• La base électorale d'Ennahdha non affectée par les derniers évènements • Kaies Saïed fait une ascension fulgurante • L'ANC est plus appuyée par l'opinion publique que le Gouvernement Depuis l'assassinat de Mohamed Brahmi, la Tunisie se débat dans une crise politique aiguë qui n'est pas prête à se décanter. Des sit-in, des appels à la dissolution de la Constituante et à la démission du Gouvernement s'accentuent d'un jour à l'autre. Des rassemblements auxquels répondent des contre-rassemblements sont organisés avec divers degrés de réussite. La tension et les tiraillements politiques n'ont fait que s'intensifier. Dans cette conjoncture tourmentée comment évolue l'opinion publique ? L'Institut d'études marketing, media et opinion 3C Etudes a réalisé du 27 août au 1er septembre courant sa vingtième vague de son baromètre politique post-élections qu'il avait lancé en janvier 2012. En plus des intentions de vote dans les élections présidentielles et législatives, l'étude a porté sur deux sujets d'actualité brûlante, la dissolution de l'Assemblée Nationale Constituante (ANC) et celle du Gouvernement. A la question est-ce que vous approuvez la dissolution de l'ANC ?, 37% des Tunisiens y sont favorables, 48% sont contre et 15% ne se prononcent pas. La forte proportion de ceux qui tiennent à ce que la Constituante continue à faire son travail, s'explique par la conscience légaliste de beaucoup de Tunisiens qui n'aiment pas se projeter dans le vide et l'inconnu. Cette proportion est plus élevée que celle de ceux qui sont contre la dissolution du Gouvernement qui n'est que de 29%. 23% des Tunisiens sont favorables au départ du Gouvernement. 10% approuvent sa dissolution, amis pas immédiatement et 15% ne se prononcent pas. En cas d'élections législatives, 43% des électeurs potentiels qui ont l'intention de voter sont encore indécis. Ils ne savent pas à quel parti accorder leur voix. Ce taux est identique à celui de Juin dernier. C'est que les évènements qui ont ébranlé le pays en juillet et août ne les ont pas aidés à choisir. Encore une fois, Nida Tounès reste indétrônable, en se maintenant à la première place avec 33,9% des suffrages, avec une légère hausse de 0,3 point. Ennahdha reste en deuxième position avec 30,6% des voix. Non seulement, l'assassinat de Mohamed Brahmi, n'a pas écorché sa base électorale, celle-ci a gagné 0,9 point de plus par rapport au mois de juin. Le Front populaire, tout en demeurant à la troisième place avec 9,7% des voix recule de 0,5 point par rapport au mois de Juin. Il n'a pas récolté davantage de voix après l'assassinat de Mohamed Brahmi, un de ses dirigeants. Le Front populaire avait gagné plus de sympathie après l'assassinat de Chokri Belaïd. Peut-être parce que Mohamed Brahmi était moins médiatisé que Chokri Belaïd. La quatrième place reste entre les mains du courant Al Mahabba (ex Al Aridha) de Hachemi Hamdi avec une baisse de 0,4 point. Il obtiendrait 5,2% des suffrages. Le parti Al-Joumhouri garde sa cinquième place avec 3,5% des voix accusant un recul de 0,7 point par rapport au mois de juin. L'Union patriotique Libre (UPL) de Slim Riahi, est très proche du parti Républicain avec 3,3% des voix, enregistrant une progression de 1,1 point par rapport au mois de Juin. Cette progression peut s'expliquer par l'intermédiation réussie jouée par Slim Riahi pour assurer la rencontre secrète entre Rached Ghannouchi et Béji Caïd Essebsi, le 14 août à Paris. Globalement en cas d'élections législatives, Nida Tounès, Ennahdha et l'UPL, progressent, Al Jabha Chaâbia et le parti Al Mahabba perdent des voix par rapport au mois de juin. Qu'en est-il des intentions de vote en cas d'élections présidentielles ? Tout d'abord 34% des Tunisiens qui comptent aller voter n'ont pas encore déterminé leur choix de la personnalité qu'ils veulent voir à Carthage. La proportion des indécis a augmenté de 3,8 points par rapport au mois de Juin. Béji Caïd Essebsi continue à avoir la faveur des Tunisiens avec 15,2% des voix avec un recul de 0,6 point par rapport au mois de juin. Depuis le mois d'octobre 2012 Béji Caïd Essebsi caracole à la première place. La nouveauté vient de l'ascension spectaculaire de Kaies Saïed, ce professeur de Droit constitutionnel. Il passe à la seconde place avec 4,7% des voix. Il n'était qu'à 0,4% au mois de juin. Il brûle la politesse à Hamadi Jebali, Moncef Marzouki, Ali Laârayedh, Hamma Hammami, Ahmed Néjib Chebbi et tous les autres hommes politiques qualifiés de présidentiables. Il n'appartient à aucun parti politique. Ses interventions télévisées et radiophoniques dont le contenu et le style gagnent ont été pour beaucoup dans la faveur de grandes franges de l'opinion publique. C'est un homme qui a toujours renvoyé dos à dos les partis politiques qu'ils soient dans l'opposition ou au pouvoir. Il remet en cause le système en place appuyé sur l'organisation provisoire des pouvoirs et défend un système politique basé sur les élections dans les communes et délégations suivies par la suite par les régions pour arriver au pouvoir central. Un tel discours a ses adeptes. Hamadi Jebali passe à la troisième place avec 3,9% des voix accusant une baisse de 2,5 points par rapport au mois de juin. Son absence pendant la crise politique que traverse le pays, lui a coûté beaucoup de voix. Moncef Marzouki, fait un retour en occupant la quatrième place avec 3N5% des voix. Il était à seulement 2,1% au mois de juin. Son relatif effacement lors de la crise, l' a-t-il servi ? Ali Laârayedh se trouve à la cinquième place avec 2,6% des voix, le même score que Hamma Hammami. Hammam Hammami, porte-parole du Front populaire était à la troisième place au mois de juin. Comment expliquer ce recul de 1,1 point ?