Lors de son dernier congrès, Al-Massar a de nouveau réitéré son attachement indéfectible à l'Union pour la Tunisie (UPT) pour les prochaines élections, et ce en dépit de la défection de Nida Tounès, tout en cherchant à la consolider par l'apport d'autres adhésions. En même temps, il a appelé à trouver des mécanismes de coordination avec toutes les forces démocratiques, telles que Nida Tounès, le Front populaire, l'Alliance démocratique...Cette coordination concerne les observateurs, les contrôleurs, les rendez-vous électoraux. Enfin, une innovation pour Al-Massar qui appelle les forces démocratiques et modernistes à anticiper avant les élections, un programme, une sorte de feuille de route de gouvernement qui sera proposé aux Tunisiens, même si elles se présentent séparées. Dans le cas où les urnes prononcent leur victoire, ces forces formeront ensemble le prochain gouvernement. Plus qu'un pacte de non agression, lors de la campagne électorale, la proposition d'Al-Massar ressemble sur beaucoup de traits à une véritable union, sans être obligés de porter les mêmes couleurs, ou d'aller aux élections sous le même étendard. Elle laisse une marge de manœuvre aux partis tout préparant sur des bases solides l'après élections. Est-ce une forme d'utopie ? Est-ce réaliste ? Ridha Belhaj, Directeur exécutif de Nida Tounès, juge que l'idée d'Al-Massar est bonne. Il déclare au Temps : « c'est le meilleur moyen de rassembler des forces qui croient au même modèle sociétal, moderniste. La coordination est nécessaire dans l'opération électorale pour garantir des élections transparentes, intègres et irréprochables. Un accord peut être trouvé sur un programme de gouvernement avant d'aller aux élections. L'idée est à débattre. L'alliance ne se limite pas uniquement à entrer aux prochaines élections dans des listes communes. L'unité peut se faire dans le cadre de la campagne électorale, dans l'observation et le contrôle du déroulement du scrutin dans les bureaux de vote. La coordination est possible pour un programme commun majoritaire. Le contrôle de l'action de l'Instance Supérieure Indépendante des Elections (ISIE) nécessite de la coordination. L'action de l'ISIE ne fait pas l'unanimité. Un recul est constaté et déploré. Beaucoup de choses font défaut au travail de l'instance électorale. Ses défaillances nécessitent une coordination entre les forces démocratiques ». De son côté Mohamed Kilani, secrétaire général du Parti Socialiste (PS), un des membres fondateurs de l'Union pour la Tunisie est dépité. Il estime que les choses ne sont pas encore mûres. Il déclare au Temps : « pour former des listes communes, il n'y a pas eu accord. De là à parler de programme commun à établir avant les élections, c'est aller un peu trop vite en besogne. C'est une forme de propositions imaginaires qui rappellent celles du Front populaire qui parle de propositions qui unissent toutes les parties. Il faut commencer par balayer devant chez soi et s'engager plus loin après. Au sein de l'UPT , la question de la participation aux prochaines élections dans des listes communes ou dans des listes séparées a tout chamboulé. La question de l'ordre des prochaines élections, les législatives avant ou la présidentielle, n'a pas été discuté au sein de l'UPT. Parler aujourd'hui de programme commun de gouvernement est prématuré. Quant à la coordination dans les bureaux de vote, elle est possible ».