Béji Caïd Essebsi n'a pas mâché ses mots, avant-hier, sur le plateau de Nessma T.V. Allant à l'essentiel, et sans détour, il a pointé du doigt les principaux protagonistes d'une farce burlesque et tragique, laquelle d'ailleurs, a assez duré. Oui, Moncef Marzouki n'a pas été à la hauteur de ses propres ambitions puisqu'il a occupé, très maladroitement, son siège de président de la République et a fait le jeu, avec une complaisance rare, ou une rare complaisance, d'un parti au pouvoir dont l'unique réalisation, qui compte à son actif, c'est d'avoir, laissé brio, mené le pays à sa perte. Et si Caïd Essebsi ne le dit pas en ces termes, tout son discours va en ce sens, lorsqu'il précise, sans équivoque, qu'Ennahdha au pouvoir, a perdu sa légitimité, depuis un an déjà, et qu'elle a démontré, ô combien qu'elle était incapable de sortir le pays de la crise profonde, où elle a largement contribué à l'enliser. Rached Ghannouchi, Hamadi Jebali, Ali Laârayedh et compagnie forment tous le revers d'une même médaille. Et si le langage « diplomatique » exige que Rached Ghannouchi ait été « conciliant » et « compréhensif », à propos de la nécessité du dialogue entre tous les actants de la vie politique tunisienne, acceptant au final, de signer la « feuille de route » du Quartet, et si Hamadi Jebali , tout aussi bien que Laârayedh seraient animés « d'une bonne foi patriotique », qui s'est avérée insuffisante pour contrer les graves problèmes que connaît le pays depuis leur « intronisation », il n'en demeure pas moins que le fin mot de l'histoire aura été ce message, on ne peut plus clair : « Vous avez démontré que vous ne pouviez rien faire, partez parce que justement le destin de la Tunisie ne doit plus reposer entre vos mains ». Quelle serait l'alternative de Béji Caïd Essebsi ? Il a raison de ne pas vouloir dévoiler les cartes qu'il a dans son manche, avant que le chef – provisoire et illégitime – du gouvernement n'ai annoncé, clairement et sans équivoque, à son tour, sa démission. Ainsi, que celle de tous les membres de son gouvernement, sauf que Laârayedh ne l'entend pas de cette oreille, puisqu'il est revenu à la charge, dans un deuxième discours, particulièrement outrecuidant pour menacer de rester à sa convenance n'en déplaise à tous ceux qui attendent avec ferveur son départ, à savoir le peuple tunisien, s'appuyant encore une fois sur le terrorisme qui a bon dos, et vient toujours à point nommé pour retarder l'échéance d'un départ que d'aucuns verraient bien reporté aux calendes grecques. Alarmiste Béji Caïd Essebsi ? « Je demande au peuple tunisien de ne pas perdre espoir, il y a moyen de sortir de ce chaos… », conclura-t-il en substance. Et est-ce qu'on est alarmiste lorsqu'on rappelle que nos forces de sécurité s'en vont à la mort chaque jour, les mains vides, par amour de la patrie sans que les instances, censées être concernées, lèvent le petit doigt pour parer au moins au plus pressé. Les « petits arrangements entre amis » ont assez duré. Et, effectivement, l'Histoire ne pardonne pas…