Dans le cadre de la deuxième édition d'octobre musical d'Hadrumète, nous avons eu l'énorme plaisir d'assister, vendredi dernier sur la belle esplanade du musée archéologique , à un concert tarabique de bonne facture . Il s'agit du spectacle "Holm" (Rêve) de la troupe "Nassim" de musique Arabe de Sousse dirigée par le luthiste Itab Jelaili. Il y a lieu de préciser que la totalité du groupe est composée d'enseignants et étudiants de l'institut supérieur de musique de Sousse. Par ailleurs , Itab Jelaili a annoncé que sa troupe a programmé d'animer, dans le futur, des concerts de manière régulière afin de tenter de permettre à la musique tarabique de retrouver une place qu'elle risque de perdre ne serait-ce que partiellement. Le coup d'envoi du récital fut un Samai dans le Hijaz composé par Itab. Tout juste après , nous avons eu droit au clou de la soirée représenté par la belle interprétation , de la jeune étudiante originaire de Kebili, Rakia Ben Khédija , du chef d'oeuvre de Mohamed Abdelwahab écrit par Ahmed Chawki, "Moudhnaka ghafahou markadouhou". Rakia, qui dispose d'une voix suave , fit alors montre d'une telle aisance, dans l'improvisation, qui en dit long sur ses énormes capacités vocales . Elle confirma de suite en chantant à la perfection une "perle" de Zakaria Ahmed " Ah min gamal el ouyoun". Une évidence, Rakia Ben Khédija est un nom à retenir. C'est le jeune Allèm Aoun qui enchaina, brillamment, avec deux classiques de Mohamed Abdelmottaleb , "Bayâa el hawa rah fin" (Mahmoud Echérif) et "Ennas el moughramine (Kamel Ettawil). Mais pour mieux le juger , nous préférons réécouter Allèm dans une oeuvre tunisienne surtout que nous savons qu'il est un amateur avéré de musique tunisienne et plus précisément de Zied Gharsa. Le morceau instrumental de Itab Jelaili, intitulé "Basmet habibi" (Le sourire de ma bien-aimée, Nahawend puis Bayati), qui constitua un interlude entre les deux parties du concert , nous a permis d'apprécier surtout les solos du violoniste Walid Soufarji et du flûtiste Tarak Chabir . C'est la jeune et charismatique Maroua Fejjari qui gratifia l'assistance d'un autre succès de Abdelwahab (Ahmed Rami) , chanté également par Faiza Ahmed, "Han el wed". Maroua dispose de plusieurs atouts mais nous trouvons qu'elle a tout intérêt ,à l'avenir, à écouter davantage les chansons qu'elle compte reprendre afin de mieux gérer ses improvisations. En jetant un coup d'oeil sur les choix de Itab Jelaili, nous nous rendons compte qu'il se plait dans la difficulté. Dans ce cadre, se place le chant suivant qui n'était autre que le célèbre poème d'Assamatou El Kouchairi "Birouhi telka el ardh" qui fut composé par les frères Rahabani et chanté par le duo de charme Fairouz-Wadii Essafi. C'est à la chorale que fut confiée la tâche d'interpréter cette belle poésie et elle s'en est bien sortie malgré un certain manque d'homogénéité au sein du groupe. Nous avons très rarement assisté à un concert de chants qui se termine par une création instrumentale .C'était le cas vendredi dernier avec le beau morceau, composé dans le Kordi, "Chahr el assal " (Lune de miel) du même Itab Jelaili. L'idée s'est avérée intéressante . En conclusion, le rendez-vous de chants tarabiques avec l'ensemble "Nassim" a été très agréable à suivre et nous sommes persuadés que Itab Jelaili , un musicien universitaire très doué, est bien capable de réconcilier le public avec une musique de qualité sans sacrifier au pseudo-modernisme.