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"Le test appliqué à la justice et à la démocratie n'était pas concluant et le « Mouvement Rébellion» intervient pour remédier à la situation"
Ghazi Mrabet (avocat), parle d'élan juvénile et de sang nouveau :
Publié dans Le Temps le 14 - 07 - 2013

Ces jeunes qui ont fait le printemps de la Tunisie n'abdiquent jamais. Ils répondent toujours présents quand ils entendent l'appel de la mère-patrie, ils sont, toujours, là à chaque fois qu'on a besoin d'eux. Ce qui est formidable chez ces artisans de la Révolution, c'est qu'ils travaillent comme des abeilles dans la ruche en se partageant, soigneusement, les tâches. Chacun d'entre eux occupe une fonction et conjugue ses efforts avec ceux des autres, ce qui donne à leur action l'allure d'un orchestre qui chante en chœur la symphonie de la victoire. Parmi ces rôles qu'ils se sont assigné et qu'ils sont en train d'accomplir à merveille, il y a celui joué par les artistes dont, entre autres, les rappeurs et, notamment, celui du « Mouvement Rébellion ».
Notre invité, quant à lui, a choisi d'offrir un soutien juridique inconditionnel aux uns et aux autres. C'est de cette symbiose, de cet enthousiasme juvénile et de tant d'autres questions touchant, en particulier, à la justice que nous avons discuté avec lui. Ecoutons-le :
-Le Temps : si vous nous parliez des circonstances entourant le procès de première instance de «Weld el 15 ».
-Me Mrabet : je rappelle que lors du premier procès, où on a prononcé un jugement par contumace de deux ans d'emprisonnement ferme avec exécution immédiate contre « Weld el 15 » et quatre autres rappeurs, il y a eu une figurante, Sabrine Klibi, et un cameramen, Mohamed Hédi Belgaïed Hassine qui ont comparu en état d'arrestation et qui ont été condamné à six mois avec sursis et libérés, ainsi, au bout de dix jours d'incarcération dans des conditions très pénibles, au cours desquels la première a subi des tortures morales, et le second était soumis à des sévices physiques en plus de la maltraitance psychologique. J'ai, alors, fait opposition pour les cinq rappeurs dont « Weld el 15 », pour les premiers, l'issue était favorable et ils ont obtenu un non lieu, pour ce qui est de ce dernier, il en était, comme vous le savez, tout autrement. Et je tiens à préciser que bien que je lui aie expliqué toutes les issues possibles de son procès et que le jugement pourrait, donc, être confirmé, il a décidé de comparaître pour savoir si la justice tunisienne était devenue réellement indépendante ou si elle ne l'était toujours pas, c'était, pour reprendre ses termes, un test à la démocratie, une opportunité pour vérifier si oui ou non la Révolution était en train d'atteindre ses objectifs. Mais, c'était, malheureusement, cette dernière supposition qui l'a emporté, vu que le jugement par contumace était maintenu, ce qui a provoqué des altercations entre Hend Meddeb, journaliste de France infos, et six autres rappeurs, d'un côté, et les forces de l'ordre, de l'autre.
-On a entendu dire que « Weld el 15 » n'a pas bénéficié d'un procès équitable. Vous confirmez ou bien vous infirmez cette thèse ?
-Je la confirme, car on ne peut pas soutenir le contraire quand la cour ne se retire pas pour délibérer et qu'elle rend le jugement séance tenante, alors que la défense présente un certain nombre de documents y compris des conclusions, dont, notamment, le rapport des Nations Unies en matière de liberté d'expression et, spécifiquement, en matière de liberté artistique, rapport daté du 14 mars 2013, et d'autres documents relatifs à la jurisprudence comparée où il est démontré, par des jugements de la cour de cassation et de jugements définitifs, dans tous les pays démocratiques, qu'aucun artiste n'était condamné à une peine d'emprisonnement et que le jugement le plus dur était, seulement, de trois mois de sursis. L'autre infraction à la procédure était l'interdiction faite aux membres de la famille de l'inculpé, de ses amis rappeurs et des militants des droits de l'homme d'assister au procès, alors que celui-ci doit être public conformément à un principe élémentaire de droit qu'on a appris en 1ère année. Et quand on a protesté, ma consœur et moi, contre cette décision illégale d'interdiction, on n'a pas hésité à lui lancer des propos injurieux. En plus de tous ces intimidations et ces dépassements, il s'est produit un incident que je n'ai jamais rencontré dans ma carrière : au cours des délibérations qui n'ont duré que deux/trois minutes, l'une des magistrats tenait la main du président, ce qui montrait qu'ils n'étaient pas d'accord. Il était évident que, par son attitude, la juge demandait à sa consœur soit de ne pas prononcer le jugement tout de suite, soit de l'alléger, ce qui confirme ces deux thèses c'est qu'au prononcé du jugement, elle a éclaté en sanglots, s'est levée et a, immédiatement, quitté la salle. Tous ces indices sont la preuve irréfragable que ce verdict était déjà prêt bien avant la tenue de l'audience. D'ailleurs, j'en étais informé 12h auparavant par l'intermédiaire d'un collègue, et deux heures avant le procès, l'information circulait déjà dans les couloirs du tribunal de bouche à oreille, tout le monde la partageait y compris les agents de police qui continuaient à colporter la rumeur devenue vérité en pleine salle d'audience seulement quelques minutes après.
-Doit-on comprendre que le procès était politisé ?
-Bien évidemment ! Sachez qu'entre le prononcé du jugement de première instance et celui d'appel, le chef du gouvernement, interrogé par une chaîne de télévision à Bruxelles à propos de l'affaire de «Femen», a dit que même s'il y avait une condamnation à un emprisonnement ferme à leur encontre, ils les libéreraient empiétant ainsi sur des prérogatives qui ne sont pas les siennes en interférant dans le pouvoir judiciaire et bafouant un principe fondamental, à savoir celui de la séparation des pouvoirs. Une autre déclaration de sa part nous a, vraiment, choqués et estomaqués, c'était celle qui était donnée dans le même contexte, la vielle du jugement de « Weld el 15 » en appel et où il prétendait être surpris d'apprendre qu'on a mis en prison un artiste et non pas, comme il l'a initialement compris, un voyou qui appelait à l'assassinat des policiers et de leurs familles et à incendier les postes de police. A partir de là, on a senti que l'exécutif s'immisçait dans une affaire courante qui relevait, normalement, du domaine du pouvoir judiciaire et qui était, complètement, politisée d'autant plus que le dossier était vide, vu que les chefs d'inculpation ne s'appliquaient pas à «Weld el 15 » en aucune façon à l'image, par exemple, des articles 125 et 128 qui parlent d'outrage à un fonctionnaire public pendant l'exercice de ses fonctions, un forfait non commis par mon client, puisqu'il n'était pas, physiquement, présent dans un commissariat et que les propos jugés désobligeants qu'il a tenus à l'endroit des policiers s'inséraient dans le cadre d'une œuvre artistique. La définition même d'un vidéoclip c'est un film chanté, ce qui est exactement le cas de « el boulissiya kleb » (les flics sont des chiens) qui n'est aucunement un appel à la haine ; condamner son auteur, c'est comme si on incriminait Al Pacino pour avoir commis des meurtres dans le film « Scarface ».
-L'allègement très sensible de la condamnation, qui est ramenée à six mois d'emprisonnement avec sursis, vous satisfait-il?
-J'ai, personnellement, considéré cela comme une victoire historique, mais il ne faut pas oublier qu'il y a comme même une condamnation. C'est pour cela que j'ai déposé un pourvoi en cassation en vue d'obtenir un non lieu et permettre, ainsi, à tous les artistes de s'exprimer en toute liberté. La préservation de ce droit fondamental est la condition sine qua non sans laquelle il ne peut y avoir de création.
-Cette condamnation n'est-elle pas à comprendre comme étant un avertissement à l'adresse de tous les créateurs qu'on invite, implicitement, à revoir leur manière de concevoir l'art ?
-Il est clair que la création est menacée, les attaques contre les artistes ne connaissent pas de répit, elles se multiplient de plus en plus. Je vous rappelle que, pas plus tard que le weekend dernier, treize d'entre eux ont été condamnés au Kef suite à une représentation théâtrale qu'ils ont donnée devant le public local et où ils étaient attaqués par un groupe de salafistes qui les ont tenus en otage à l'intérieur du théâtre. Les artistes ont, alors, appelé à la rescousse la police qui n'était arrivée qu'après vingt longues minutes pendant lesquelles leur vie était, sérieusement, menacée. Après qu'ils les ont escortés jusqu'au poste de police le plus proche des lieux du drame pour les mettre en sécurité, ils les ont humiliés et leur ont fait signer des procès verbaux où on leur a imputé d'avoir porté atteinte à la pudeur conformément à l'article 226 du code pénal ; et la victime devient accusée. Mais heureusement que le lundi lors de leur comparution devant le procureur de la République, celui-ci qui a décidé de faire revenir le PV au commissariat de police pour d'amples investigations et pour les entendre en tant que victimes et non pas comme des accusés ; ces mesures ont été prises sur la base de la plainte que les artistes ont déposé contre ces salafistes.
-Peut-on dire, selon vous, que ces attaques répétées perpétrées contre les artistes constituent le prélude à la métamorphose de la société tunisienne prêchée par ces fondamentalistes?
-C'est ce qu'on doit comprendre quand on voit, par exemple, les menaces contre Leila Toubel et ce qui est advenu du festival de Boukornine qui est annulé pour la première fois depuis sa création. Il n'y a pas l'ombre d'un doute qu'on essaye de museler les artistes, parce qu'on sait que, dans les démocraties naissantes, les forces du mal commencent, toujours, par s'attaquer d'expression et à la liberté de création. L'art permet, aujourd'hui, aux artistes de s'exprimer et d'aborder des sujets qui étaient tabous sous l'ancien régime, ce qui dérange ces forces nocives qui appréhendent leur savoir-faire avec un regard suspect. Son obscurantisme et leur esprit rétrograde les laissent s'agripper au passé qu'elles tentent de faire ressusciter comme en trompant la vigilance du peuple. Ces forces obscures ne cessent pas d'afficher leur hostilité à l'égard de tout ce qui est beau dans ce pays et ce qu'elles ont fait à « Weld el 15 », l'une des figures emblématiques du rap, en est la parfaite illustration. Ce rap constitue une façon de s'exprimer pour la jeunesse et par la jeunesse, cette jeunesse qui a fait cette révolution dont elle est la gardienne et qui veille sur les acquis du peuple tunisien pour la défense desquels elle n'épargnera aucun effort. C'est pourquoi on essaye de la museler et de l'intimider. Mais toutes ces tentatives seront vouées à l'échec, car elle finira, certainement, par bouger à un moment donné. La jeunesse sera toujours le rempart de notre tunisienneté contre toutes ces vaines et désespérées manœuvres de travestissement.
-Il ressort de ce que vous venez de dire que la justice est encore loin d'être indépendante comme on l'entend dire ici et là. Vous pouvez nous édifier davantage à ce propos ?
- Je pense que ce principe fondamental est, aujourd'hui, bafoué dans tous les sens. La plupart des magistrats essaient de le concrétiser en appliquant strictement la loi, mais d'autres subissent au quotidien des pressions qui laissent apparaître une justice à deux vitesses, une justice de deux poids, deux mesures, une justice enfin de compte injuste. Plusieurs familles tunisiennes ont eu à faire, pendant vingt-trois ans ou plus, à des magistrats malhonnêtes, véreux, qui se sont enrichis à travers des affaires douteuses, où ils ont bénéficié de pots-de-vin, et qui représentent les maillons de la corruption. On vient d'apprendre il y a quelques jours que, parmi la liste des quatre-vingt-deux magistrats mis à l'écart, dix-neuf ont rejoint le barreau de Tunisie. Ils l'ont fait à tort ou à raison ? Je ne peux pas me prononcer là-dessus, mais je trouve que c'est insensé de leur interdire d'exercer la première fonction et de leur permettre la seconde, alors qu'elles sont toutes les deux des auxiliaires de la justice. Pour ce qui est de l'indépendance, on est toujours dans un système où le chef du parquet est le ministre de la justice qui est membre de l'exécutif. La situation ne va pas en s'améliorant puisque que Nadhir Ben Ammou n'a pas encore pris les commandes de son ministère, et que c'est l'ancien garde des sceaux, Noureddine Behiri, actuellement, ministre auprès du chef du gouvernement, qui en garde toujours la direction, paraît-il. L'une des manifestations les plus frappantes de cette dépendance de la justice vis-à-vis de l'exécutif c'est l'affaire Sami El Fehri où les deux décisions de la cour de cassation cassant le jugement de la chambre d'accusation ne sont pas appliquées, ce qui est fantasmagorique. Libérer les ex Rcédistes, les anciens bourreaux de la République et garder Sami El Fehri en prison montre bien qu'il est un prisonnier politique et que la décision est politique.
-Ne voyez-vous pas dans l'appropriation de la chaîne de télévision Ettounsia par l'un des nouveaux notables un complot qui se trame entre ce dernier et le gouvernement contre son vrai propriétaire et sa ligne éditoriale qui dérange les autorités?
-Bien que je ne sois pas bien renseigné sur le dossier, vu que je n'ai pas lu la convention liant la société Cactus à Ettounsia, je suis persuadé que Slim Riahi, ce nouveau notable que vous ne nommez pas, n'a pas besoin de 140 000 dinars, le montant dû, pour couper les programmes sur cette chaîne. Encore une fois, on voit qu'il y a là un sale jeu politique et on sent une odeur fétide s'en dégager pour asphyxier l'atmosphère et la rendre irrespirable. J'espère que cette mainmise flagrante ne se poursuive pas et que Slim Riahi, qui est, rappelons-le, président d'un parti politique, se ravise et revienne à la raison pour permettre à Ettounsia de survivre, cette chaîne professionnelle qui est la plus regardée dans le pays et la plus appréciée par tous les Tunisiens pour sa nouvelle approche journalistique. Et c'est justement ce qui dérange le pouvoir politique qui n'a pas arrêté ses manœuvres en vue d'en faire un moyen de propagande pour sa politique en essayant d'inféoder Sami El Fehri, et face à l'insoumission et à la rébellion de ce dernier, il est passé au plan B par le biais de Riahi. Ces tentatives réitérées constituent des atteintes flagrantes à la liberté de la presse, ce qui est déplorable et fortement condamnable. D'ailleurs, le choix du moment n'est pas fortuit, loin s'en faut, il est dicté par des impératifs d'ordre conjoncturel se ramenant à la crise aigüe qui sévit dans le pays et à la manière de la couvrir et de la négocier par cette chaîne qui a, toujours, assumé un rôle d'éclaireur en dévoilant ce qu'on essaye d'occulter et en jetant la lumière sur les zones d'ombre afin d'aider les téléspectateurs à prendre conscience de leur réalité décevante. Un tel rôle est à craindre par les autorités d'autant plus qu'on est à la veille du mois où l'on enregistre la plus forte audience. Le gouvernement ne comprend pas que cette politique qu'il mène à l'encontre des voix libres ne peut produire que des résultats contraires à l'image de ce qui s'est passé avec « Weld el 15 » dont le vidéo clip était regardé sur You Tube par plus de deux millions et visionné par cinquante mille de plus pendant tous les jours de son incarcération. C'est, exactement, ce qui s'est produit avec Sami El Fehri : les programmes de Ettounsia sont de plus en plus convoitées par le public. Sa politique est vaine.
-Etes-vous de l'avis de ceux qui soutiennent que « Mouvement Rébellion », version tunisienne, n'est que du copier/coller du modèle égyptien et qu'il s'estompera très vite ? Ou bien, au contraire, pensez-vous qu'il finisse lui aussi par obtenir gain de cause ?
-D'abord, « Tamarrod » d'Egypte est unique en son genre, je pense que c'est un mouvement qui n'a jamais existé dans l'histoire de l'humanité, ce n'est un soulèvement populaire ordinaire, ni un coup d'Etat. C'est quelque chose de très original qui va être enseigné dans les sciences politiques et qui constitue, vraiment, un tremblement dans la sociologie politique. On sait très bien que ces jeunes qui ont déclenché le mouvement en avaient assez du gouvernement islamiste des frères musulmans. Il a commencé tout petit comme tous les mouvements sociaux et a fini par devenir gigantesque avec le temps, car il défend une cause juste qui est celle de la Révolution détournée de ses buts initiaux et confisquée par ces islamistes. Le même scénario est en train de se reproduire en Tunisie, vu que les mêmes causes produisent les mêmes résultats. Tout d'abord, je tiens à souligner mon soutien inconditionnel à ce mouvement ; je salue, vraiment, le courage de ces jeunes qui ont décidé de prendre à bras le corps le destin de la Tunisie. Et il faut savoir que ces jeunes coordonnent, étroitement, leur action avec celle de leurs homologues égyptiens. Personnellement, je suis en rapport avec les uns et les autres, les premiers m'ont contacté, dès la constitution de leur mouvement, je reste proche d'eux pour essayer de leur prodiguer quelques conseils utiles. La contestation sociale gronde à travers le pays, car les objectifs de la révolution sont passés aux oubliettes. Cette jeunesse est aujourd'hui convaincue que le débat n'a plus sa place dans l'hémicycle du palais du Bardo et que tous les partis politiques ont échoué. Pour cela, les jeunes de « Tamarrod » proposent la dissolution pure et simple de l'ANC et son remplacement par un comité d'experts chargé de rédiger rapidement une constitution qui garantira le respect des droits de l'homme et des libertés publiques. Alors, j'encourage ces jeunes à continuer leur combat et je rappelle que ce sont les jeunes qui finissent toujours par avoir raison. Ils sont là pour construire une nouvelle Tunisie démocratique et plurielle, je reste convaincu qu'aucune force ne pourra les arrêter et que leur mouvement finira par devenir un mouvement populaire intense et, donc, par l'emporter sur les forces obscurantistes. La victoire reste largement possible, elle sera la nôtre, celle de tout un peuple.
-On a entendu parler de distorsions et de menaces au sein de ce mouvement, si vous nous renseigniez là-dessus, puisque vous en êtes proche.
-Ce mouvement a connu des débuts difficiles comme celui d'Egypte et comme tout autre projet, mais, petit à petit, il commence à se solidifier et on peut dire qu'actuellement il gagne de l'ampleur. Son mérite d'être apolitique qui échappe à l'emprise de tous les partis politiques dont plusieurs ont essayé de le noyauter pour mettre la main dessus sachant, toutefois, que ces derniers ainsi que les syndicats devront le rejoindre à un moment donné quand il aura gagné en dimension. Les tergiversations que ce mouvement a connues au départ étaient, essentiellement, dues aux tentatives intimidantes d'infiltration et aux menaces de la part de quelques forces aussi bien locales qu'étrangères dont des services d'espionnage moyennant des sommes d'argent alléchantes.
-Quelles sont vos impressions concernant les résultats réalisés dans les élections du bâtonnier et des présidents des sections régionales dans votre corps de métier ?
-Avant d'être un vote sanction contre les candidats des islamistes soutenus en grande pompe par leur parti au pouvoir, ces résultats confirment que les avocats ont voulu élire pour leurs instances des représentants indépendants vis-à-vis du pouvoir, des esprits libres et des professionnels dévoués. C'est pour cela que je dis que les avocats ont fait le choix de la raison. Et je voudrais, enfin, remercier mon confrère et mon ami le bâtonnier sortant, Maître Chawki Tebib, qui a un excellent bilan et qui a réussi à assurer des élections démocratiques, sans oublier de souhaiter bonne chance au nouveau bâtonnier, Maître Mohamed Fadhel Mahfoudh.


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