« Il s'est renfrogné et il s'est détourné parce que l'aveugle est venu à lui. Qui te fera savoir. Si peut-être, celui-ci se purifie ou s'il réfléchit de telle sorte que le Rappel lui soit profitable ? Quant à celui qui est riche tu l'abordes avec empressement, peu t'importe s'il ne se purifie pas. Mais celui qui vient à toi, rempli de zèle et de crainte, toi, tu te désintéresses ! Bien au contraire ! Ceci en vérité, un rappel quiconque le veut s'en souviendra. Il est contenu dans les feuilles vénérées exaltées, purifiées, entre les mains de scribes nobles et pures. Que l'homme périsse ! Quelle impie ! » (Il s'est renfrogné. V 1 à 17) Le Prophète Mohamed œuvrait à transmettre les enseignements de l'Islam aux Mecquois, dont les notables qui étaient de riches commerçants et tiraient profit du temple de la Kaâba dont ils étaient les maîtres. La Kaâba érigée par le Prophète Ibrahim était redevenue à cette époque un temple païen, et les rites du pèlerinage étaient en l'honneur des dieux païens, dont les plus réputés étaient « Allat », « Manat » et « Al Ouzza ». Ces notables de la Mecque dont les Abou Soufiane, dirigeaient les rites du pèlerinage. Ils étaient donc des polythéistes invétérés, et ils s'étaient farouchement opposés à Mohamed par tous les moyens ; Comment se fait-il que ce jeune berger, devenu au service de Khadija, avant de l'épouser, ose-t-il s'attaquer à notre religion, en nous demandant d'abandonner nos rites et de renier nos dieux auxquels croyaient déjà nos ancêtres depuis des millénaires ? C'était le raisonnement qu'ils tenaient, refusant en bloc, cette nouvelle religion que le Prophète Mohamed a annoncé après s'être confié à son épouse Khadija, laquelle a été la première à le croire et à le soutenir. Encouragé par cette épouse qui fut pour lui une confidente et une compagne fidèle, il ne désarma pas devant ces Quoraïchites, païens, invétérés, lesquels lui vouèrent de la haine pour son courage et sa détermination. Bientôt, son cousin Ali, encore adolescent, le suivra en se convertissant à l'Islam sans aucune réticence ni opposition. Il y aura également Aboubakr, parmi les plus âgés qui était le premier à se convertir et qui sera son plus fidèle compagnon. Mohamed essayait constamment à convaincre ces hommes de Quoraïch, et pour se faire il n'hésitait à s'entretenir avec eux, dans l'espoir de parvenir à en dissuader quelques uns de continuer à adorer des idoles que leurs ancêtres avaient sculptés eux-mêmes, de leurs propres mains. Des statues censées représenter l'Etre suprême et considérés comme des intermédiaires pouvant lui transmettre leurs vœux et leurs doléances. A travers la Parole sainte d'Allah, Mohamed essayait de leur démontrer que ces idoles ne sont que des amas de matériaux, sans âme, ne pouvant ni écouter ni parler. Il était en train de discuter avec certains notables de Quoraïch quand Ibn Oum Maktoum, vint l'interrompre pour lui demander de lui éclairer certains points à propos des préceptes de l'Islam. Le vieillard, mal voyant était le cousin de Khadija, et il était parmi les premiers à se convertir à l'Islam. Il avait l'habitude d'interpeller le Prophète et ce dernier, n'hésitait pas à le recevoir et répondre à toutes ses questions afin de mieux le guider. Mais, ce jour-là, il était occupé avec les notables de Quoraïch, et ce fut la raison pour laquelle, il s'était détourné sans lui attacher d'importance. Il s'est renfrogné ! Quelle était la raison profonde de son attitude ? Etait-ce par manque d'égard ? A vrai dire, le Prophète n'avait aucune animosité à l'égard de Ibn Oum Maktoum, cousin de son épouse et qui s'était converti à l'Islam sans aucune hésitation ni réticence. Selon certains exégètes, dont le Cheikh Tahar Ben Achour, ce n'était pas des habitudes de Mohamed d'être présomptueux ou de sous-estimer qui que ce soit. Il était en pleine discussion et peut-être, sur le point de convaincre quelques uns parmi ces Quoraïchites récalcitrants. Mais, Ibn Oum Maktoum était arrivé au mauvais moment. Cependant, Dieu lui reprocha son attitude, à l'égard d'un fidèle qui était venu pour se renseigner davantage sur les préceptes de l'Islam. D'autant plus que cela s'était passé en présence de ces Quoraïchites imbus de leur personne et l'attitude du Prophète étant humiliante quand bien même il ne voulut pas offenser Ibn Oum Maktoum. Cette leçon d'humilité, à travers les versets précités est révélatrice à plus d'un titre : Mohamed, n'était qu'un être humain qui pouvait se tromper et reconnaître ses torts. Cela prouve aussi, que Mohamed était sincère, et loin d'être un imposteur comme le prétendaient ses ennemis. Il s'était d'ailleurs ressaisi et le fait d'avoir énoncé ces versets prouve sa droiture, sa sincérité et sa grandeur d'âme. Au-delà de sa personne, ces versets constituent des enseignements utiles aussi bien pour les gens de son époque que pour l'humanité tout entière à toutes les époques.