Le spécialiste européen des chaussures de sécurité JAL Group vient de prendre la décision de fermer définitivement ses deux unités de production situées dans la ville de Menzel Bourguiba, (gouvernorat de Bizerte). Plus de 4000 salariés se retrouvent ainsi au chômage. La décision de mettre la clef sous la porte a été prise par le groupe italien à l'issue d'une réunion tenue mercredi au ministère des Affaires sociales, entre des représentants de la direction de JAL Group et une délégation syndicale conduite par le secrétaire général adjoint de l'UGTT chargé du secteur privé Belgacem Ayari. Lors de cette réunion présidée par le ministre des Affaires sociales Khelil Ezzaouia, le patron du groupe industriel qui avait délocalisé il y a quelques années l'essentiel de sa production en Tunisie a fait état de son incapacité de verser les salaires du mois de juin et les indemnités de licenciement. Il a également indiqué qu'il n'a d'autres solutions que de fermer boutique après avoir arrêté ses activités en France et en Italie, sauf s'il obtiendrait une aide de la part de l'Etat tunisien pour éponger ses dettes qui s'élèvent à 12 millions de dinars. Les pertes cumulées de JAL Group entre 2008 et 2012 s'élèvent à 125 millions de dinars tunisiens en raison notamment de la baisse de la demande européenne. Outre les difficultés financières, JAL Group s'est dit impacté négativement par la multiplication de grèves et autres mouvements sociaux en Tunisie. Début mai dernier, Jal Group avait déjà menacé de fermer ses unités de production en Tunisie. Dans un communiqué publié le 3 mai, le groupe a dénoncé «une série de débrayages illégaux» qui met le groupe «dans une position très délicate après une perte conséquente de son chiffre d'affaires, une perte de part de marché néfaste». La société avait ajouté qu'elle «a négocié un accord de principe avec les représentants légaux des salariés à savoir les syndicats, en présence des autorités nationales compétentes pour une restructuration du groupe tout en préservant les droits de ses salariés et surtout l'emploi dans la région de Menzel Bourguiba », indiquant que « malgré cela, JAL Group fait aujourd'hui face à un blocage de son site de production pendant plus de trois semaines». Protestations violentes La fermeture des unités de production de JAL Group à Menzel Bourguiba a donné lieu à des protestations violentes dans la soirée du jeudi à vendredi. Les manifestants ont jeté des projectiles sur les forces de l'ordre, faisant deux blessés parmi les policiers, selon des témoins oculaires. Une douzaine de manifestants ont été arrêtés par les agents de l'ordre qui ont fait usage du gaz lacrymogène pour disperser la foule. Des représentants de composantes de la société civile, de syndicalistes et de politiciens ont fait part de leurs craintes des retombées sociales et humaines de l'arrêt des activités de JAL Group, en raison du nombre important des travailleurs qu'il emploie et qui vont se trouver au chômage et incapables de subvenir aux besoins de leurs familles. De son côté, le gouverneur de Bizerte, Abderrazak Ben Khélifa, a indiqué, qu'il suit de très près la situation, en coordination avec les autorités nationales, ainsi qu'avec les représentants de JAL Groupe « pour alléger l'acuité de la situation qui a surpris tout le monde». Le gouverneur a également affirmé qu'une des entreprises italiennes installées dans la zone a fait part, jeudi matin, de sa disposition de recruter 500 à 600 employés licenciés de JAL Groupe. Il a ajouté, dans ce même cadre, que des efforts sont en train d'être déployés pour trouver un nouvel investisseur souhaitant reprendre les unités industrielles de JAL Group et sauvegarder ainsi les emplois. Le ministère des Affaires sociales a, quant à lui, promis une aide urgente de 200 dinars pour chaque employé L'Union Générale Tunisienne du travail (UGTT) a, par ailleurs, mandaté un avocat et un huissier-notaire pour entamer les procédures légales relatives à la saisie conservatoire de tous les avoirs du groupe à Bizerte, dans un souci de garantir des indemnisations aux salariés ayant perdu leurs emplois.