• Manifestations pour amener les élites politiques à dialoguer Le paysage politique est mortifié par une crise politique prenant l'allure d'une éternité. Le dernier communiqué d'Ennahdha signé par son président Rached Ghannouchi n'a guère emballé. Il n'a pas convaincu l'Union Générale Tunisienne du Travail qui le juge insuffisant et mêlé d'ambiguïté. Le bureau exécutif de la Centrale syndicale s'est réuni hier. Sami Tahri secrétaire général adjoint chargé de l'information, a déclaré, hier sur ExpressFM que «le mouvement Ennahdha n'a pas atteint l'étape de l'accord clair. Ce mouvement a publié un communiqué adressé à l'opinion publique où il dit qu'il est d'accord avec l'initiative. Le mouvement Ennahdha n'a pas dépassé l'étape de l'initiative pour parler de la feuille de route. La feuille de route est à accepter en totalité ou non. Il ne s'agit pas d'établir une autre feuille de route». A l'UGTT ainsi que les autres composantes du Quartet, à savoir, l'Union Tunisienne de l'Industrie, du Commerce et de l'Artisanat (UTICA), la Ligue Tunisienne de Défense des Droits de l'Homme (LTDH) et le Conseil de l'Ordre des Avocats, on considère qu' il ne s'agit plus de parler d'initiatives ou de déclarations générales, le moment est venu pour la concrétisation d'une feuille de route pratique pour sortir le pays de la crise dans laquelle il se débat depuis l'assassinat du martyre Mohamed Brahmi. Sami Tahri a plaidé pour la légitimité consensuelle qui serait, selon lui, la véritable légitimité qui sied le mieux à la Tunisie en cette période de transition, rappelant que le quartet est là pour dissiper les malentendus entre la Troïka et l'opposition et pour garantir la mise en œuvre de tout accord auquel ils peuvent aboutir. Dans son communiqué Ennahdha avait réitéré son acceptation de l'initiative du Quartet pour participer immédiatement au dialogue national sur cette base. Elle appelle toutes les autres parties à dépasser leurs différends par le dialogue et la recherche du consensus qui évite au pays les dangers de la violence et le l'engage sur la voie de l'achèvement de la transition démocratique. Enfin, Ennahdha se dit décidée à faire aboutir l'initiative du Quartet. Tout le problème se pose au niveau de « l'initiative » ou de la «feuille de route». C'est là où les interprétations divergent. Des manifestations pacifiques ont été organisées hier au Kef, Jendouba, Siliana, Mahdia, Sfax et Tataouine. Elles seront suivies par Sousse, Monastir et Béja. Des membres réfractaires de l'Assemblée Nationale Constituante (ANC) ont participé à ces mouvements d'appui à la feuille de route du Quartet. Des slogans scandant la démission du Gouvernement fusaient de toutes parts. Les quatre organisations parrainant le dialogue y ont pris part. Il s'agit de manifestations pacifiques loin d'appeler à la désobéissance civile. Il sera mis fin à ces mouvements dès qu'Ennahdha exprime son accord sur la feuille de route, qui a gagné l'appui de l'écrasante majorité des autres partis politiques. Les partis de l'opposition se sont montrés solidaires avec le Quartet. Ainsi le Comité politique du Front du salut national qui avait tenu, avant hier, une réunion au siège du mouvement Nidaa Tounès, à Tunis, à l'issue de laquelle, a publié une déclaration dans laquelle, il précise qu'après avoir passé en revue la situation générale dans le pays, « notamment après l'échec des dernières consultations politiques, et dans le souci de contribuer à sortir le pays de la crise dans laquelle il se débat à cause de l'intransigeance du mouvement Ennahdha et son refus d'adhérer à la mise en œuvre de la feuille de route proposée à ce sujet, et vu la gravité de la situation économique, sociale et sécuritaire que traverse la Tunisie, le Front du salut national rejette sur la Troïka et principalement le mouvement Ennahdha la responsabilité de l'aggravation de la crise, en raison de son refus des revendications du peuple tunisien et de ses atermoiements répétés». Il rappelle que le gouvernement actuel qui a échoué dans sa direction des affaires publiques, a perdu sa légitimité, notamment après l'établissement de la preuve de sa complicité dans l'assassinat du martyr Mohamed Brahmi. Il estime que le prélude au dialogue est l'acceptation de la feuille de route, sa signature et la participation immédiate à la mise en œuvre de ses clauses. Le Front du salut national soutient les décisions de la commission administrative de l'UGTT et dénonce les menaces proférées à l'encontre de Houcine Abbassi, son secrétaire général. Le Front appelle les citoyens et les citoyennes à s'engager activement dans les actions populaires afin d'obliger la Troïka, et en particulier le mouvement Ennahdha à adhérer à la feuille de route de manière à sortir le pays de sa crise. Jusqu'à quand les Tunisiens vont-ils attendre ? La voie de la sagesse va-t-elle prendre le dessus ? C'est la première fois que les Tunisiens manifestent pour amener à leurs élites politiques à dialoguer. Ils ne le font pas pour des revendications matérielles ou sociales, mais pour un objectif purement politique. Seront-ils entendus ?