connaît une baisse de régime et où les lieux publics tels que les restaurants et les cafés, faute de pratiquer la baisse de tarifs, pratiquent la baisse de rideaux .Au fil des ans, cet état des choses a entrainé la réduction du volume d'excursions et de circuits et limité les déplacements extra hôteliers.Certains Tour Opérateurs étrangers, craignant les réactions d'Associations de Protection de Consommateurs et anticipant d'éventuelles réclamations, vont jusqu'à publier des avertissements signalant les changements de rythme de vie et de comportement durant le mois de Ramadhan en Tunisie, dans leurs brochures commerciales et sur leur site Internet. Certains agents distributeurs déconseillent même la destination durant ramadhan. Pourtant, le mois de ramadhan se distingue par l'animation nocturne qui caractérise les centres urbains et particulièrement les médinas anciennes. Cette animation nocturne, pour une fois spontanée, ne fait actuellement l'objet d'aucune exploitation touristique de la part des agences de voyages tunisiennes. Des sorties nocturnes pourraient être aisément organisées avec par exemple au programme un dîner typique de rupture du jeûne dans un restaurant traditionnel, une balade à travers les souks, un spectacle de Café Chantant ou du Festival de la Médina, un thé à la menthe à Sidi Bou Saïd, une séance de Hammam traditionnel, le tout ponctué par un S'hour dans les règles de l'art…De toutes les manières, il est possible d'atténuer les effets de la léthargie ramadhanesque en proposant des activités nocturnes spécifiques. Surtout que la récurrence due au décalage du calendrier lunaire installera Ramadhan en pleine haute saison estivale pour au moins les dix années à venir.Pourquoi n'envisagerait-on pas aussi d'ouvrir les musées pour des visites nocturnes durant le mois de ramadhan d'autant plus que la canicule estivale justifierait amplement cette mesure ? Le tourisme culturel y gagnerait en crédibilité et en confort de visite. La tirelire de l'ANEP, aussi…Pour la clientèle musulmane , quelques aménagements d'horaires de services , de prestations gastronomiques et d'animation doivent être prévus .J'ai écrit ces propos il y a plus de dix ans quand les problèmes de sécurité diurne et nocturne ne se posaient pas et avant que la formule All Inclusive ne prenne le client en otage. Aujourd'hui, la réalité est différente et les défis sont beaucoup plus grands. C'est tout le secteur qui risque de rester sur sa faim.


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