Tout a commencé le 22 août dernier, lorsque Klay BBj de son vrai nom Ahmed Ben Ahmed a interprété au théâtre de Hammamet, la chanson de weld El 15, traitant les policiers de chiens « El Boulissia Kleb ». Il a été arrêté avec Weld El 15, à la loge du théâtre où il venait de se produire. Inculpés d'outrage à agent, diffamation et atteinte aux bonnes mœurs, ils ont été relâchés le soir même, pour être convoqués tour à tour par le juge d'instruction. Clay BBJ a comparu en première instance devant le juge cantonal de Grombalia, lequel l'a condamné à 6 mois d'emprisonnement. Interjetant appel, il a comparu hier devant le tribunal de Grombalia (instance d'appel pour les jugements en premier ressort de la justice cantonale). Audience publique, garantie d'un procès équitable C'est dans un souci de mieux garantir l'impartialité du juge, et un procès équitable au justiciable, que le législateur a imposé que toutes les affaires soient jugées en audience publique. Le huis clos est parfois décidé par le juge pour des affaires très spéciales et très choquantes, telles que les affaires dont les protagonistes sont des mineurs, victimes ou coupables soient-ils. Or dans la présente affaire, le tribunal a décidé dans un premier temps que l'audience se passe à huis clos. C'est la raison pour laquelle il a interdit l'accès aux journalistes. Les avocats de la défense ont au cours de leur plaidoirie, insisté auprès du juge afin qu'il renonce à cette décision contraire aux droits du justiciable dont notamment celui de bénéficier d'un procès équitable. Le tribunal s'est retiré pour délibérer sur cette demande qui a été finalement acceptée, et les journalistes ont pu assister à l'audience. Accusations non fondées Me Ghazi Mrabet, un des avocats de la défense nous a expliqué que les charges retenus en première instance contre son client, ne sont pas fondées, l'élément moral, c'est-à-dire l'intention n'étant pas prouvée. La chanson ne constitue nullement une atteinte au corps de cette noble fonction qu'est l'agent de police censé garantir la sécurité et la paix publique. Elle vise seulement ceux qui commettent des abus et qui se soucient peu de l'intérêt général, et ils constituent une infime minorité. Klay BBJ, n'a nullement eu l'intention par cette chanson de proférer des menaces ou diffamer qui que ce soit. C'est une façon de s'exprimer pour un artiste, par images ou par métaphore et qui ne constitue en rien une diffamation au sens du droit pénal. Le tribunal a donc mis fin au cauchemar de Klay BBJ, en décidant de le remettre en liberté. Il ne sert à rien de moisir en prison pour une simple chanson, et cela ne sert pas la liberté d'expression de toutes les façons. Bien sûr, celle-ci a, comme toute liberté des limites, afin de ne pas empiéter sur celle d'autrui. Mais comme dans tout art, la chanson a sa raison que la raison ignore, et c'est ce qui doit militer en faveur de l'artiste.