Elle a enlevé ses chaussures à mi-concert, joué de la batterie et du piano et a fait danser le public sur les airs de l'alléluia. Une soirée exceptionnelle dans un théâtre municipal plein qui lui a fait un triomphe. Elle, c'est l'irrésistible Nicole Slack Jones, l'ex-choriste de Beyoncé. Une sacré bombe musicale qui donne sans compter. Son concert à mi-parcours du festival de la médina compte parmi les meilleurs. Trois musiciens et trois choristes d'enfer accompagnent la chanteuse dans une soirée placée sous la rubrique gospel et blues. Il n'en fallait pas plus pour que cette formation américaine enflamme la bonbonnière qui retrouve ses grands jours. Pas la moindre fausse note. Tout était au top. Les amateurs de musique occidentale, les yeux rivés sur la scène attendent fébrilement l'apparition de Nicole Slack Jones. La tignasse noire abondante, éclatante et très à l'aise, Nicole formule quelques mots en anglais et en français à l'adresse du public, puis entame un show de deux heures rendant hommage à la musique black de Louisiane. Ballade entre Gospel et Soul, des standards connus d'autres le sont moins. L'assistance conquise se laisse guider dans ce voyage musical marqué par l'ombre d'Aretha Franklin. La voix puissante avec de larges étendues, la chanteuse se permet toutes les gammes sans coup férir. Tantôt souple et tantôt rigide, elle passe d'un registre à l'autre avec beaucoup de bonheur ce qui fait vibrer l'ouïe de l'auditoire. Elle jongle avec l'alléluia en la déclinant sous toutes les formes associant aussi les spectateurs qui chantent avec elle mais aussi dansent énergiquement. « Bisous, envie de toi » lance-t-elle presque vers la fin du concert. Un refrain français qu'elle reprend à sa manière tout en douceur. On chavire face à cette interprétation décalée. Puis, elle hausse de nouveau le ton, revient sur son répertoire. L'ambiance est électrique. On danse à un rythme endiablé jusqu'à épuisement. Là, la chanteuse donne un coup de frein en relançant un soul. Tout est étudié et mesuré à l'onde près. C'est ça la musique black. Elle jongle avec les variations donnant l'impression de spontanéité mais il s'agit d'une spontanéité travaillée, rôdée à longueur de représentations. L'illusion-vraie d'une improvisation recherchée à force d'exercices. Une musique désinfectée de toutes les nuisances sonores avérées. Nicole Slack Jones s'est frottée à plusieurs registres musicaux en les marquant de ses propres empreintes. Pleins de créativité et de bon goût, l'artiste et son ensemble instrumental et vocal ont exploré les richesses d'une musique à la fois spirituelle et populaire exceptionnelle offrant, en cette soirée ramadanesque, au public la joie et la bonne humeur. Communicative, Nicole a fait preuve d'une grande disponibilité et de générosité. « Est-ce que je pourrais revenir dans votre pays ?», lance-t-elle en fin de spectacle. Le public en chœur lui répond par un « Oui ». Les liens sont scellés, ils ne se quitteront plus jamais. A bientôt Nicole.