Jeudi dernier, il régnait un air de magie sur la scène du festival international de Hammamet. « Les Voices of Gospel », venus tout droit des USA, dans le cadre d'une tournée de Los Angeles à Madrid, ont fait une escale en Tunisie pour un concert unique à Hammamet. Le public pas très nombreux, dommage, s'est régalé en compagnie de cette troupe de chant spirituel. Guidée par la grande et talentueuse Iris Stevenson, artiste de haute facture et d'une modestie sidérante, « les Voices of Gospel » avec leurs voix chaudes et puissantes ont fait partager leur passion du gospel et du negro-spiritual, ces chants si symboliques, traditionnels ou contemporains, à des spectateurs conquis par leur prestation.
La troupe composée de musiciens et d'une chorale d'environ 20 chanteurs conduite par Iris Stevenson au piano et à la voix volcanique a créé de l'ambiance par des standards auxquels elle a donné un souffle épique. Habillée à l'africaine, la chorale a chanté et dansé sur des rythmes soutenus. Cette musique vocale et sacrée d'inspiration chrétienne est enracinée dans l'histoire des noirs américains. Elle est née chez les esclaves noirs des Etats Unis au XVIIe siècle de la fusion d'éléments provenant de la tradition musicale africaine d'une part et d'éléments luthériens d'autre part.
Souvent on confond le negro spiritual né dans les zones rurales et le gospel mouvement inspiré fortement du jazz et du blues formé dans les ghettos des grandes villes industrielles au sein de communautés ayant quitté la campagne pour la ville. Cette musique plus urbaine est accompagnée d'une orchestration musicale importante, alors que les Negro spirituals sont plus sobres dans leur structure musicale plus classique et interprétés a capella. Mais les frontières entre les deux genres se sont presque estompées au fil des années.
Iris Stevenson poursuit l'œuvre d'Aretha Franklin, l'une des stars mythiques du Gospel qui a intégré des styles plus modernes que le Gospel en reproduisant avec son corps (voix, onomatopées, claquements des mains, de joues etc.) les instruments de l'orchestre. Le Gospel délivre un message optimiste et ancré dans la réalité quotidienne. Il témoigne d'une volonté de tisser des liens étroits, voire familiers entre Dieu et la société contemporaine. Aujourd'hui, le Gospel et le Negro spiritual poursuivent ensemble leur mission. L'un raconte l'histoire et les plaintes des esclaves et l'autre annonce la joie, des paroles divines et d'espérance.
Ceci étant dit, « Les Voice of Gospel » ont enchanté un public ravi et conquis qu'Iris Stevenson a invité à la fin du spectacle après l'incontournable « Oh Happy day » à monter sur scène pour réaliser cette communion que seuls les grands artistes savent faire et Stevenson n'en est pas des moindres. Une soirée estivale admirable. Pour ceux qui l'ont manquée, Stevenson a promis de revenir l'année prochaine.