A chaque fois que la Tunisie négocie un prêt (de la Banque Mondiale, du Fonds Monétaire Internationale, ou même la garantie des Etats-Unis), on s'attend toujours à un scénario bien précis. Le gouvernement annonce le succès de ses négociations et l'obtention de ce prêt, crédit ou même une garantie, alors que les négociations ne sont pas encore achevées. On se rappelle bien du lapsus de l'ancien ministre de la Coopération et de l'Investissement qui annonçait que la Banque Mondiale a donné son accord pour le prêt de 500 millions de dinars (troisième tranche). Une information démentie par les responsables de la Banque Mondiale qui ont affirmé que les négociations sont en cours. Le même scénario s'est reproduit avec le Fonds Monétaire international (FMI) lorsque la partie tunisienne s'est précipitée en annonçant l'obtention de ce crédit anticipant l'accord du FMI. Ce même scénario s'est reproduit, également, lorsque la Tunisie a sollicité la garantie américaine pour la levée des fonds sur le marché international. La partie étrangère se trouve de nouveau obligée de démentir les propos recueillis auprès du ministère des finances pour annoncer que les négociations pour l'obtention de cette garantie sont en cours. Encore de l'incohérence! Négociations en cours ! Flash back. Une année plus tôt, plus précisément vendredi 10 juillet 2012, le gouvernement américain a signé un accord relatif à une garantie de prêt accordée à la Tunisie. Une garantie qui a permis au gouvernement de Jebali (ancien premier ministre) de mobiliser environ 400 millions de dollars sur le marché international. Cette garantie permet à la Tunisie de souscrire de nouveaux emprunts sur le marché international. Une année plus tard, à la même date presque, le ministère des finances annonce que les Etats-Unis vont continuer à assurer une partie des prêts tunisiens pour l'année en cours. C'est dire, que le gouvernement américain va encore se porter garant pour la Tunisie qui envisage de recourir au marché international. Une annonce qui vient juste un mois après que les Américains nous ont accordé des aides d'une valeur de 350 millions de dollars dont une partie a été consacrée à la sécurité des frontières tunisiennes. Une annonce qui a obligé Jacob Walles, ambassadeur des Etats-Unis à Tunis à réagir. Dans un communiqué rendu public, les Américains précisent qu'aucune décision n'a encore été prise concernant l'octroi à la Tunisie de garanties de prêts supplémentaires en 2013. Le même communiqué informe que le ministre des Finances Elyès Fakhfakh et l'ambassadeur américain Jakob Walles, ont discuté à l'occasion d'une réunion « privée » tenue le 10 juillet, la demande formulée par le gouvernement tunisien au gouvernement américain pour octroyer des garanties de prêts supplémentaires pour la Tunisie en 2013. La partie américaine n'a annoncé aucune décision. Elle affirme pour dire, que le sujet reste à l'étude par les Etats-Unis, bien que la garantie- américaine- de prêt accordé auparavant à la Tunisie vient concrétiser les recommandations de la réunion du "partenariat de Deauville", lancé en mai 2011, par les pays riches du G8 concernant l'appui à la transition dans cinq pays arabes, dont la Tunisie. Le même communiqué précise que le gouvernement de son pays se réjouit de poursuivre les discussions avec le gouvernement tunisien à ce sujet. Zied DABBAR Pourquoi les USA ? Le passage obligé par l'intermédiaire d'une grande puissance économique dont, la réputation est notoire sur le marché international, pour la levée des fonds, n'est pas un danger, selon des spécialistes en finances internationales. Le recours de la Tunisie à la garantie américaine permettrait à la Tunisie d'emprunter sur les marchés à des taux "légèrement supérieurs" à ceux qui sont consentis aux Etats-Unis, et qui ont parmi les plus bas au monde. Les Etats-Unis qui bénéficient de la note de solvabilité maximale auprès de deux des trois grandes agences de notation, devront ainsi faciliter l'accès de la Tunisie au marché international.