L'université tunisienne ne cesse de grandir, ses problèmes aussi. Ils sont, actuellement, plus de 360.000 étudiants à suivre leurs études supérieures dans près de 200 établissements universitaires. Ils sont encadrés par près de vingt mille enseignants, toutes catégories comprises. La gestion de l'université ne se limite pas au suivi de la formation académique fournie aux étudiants, elle englobe, aussi, le transport, l'hébergement, la restauration et, même, les loisirs de ces jeunes. Elle touche, également la gestion de carrières des enseignants dont une bonne proportion fait, encore, partie de la population estudiantine en tant qu'étudiants chercheurs, doctorants ou postulant à des titres plus avancés. Chaque segment de ce domaine complexe, qu'est la vie universitaire, exige son propre diagnostic et un programme d'action qui lui est approprié.
* Les bourses uniquement pour les familles « smigardes », Les foyers universitaires limités pour une seule année, une restauration qui laisse à désirer, une communication très déficitaire de l'information et, cerise sur le gâteau, l'absence d'un véritable organisme représentant les étudiants pour les aider à rechercher des solutions. L'UGET s'est réduite à une coquille vide où s'éternisent les querelles politiques. Or, si les institutions du ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de la Technologie gèrent les diverses problématiques de la manière qu'elles jugent opportunes, les étudiants ne disposent pas d'autres voies - autre que l'administration - pour présenter leurs recours concernant des problèmes particuliers. Cette situation d'absence de structures efficaces représentant les étudiants est un véritable handicap entravant la recherche des solutions les plus appropriées. Un organisme estudiantin, bien implanté dans les établissements universitaires, aurait constitué une cheville ouvrière qui participerait activement à la recherche de solutions aux divers tracas quotidiens qu'ils soient académiques, matériels ou autres.
L'état des lieux Un constat d'ensemble laisse, d'emblée, l'impression que les réserves, voire l'anxiété, rongent toujours les familles à la veille de l'affectation de leurs enfants bacheliers. Ils attendent, certes, les résultats de l'orientation mais, ils craignent surtout les charges d'une éventuelle affectation loin du bercail familial. En supposant qu'il habite un foyer universitaire, un étudiant nécessite, au moins, cent vingt dinars, mensuellement, entre hébergement, restauration, transport et frais divers de scolarité. Sa première installation revient à près de trois cent dinars, entre inscription, abonnement de transport, fournitures scolaires et un minimum vestimentaire digne d'un étudiant, acheté même à la friperie. Ceci du côté des familles, quant aux étudiants, eux-mêmes, la situation actuelle montre qu'ils ne retrouvent, actuellement, que leurs familles, ou leurs amis, pour leur venir en aide à trouver des solutions aux divers problèmes courants rencontrés à l'université. D'ailleurs, c'est ce qu'ils ne cessent d'affirmer lorsque nous les avons rencontrés. Interview.
Samy, étudiant à l'ENIT: « Un nouveau se sent livré à lui-même. Heureusement qu'il y a la famille et les amis. » Cet a été, d'ailleurs, hésitant à oser exposer son point de vue. Il dit vouloir éviter les possibles réactions, aussi bien celles de ses camarades que de l'administration. Il a fini par parler : « Chacun de nous a, certes, sa petite idée de l'université. Mais, il y a toujours une différence entre la théorie et la pratique. En effet, il y a une certaine crainte à vivre une nouvelle expérience avec ce qu'elle comporte d'inconnus. Toutefois, ce qui m'a choqué réellement, c'est l'absence de communication. Les nouveaux ne trouvent personne pour les encadrer. En cas de pépin, et ils sont nombreux, tu n'as pas chez qui t'adresser pour le résoudre. L'administration est, à la fois, juge et partie. C'est elle qui prend la décision et c'est elle aussi l'autorité de révision de cette décision. Par exemple, si ta demande d'hébergement est refusée, tu dois présenter ta requête, de nouveau, à l'ONOU pour un éventuel réexamen. Et là, tu ne risques pas d'avoir de réponse écrite autre que le refus. Tu dois taper aux portes des directeurs de foyers pour une éventuelle place vacante. Les étudiants n'ont pas de représentants qui défendent leurs causes. L'UGET, tout comme les RCDistes, se rappelle de notre existence à la veille des élections des représentants des étudiants au conseil scientifique. Les structures de l'UGET sont recroquevillées sur elles-mêmes. Elles n'essaient pas de se rapprocher des étudiants et contribuer à la résolution des problématiques posées. Elles n'anticipent surtout pas et n'ont pas de véritable programme d'action. Nous avons attendu leur réaction par rapport à la réforme « LMD » mais rien ne nous est parvenu. Pourtant, cette réforme risque de transformer le paysage universitaire. Donc, les étudiants souffrent de l'absence d'un véritable vis-à-vis de l'administration pour transmettre leurs propositions et leurs points de vue. Je ne suis pas vraiment approfondi dans l'étude de l'histoire de l'UGET et de ses problématiques. Mais, je suis conscient qu'elle n'est pas, actuellement, en train de jouer le rôle qui est sien. Il faut que les divers clans arrêtent de se chamailler et s'intéressent à nos véritables problèmes quotidiens. Nous n'avons rien contre le fait qu'ils soutiennent la cause palestinienne, ou irakienne, mais, il est nécessaire qu'ils dépassent les slogans en matières des problématiques quotidiennes des étudiants. Je n'ai pas vu des débats sur les conditions d'octroi de la bourse, sur la nature et la qualité de la restauration, sur la mobilité dans le régime « LMD », sur l'état des bibliothèques, sur l'absence de documentation, sur l'état dans les foyers, sur les dépassements dans les foyers universitaires privés,... Et la liste est longue. Ce sont les véritables problèmes de l'université, à côté de son rôle dans l'édification économique et sociale. L'université a un double rôle, intérieur et extérieur. Or, rien de ceci n'a été fait. On se limite à nous arroser de slogans. Nous espérons que les prochaines générations d'étudiants ne se sentent pas délaissées, comme nous le ressentons de nos jours. »